3ème République – Le début

1. Contexte…

1.1 1870-1900 la 3e République, un régime sans Constitution

La IIIe République, proclamée le 4 septembre 1870, était encore en mai 1871, après les événements de la « Commune », avec des institutions provisoires et un chef du pouvoir exécutif, élu par les membres de l’Assemblée nationale constituante.

Cette Assemblée élue le 8 février 1871, pourtant très majoritairement composée de députés « royalistes » avait pourtant élu le 17 février 1871, Adolphe Thiers, responsable du pouvoir exécutif, alors que celui-ci, « libéral » était en phase de rejoindre les « Républicains conservateurs ».

La présence de nombreux députés « royalistes » à l’Assemblée permit un retour ponctuel du cléricalisme, de 1871 à 1875. Probablement l’une des raisons pour lesquelles, la construction de la basilique du Sacré-Coeur, en vue d’expier les crimes commis pendant la Commune et plus précisément ceux commis depuis un siècle, fut possible et encouragée.

Les députés « royalistes » étaient toujours divisés entre légitimistes et orléanistes. Les factions de la gauche, allant des « républicains » à la gauche « radicale » étaient aussi très divisées. Les députés « conservateurs » ou « modérés » permirent la gestion de la transition après la guerre de 1870, mais les divisions profondes entre eux vont générer des modes de gouvernance contradictoires, jusqu’au conflit de 1914.

Le 31 août 1871, Adolphe Thiers, grâce à la loi Rivet, devient le premier président de la IIIe République française. Le député Jean-Charles Rivet avait été mandaté par l’Assemblée nationale constituante pour rédiger les textes des institutions provisoires, en attendant la Constitution de la IIIe République.

Le 2 juillet 1871, aux élections législatives partielles, 99 députés républicains furent élus, sur les 114 postes à pourvoir. Les régions concernées avaient validé le retour de la République, de la paix et de la liberté des cultes, mais pour combien de temps ?

Le 13 novembre 1872, Adolphe Thiers, qui avait rejoint les « républicains conservateurs » avait déclaré devant l’Assemblée : « La République existe, elle est le gouvernement légal du pays ; vouloir autre chose serait une nouvelle révolution et la plus redoutable de toutes ».

Le 15 mars 1873, l’indemnité de guerre, réclamée par le chancelier allemand, Otto von Bismarck, était enfin payée par la France. Ainsi, la convention d’évacuation de l’armée allemande du territoire français put être signée. Adolphe Thiers, alors président de la IIIe République, porta le surnom de « libérateur du territoire ».

Le 28 avril 1873, lors des élections législatives partielles, Désiré Barodet, républicain et franc-maçon, fut élu député de la Seine, contre le candidat du gouvernement, Charles de Rémusat. Paris venait d’élire à ce poste de député un réactionnaire profondément anticlérical, ce qui sema l’épouvante dans les rangs de la droite à l’Assemblée. En réaction à cette élection, les trois courants monarchistes de droite (légitimistes, orléanistes, bonapartistes) formèrent une coalition autour du duc Albert de Broglie, orléaniste et catholique libéral.

Le 19 mai 1873, le duc Albert de Broglie invita le gouvernement sur la nécessité de valider une politique « résolument conservatrice ». Adolphe Thiers répliqua par un plaidoyer en faveur de la République, « ce régime qui nous divise le moins ».

Le 24 mai 1873, l’Assemblée rejeta la confiance au gouvernement par 360 voix contre 344. Adolphe Thiers perdit son poste de président de la République. L’Assemblée désigna à sa place le maréchal et duc de Magenta, Patrice de Mac Mahon (légitimiste). Mac Mahon, sans véritable compétence politique, confia au duc de Broglie (orléaniste) la direction de son cabinet (Conseil), composé de représentants des trois droites monarchistes.

Le poste et les fonctions de président du Conseil n’étaient pas encore clairement définis. Celui-ci, en plus d’être ministre, avait pour  seule responsabilité de diriger les réunions des ministres, réunis autour du président de la République. Il faudra attendre 1934, pour voir un budget et une résidence (l’hôtel Matignon) qui lui seront confiés.

 

1.2 Soubresaut royaliste et échec au roi

Sous la présidence du maréchal de Mac Mahon, le régime dit de « l’Ordre moral » se mit progressivement en place. Les grandes lignes de sa politique furent données lors de son premier message à l’Assemblée : « Avec l’aide de Dieu, le dévouement de notre armée qui sera toujours l’esclave de la loi, l’appui de tous les honnêtes gens, nous continuerons l’œuvre de libération du territoire et le rétablissement de l’ordre moral dans le pays ».

Une nouvelle fois, les 400 députés « royalistes » qui se divisaient entre partisans du petit-fils de Charles X, le comte de Chambord (182 légitimistes) et partisans du comte de Paris (214 orléanistes), ont tenté de trouver un accord durable.

Le 5 août 1873, la couronne de France fut offerte, dans un premier temps, au comte de Chambord, le futur potentiel roi Henri V. Or celui-ci n’avait pas de descendance, c’est pourquoi l’accord prévoyait que la couronne reviendrait au comte de Paris, à la mort du comte de Chambord alors roi de France. Les deux parties s’étaient entendues sur ces conditions et, au plus haut niveau de l’État, on se préparait au retour de ce roi sur le trône de France.

Le comte de Chambord, âgé de 53 ans, émigré à l’étranger depuis sa petite enfance, ne connaissait pas vraiment la France et avait une vision tronquée de la situation. Contre toute attente, le comte de Chambord les déçut tous.

Il rendra caduc cet accord entre royalistes, par son obstination naïve et impossible de vouloir rétablir le drapeau blanc, emblème de la Restauration, au détriment du drapeau tricolore français. Ce souhait du potentiel héritier « légitimiste » n’était pas acceptable par les « orléanistes ».

Les « royalistes » ont alors perdu, en octobre 1873 et pour longtemps, toute possibilité de replacer un roi sur le trône de France. C’est pourquoi, un grand nombre d’entre eux, issus des « orléanistes » et des « bonapartistes » ont intégré progressivement les rangs de la bourgeoisie. Ils deviendront des « républicains conservateurs » ou des républicains de gauche « radicale ».

Ce schisme au sein des « royalistes » a entraîné une progressive, mais profonde mutation, dans la composition de la République. Cette dernière, après 1876, n’était plus uniquement composée d’une droite essentiellement « royaliste » et d’une gauche « modérée » ou « radicale » mais aussi, de républicains, « conservateurs », « libéraux », « modérés » ou « opportunistes » qui provenaient d’une « droite », qui n’avait plus d’avenir.

La conséquence sera traduite dans les urnes par un renforcement sensible du nombre de « républicains » au détriment d’une « droite » progressivement très affaiblie, voire inexistante au sein du pouvoir et ce, jusqu’au 21e siècle.

 

1.3 Les évolutions nécessaires du régime de la 3e République

Jean Sévillia, grand historien de référence du Roman national, nous indique, dans son ouvrage « Histoire passionnée de la France » de 2013, aux Éditions Perrin, combien la IIIe République apporta, entre 1871 et 1914, les soubresauts permettant de clore enfin la Révolution de 1789 :

« L’effondrement du Second Empire a libéré des antagonismes mis sous le boisseau pendant vingt ans. Monarchistes contre républicains, conservateurs contre libéraux, catholiques contre anticléricaux : les clivages qui ressurgissent après 1870 procèdent de la Révolution française. Celle-ci est-elle terminée ? Faut-il la continuer, l’interrompre, l’achever ? Les régimes postérieurs à la Révolution – Consulat, Empire, Restauration et monarchie de Juillet – ont tous accepté son héritage, tout en conservant une part de l’ancienne France. Il appartiendra à la IIIe République, jusqu’à la Première Guerre mondiale, de clore ce cycle en liquidant dans les institutions et la société ce qui subsistait de l’Ancien Régime. Le grand choc de 1914, ensuite rebattra les cartes, donnant naissance à un nouveau monde. ».

 

2. 1870-1900 3e République. La République des ducs

Difficile d’imaginer cette situation au 21e siècle, mais cela aurait été sans doute aussi inimaginable lors de la proclamation de la Première République, en 1792. Oui, en 1873, nous sommes bien sous le régime de la IIIe République et pourtant le président de cette République, tout comme le président du Conseil, sont des ducs de l’ancienne aristocratie. Pis encore, la grande majorité des députés élus de l’Assemblée sont des « royalistes ». Mais où sont donc passés les « républicains » ?

Par la loi du « Septennat » du 20 novembre 1873, le mandat de Mac Mahon fut fixé à sept ans. Ici commença la « République des ducs » selon l’expression de Daniel Halévy, historien et essayiste français, décédé le 4 février 1962, à Paris. Pourquoi sept ans pour le mandat du président de la République ? Ce choix fut le fruit d’un marchandage entre « royalistes » avec d’une part Mac Mahon qui souhaitait un décennat et la Chambre qui proposait un quinquennat.

Cette loi fut complétée de l’amendement d’Henri Wallon, voté le 30 janvier 1875, par l’Assemblée nationale. Celui-ci prévoyait que le président de la République soit élu pour un mandat « renouvelable » de sept ans, à la majorité absolue des suffrages des deux Chambres (le Sénat et la Chambre des députés).

Le Sénat fit alors son apparition dans l’organigramme des institutions, par cette loi constitutionnelle. Les membres du Sénat (300 et futurs sénateurs) étaient élus au suffrage universel indirect et représentant les communes de France. Les députés de la Chambre étaient élus au suffrage universel direct.

L’amendement Wallon, approuvé en janvier 1875, deviendra la première loi « constitutionnelle » de ce régime dans lequel, le retour d’un roi sur le trône était devenu improbable et le retour à une République « révolutionnaire » non souhaitable. Cette loi « constitutionnelle » modifia profondément les instances du régime de la IIIe République, qui passa de « provisoires » à « droit de fait ».

Si le pouvoir « exécutif » dépendait du président de la République, aidé par le président du Conseil et son gouvernement, le pouvoir « législatif » de l’Assemblée nationale était maintenant entre les mains de deux Chambres, au lieu d’une seule, avant cette modification.

Finalement, ce fut le chemin d’un « régime parlementaire » qui fut mis en place, avec un gouvernement responsable devant le parlement (les deux Chambres) et un président de la République qui a l’initiative des lois, le droit de dissolution de la Chambre des députés, la direction des armées et la nomination des fonctionnaires.

Le but « non-avoué » des royalistes était de conserver la possibilité de remplacer le président de la République par un roi, pour obtenir un régime d’une « monarchie parlementaire ». C’est à partir de ce moment que les trois sensibilités de droite tentèrent de « jouer » leur partition. Celles-ci vont progressivement se disloquer, voire s’opposer, permettant ainsi de laisser progressivement la place à l’opposition de gauche républicaine.

Ce régime parlementaire de la IIIe République ne changera plus jusqu’en 1940.

 

3. 1870-1900 3e République. La République des républicains

3.1 La fin de la présidence Mac Mahon

Le résultat des élections législatives de 1876 changea profondément la donne. Si au Sénat, les « conservateurs » et « libéraux » disposaient encore d’une courte majorité, la Chambre des députés basculait vers l’intégration d’une gauche largement majoritaire. Sur les 533 postes de députés à la Chambre, les trois partis « royalistes » n’ont obtenu que 140 sièges contre 54 pour les « modérés » et 339 pour les « républicains » et le centre gauche.

Le président de la République Mac Mahon fut contraint de tenir compte de ces élections et nomma le 12 décembre 1876, Jules Simon, franc-maçon, de la « gauche républicaine » à la présidence du Conseil.

De fait, cette fois, ce fut le tour des « républicains » comme Léon Gambetta, Jules Ferry et Jules Grévy, de se quereller pour le pouvoir de plaire à la Chambre des députés et obtenir la présidence du Conseil.

Évidemment, les relations entre le président de la République Mac Mahon et Jules Simon, docteur en philosophie et républicain convaincu, furent de plus en plus tendues. Le 16 mai 1877, Mac Mahon, suite à un désaccord avec Jules Simon, le poussa à la démission.

La crise s’amplifia lorsque, pour remplacer Jules Simon, le président de la République fit appel, à nouveau, au duc Albert de Broglie. Ce qui braqua la Chambre des députés, qui refusa d’accorder la confiance, à ce ministère. Mac Mahon, qui ne voulait absolument pas faire appel à Léon Gambetta et aux « radicaux », confirma son choix, avec l’accord du Sénat. Pour débloquer la situation, Mac Mahon limogea la Chambre des députés, en faisant appel à de nouvelles élections législatives.

À l’extérieur du champ « politique » depuis une dizaine d’années, une crise profonde d’anticléricalisme face à un cléricalisme ouvertement affiché faisait « rage » dans la société. Cette crise ouverte était exacerbée, de part et d’autre, avec notamment l’augmentation sensible du nombre de francs-maçons convaincus au sein de la Chambre des députés. Ces derniers, fermement contre l’Église et ses représentants, s’opposaient aux ultramontains convaincus par le dogme de l’infaillibilité pontificale.

Le 14 octobre 1877, aux élections législatives anticipées, sur 521 sièges, les « républicains » obtinrent 313 députés et 208 pour la « droite » dont 104 pour les « bonapartistes ».

Le résultat de ces élections obligea le duc de Broglie à démissionner. Le président de la République nomma à sa place un « légitimiste » Gaëtan de Rochebouët. Celui-ci fut contraint de démissionner le mois suivant, suite au vote de la Chambre du 24 novembre 1877, lui refusant la confiance. Il fut remplacé le 13 décembre 1877, par Jules Dufaure, avocat, de « centre gauche ». Ce dernier assuma la présidence du Conseil jusqu’au 30 janvier 1879.

En janvier 1879, l’évolution de la composition du Sénat obligea le maréchal de Mac Mahon à démissionner le 30 janvier 1879 de la présidence de la République.

 

3.2 La présidence de gauche « modérée » avec Jules Grévy

Le résultat des élections des deux Chambres porta à la présidence de la République le 30 janvier 1879, Jules Grévy, franc-maçon et ancien avocat, « républicain modéré » issu de la haute bourgeoisie parisienne. Celui-ci, réélu le 28 décembre 1885, après son premier septennat, resta président de la République jusqu’au 2 décembre 1887.

 

Jacques Bainville, l’un des premiers grands historiens de référence du Roman national, dans son célèbre livre « Histoire de France » de 1924 aux Éditions Larousse, disait de Jules Grévy en janvier 1879 : « Jules Grévy fut élu. Il le fut surtout contre Gambetta et les radicaux. Avec lui s’installaient la grande bourgeoisie républicaine, les gens de loi et les gens d’affaires. Sa première déclaration fut pour annoncer une politique libérale et vraiment conservatrice ».

En janvier 1879, après la présidence de la République, le Sénat, la Chambre des députés et donc le gouvernement ont finalement basculé à gauche. Les « républicains » ont définitivement remplacé la « droite » jusqu’en 1940.

Jules Grévy, nouveau président de la République, sans doute sous l’influence de son entourage et de l’épisode de la dissolution de la Chambre par Mac Mahon, annonça officiellement qu’il ne dissoudra jamais la Chambre durant son mandat.

Cette décision irresponsable, partant probablement d’une bonne intention, va affaiblir sensiblement le pouvoir du président de la République mais aussi du gouvernement, face à un parlement « sans contre-pouvoir ». Cette décision, qui fera date, affaiblira la République en général, jusqu’en 1940.

Voilà un président de la République qui n’aimait pas les fastes et les réceptions. C’était déjà un président qui voulait être un « président ordinaire », « normal » avait dit un autre président en 2012, lui aussi de gauche « modérée », avec une impéritie certaine, une médiocre indolence et une inconvenante absence de savoir-vivre.

Ce qui marqua indéniablement le début du mandat de Jules Grévy, fut sa détestation du cléricalisme et son hostilité affichée envers l’Église catholique. Il partageait ces rejets viscéraux avec Georges Clemenceau, pourtant député de « l’extrême-gauche » et opposant radical.

Cette gauche au pouvoir a échafaudé le retour des symboles liés à la révolution de 1789. À l’approche du centenaire de la révolution, le gouvernement a adopté la « Marseillaise » comme hymne national officiel et le 14 juillet, la date de célébration de la révolution. Pour la première fois, le 14 juillet 1880, le pays célébra la fête nationale. D’autre part, Jules Grévy fut à l’origine de la loi de 1881 sur la liberté de la presse.

De même, les institutions quittèrent Versailles et rejoignirent Paris pour prendre leur « noble » quartier, qu’elles ne quitteront plus durant les deux siècles à venir.

La présidence de la République se réinstalla au palais de l’Élysée, le Sénat s’installa au palais du Luxembourg et la Chambre des députés au Palais-Bourbon. Le président du Conseil n’était pas en reste, il fut lui aussi logé « noblement » et « gracieusement » à l’hôtel de Lassay, véritable « petit Élysée ».

Tout un symbole qui perdurera et qui démontra l’omniprésence de la haute bourgeoisie, pourtant résolument affichée de « gauche », confortablement installée au sein des institutions de la IIIe République.

En refusant finalement de « gouverner« , Jules Grévy remit implicitement le pouvoir « exécutif » entre les mains du gouvernement et plus précisément, entre celles du président du Conseil. Énorme paradoxe car en effet, les fonctions et pouvoirs du président du Conseil n’étaient toujours pas clairement définis.

C’est pourquoi, à partir de cette date, ce fut le président du Conseil, nommé par le président de la République, qui « dirigeait » le pays, avec tous les risques et déviances possibles, liés à ses motivations politiques. Pas moins de 12 présidents du Conseil se succédèrent, certains plusieurs fois, sous la présidence de la République de Jules Grévy.

Parmi les 12 présidents du Conseil qui se sont succédé, on peut citer les plus connus comme Jules Ferry du 23 septembre 1880 au 10 novembre 1881, puis du 21 février 1883 au 30 mars 1885 et Léon Gambetta du 14 novembre 1881 au 26 janvier 1882. On notera, par exemple, Charles de Freycinet, qui fut 4 fois président du Conseil mais aussi, membre en tant que ministre, de 10 gouvernements.

Jules Grévy fut contraint de démissionner le 2 décembre 1887, de son second mandat de président de la République, suite au scandale des décorations impliquant le général Louis Charles Caffarel, de l’état-major et surtout son gendre, le député d’Indre-et-Loire, Daniel Wilson.

Hélas, déjà à cette époque, la « gauche » tout comme la « droite » n’était pas irréprochable. Elle était souvent à l’origine de quelques scandales, dans certaines affaires illégales et au plus haut niveau de l’État.

Jules Grévy fut remplacé le 3 décembre 1887 par Sidi Carnot, un républicain « modéré ». Sadi Carnot fut le 4e président de la IIIe République et ce jusqu’au 25 juin 1894, date de son assassinat à Lyon, par un anarchiste italien, Sante Geronimo Caserio.

Sous la présidence de la République de Jules Grévy, le président du Conseil Jules Ferry, issu lui aussi de la grande bourgeoisie, ancien avocat, franc-maçon, républicain « modéré » et anticlérical notoire, fut l’initiateur de la révolution « laïque ». Il œuvra, à la Chambre des députés, toujours contre l’Église et la « droite » mais souvent au profit de la banque et de l’industrie, ses principaux alliés. Comme quoi, on peut s’afficher de « gauche » tout en travaillant au profit de la finance et des patrons.

Dans une des lois de 1881, Jules Ferry a étendu la gratuité de l’enseignement primaire, déjà mise en place sous l’Ancien Régime et en 1882, par un décret, il rendit l’obligation de l’enseignement et la laïcité de l’école publique.

Malheureusement, les quelques efforts pour rendre les lycées gratuits furent vains ; ceux-ci restèrent encore sous la IIIe République, un privilège des riches. Comme son mentor, Jules Grévy, président de la République, Jules Ferry, tenait fermement à « chasser » l’Église hors du milieu scolaire.

À cause de certaines lois « Ferry » visant à réduire, voire interdire, l’activité d’instruction scolaire par des membres de l’Église, plus de 261 couvents furent fermés et 5.643 religieux expulsés de France.

Les congrégations religieuses, dans lesquelles enseignaient des milliers de membres du clergé (jésuites, diocésains, etc.), entretenaient plus de 13 000 écoles primaires, 124 collèges, deux universités, plusieurs dizaines de lycées, plusieurs centaines d’orphelinats et d’hôpitaux. En 1877, des établissements religieux d’enseignement secondaire scolarisaient plus de 70 000 élèves et près de 80 000 lycéens. 95% des écoles pour filles étaient détenues par des religieux.

La République devra, à Jules Ferry, plusieurs lois qui ont structuré notre espace démocratique et l’organisation des municipalités. Des lois comme celle de 1881 sur la liberté de la presse, celle de 1884, sur la liberté syndicale ou celle du 5 avril 1884, qui instaura un régime juridique uniforme pour toutes les communes de France (élection du conseil municipal au suffrage universel, désignation du maire par ce conseil municipal).

 

Jean-Christian Petitfils, grand historien de référence du Roman national, disait à juste titre de cette époque, dans son livre célèbre « Histoire de la France, le vrai roman national » de 2018 aux Éditions Fayard : « Les ministères se succédaient dans une grande instabilité – pas moins de 52 gouvernements et 279 ministres de 1875 à 1914 -, cachant en réalité sous cette folle sarabande une grande permanence dans le personnel politique : toujours les mêmes têtes, partageant la même culture et les mêmes amitiés, qui s’échangeaient maroquins et sous-maroquins, à la lassitude grandissante de l’opinion ! ».

 

3.3 La présidence de gauche « modérée » avec Sidi Carnot

Le 3 décembre 1887, nous sommes au milieu de la IVe législature de la IIIe République, lorsque Sadi Carnot, âgé de 50 ans, issu de la grande bourgeoisie, polytechnicien, diplômé de l’École nationale des ponts et chaussées et républicain « modéré » succéda à Jules Grévy.

Ce dernier, 3e président de la IIIe République, fut démissionnaire, contraint pour cause de scandale, dans lequel son gendre était directement impliqué.

Le nouveau président de la IIIe République fut rapidement confronté à deux problèmes majeurs. Le premier, d’ordre « politique » avec la montée de l’antiparlementarisme, les succès électoraux du « boulangisme » et les différents attentats, de quelques anarchistes. Les trop nombreux scandales qui ont fleuri au plus haut niveau de l’État, dès les débuts de la IIIe République, ont amplifié les mauvaises opinions dans le public sur les « politiciens corrompus » de différents gouvernements.

Le second problème, plus compliqué à gérer, proviendra d’un nouveau scandale crapuleux, au plus haut niveau de l’État et relatif à l’opération de percement du canal du Panama.

Dans ce scandale, plusieurs personnalités de premier plan de différents gouvernements de la IIIe République furent impliquées. Cette opération avait démarré par Ferdinand de Lesseps, en 1879. Fort de son succès, après la réalisation du canal de Suez en 1869, sous Napoléon III, l’ingénieur fut sollicité pour réaliser le percement d’un canal au Panama, permettant le passage maritime entre l’océan Atlantique et l’océan Pacifique.

Ce projet de grande envergure nécessita d’importants capitaux que Ferdinand de Lesseps n’avait pas pu réunir en une seule fois. Celui-ci fit appel à ses relations comme Cornelius Herz, pour trouver les sommes manquantes et absolument indispensables, pour achever les travaux commencés en 1881.

Pour permettre à Cornelius Herz de réunir cet argent, lui et quelques complices, au plus haut niveau de l’État français, devaient faire modifier des lois. Des politiciens, dont certains au plus haut niveau de gouvernements de la IIIe République, ont participé activement à cette opération frauduleuse en échange de pot-de-vin.

Il semblerait que Charles Freycinet, républicain « opportuniste » et quatre fois président du Conseil, proche de Jules Grévy et de Georges Clemenceau, mais aussi Charles Floquet, républicain de la gauche « radicale » et président du Conseil, furent les principaux politiciens impliqués.

Cependant, en plus de 104 députés clairement identifiés, Georges Clemenceau via son journal « La Justice », Charles Baïhaut, ministre des Travaux publics et le banquier et baron Jacob Adolphe Reinach, oncle de l’ancien chef de cabinet de Gambetta, furent aussi impliqués dans ce scandale du « Panama ».

Ferdinand de Lesseps, d’après Gustave Eiffel, appelé au secours sur ce projet, s’était complètement trompé sur les contraintes physiques des travaux à réaliser, très largement sous-estimés. La société de conception et de réalisation, ne pouvant pas terminer les travaux commencés, fut mise en liquidation le 4 février 1889, entraînant la ruine de 85 000 souscripteurs.

Reinach fut retrouvé mort à son domicile, le 19 novembre 1892. Cornelius Herz s’était enfui en Angleterre, Charles Baïhaut, Ferdinand de Lesseps et Gustave Eiffel furent condamnés à des peines de prison, qu’ils n’effectuèrent pas.

Le mandat de Sadi Carnot fut aussi marqué par le centenaire de la Révolution française et l’Exposition universelle de Paris, en 1889. L’Exposition universelle, qui avait pour thème la Révolution française, s’est tenue à Paris, du 5 mai au 31 octobre 1889.

C’était la dixième Exposition universelle organisée, à laquelle plus de 30 pays ont participé. C’est aussi à l’occasion de cette Exposition universelle que les nombreux visiteurs ont pu admirer, pour la première fois, la Tour Eiffel haute de 312 mètres.

Cette Exposition universelle de 1889 fut sans surprise, malheureusement « boudée » du fait de son thème basé sur la révolution française, par toutes les monarchies européennes (l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie, la Belgique, l’Espagne, l’Italie, les Pays-Bas, le Portugal, le Royaume-Uni, la Russie et la Suède).

Le président de la République Sadi Carnot fut l’initiateur de l’alliance franco-russe, validée par le tsar de Russie, Alexandre III. Sadi Carnot, à quelques mois de la fin de sa présidence, refusa la « grâce » à plusieurs figures du mouvement anarchiste, comme Ravachol, Vaillant et Henry, responsables de plusieurs attentats.

Sadi Carnot fut mortellement poignardé par l’anarchiste italien Sante Geronimo Caserio le 24 juin 1894, lors d’un déplacement officiel à Lyon. Il fut remplacé, le 27 juin 1894, par Jean Casimir-Perier, ex-président du Conseil du 3 décembre 1893 au 22 mai 1894.

 

3.4 La présidence de gauche « modérée » avec Jean Casimir-Perier

Jean Paul Pierre Casimir-Perier était membre de la grande bourgeoisie parisienne. Fils et petit-fils de banquiers et d’industriels, il était aussi le petit-fils de Casimir Perier, président du Conseil, sous la monarchie de Juillet. Sa famille avait maintes fois détenu des postes de ministres, dans différents gouvernements.

Jean Casimir-Perier fut nommé président du Conseil par le président de la République, Sadi Carnot, le 3 décembre 1893. Les élections législatives de septembre 1893 avaient donné une confortable majorité aux républicains « modérés » et « progressistes ».

Le 27 juin 1894, soutenu par la « droite« , Jean Casimir-Perier fut élu président de la République suite à l’assassinat à Lyon de Sadi Carnot. Il fut l’une des cibles favorites de la « gauche » de par ses origines de la haute bourgeoisie et de ses illustres ancêtres.

Propriétaire de la majeure partie des actions des mines d’Anzin, la « gauche » déjà à cette époque, toujours prompte pour détruire, à défaut d’être capable de construire, ne l’épargnait jamais. L’un de ses plus fervents « critiques » fut Jean Jaurès.

Jean Casimir-Perier profita de la démission du président du Conseil, Charles Dupuy, et du gouvernement, qui ne lui était en aucune façon favorable, pour démissionner le 15 janvier 1895 de sa fonction à la présidence de la République.

Jean Casimir-Perier trouva probablement plus utile et plus intelligent de dépenser son énergie et son temps, au profit de personnes capables de comprendre ses motivations et ses idées, pour construire véritablement la France, ce qu’il n’avait pas trouvé, apparemment, au sein du gouvernement et du parlement.

 

3.5 La présidence de gauche « modérée » avec Félix Faure

Félix Faure, républicain « modéré » mais aussi franc-maçon, comme beaucoup d’autres au sein du parlement, fut l’un des très rares politiciens de « gauche » à ne pas être avocat ou journaliste. Félix Faure venait d’un milieu parisien très modeste. Il avait exercé le métier de « tanneur » avant de se lancer dans la politique.

Après avoir été sous-secrétaire d’État aux colonies, puis à la Marine, il fut nommé ministre de la Marine en 1894, par le président du Conseil, Charles Dupuy. Suite à la démission de Jean Casimir-Perier, le résultat des élections des deux Chambres, porta Félix Faure, à la présidence de la République le 17 janvier 1895,

Félix Faure a participé activement à l’expansion coloniale de la France, notamment avec la conquête de Madagascar. Il fut au cœur de deux scandales, qui ont profondément marqué la fin de ce siècle, avec d’une part, la crise de Fachoda avec les Anglais en Afrique et l’affaire Dreyfus à Paris, avec les services d’espionnage allemands.

Déjà à cette époque, un grand nombre de politiciens de tous bords se « droguaient » non pas à la cocaïne ou aux drogues courantes du 21e siècle, mais à d’autres substances toutes aussi dangereuses.

Félix Faure, comme de nombreux Parisiens, devenus « bourgeois » par le biais de la politique, usait continuellement de plaisirs sexuels, y compris à l’Élysée, en absorbant divers aphrodisiaques puissants, comme la cantharide officinale ou d’autres, à base de quinine.

Malheureusement pour lui, âgé de 58 ans, il était cardiaque. Le 16 février 1899, Félix Faure succomba subitement à l’Élysée, alors qu’il était en plein ébats amoureux, avec sa maîtresse, Marguerite Steinheil. Cette dernière était l’épouse du peintre Adolphe Steinheil.

Félix Faure fut remplacé le 18 février 1899, à la présidence de la République, par Emile Loubet, de « centre droit ».

 

3.6 1870-1900 3e République. Bilan politique de cette période.

Comme on peut le voir, le bilan des différents gouvernements du début de cette IIIe République fut malheureusement très pauvre, en résultats, en efficacité et en compétence. Alors que la guerre était aux portes de la France et cela se savait au plus haut niveau de l’État, tous ces personnages travaillant dans l’entre-soi permanent, le copinage, une totale incompétence et irresponsabilité, ont plus détruit que construit la France.

Pis encore, un grand nombre d’entre eux portèrent, au moins dans l’Histoire, les responsabilités des catastrophes à venir durant le siècle suivant cette période.

Comme souvent, avec les différents gouvernements de « gauche » de la IIIe République, la débauche, le scandale, la corruption et l’entre-soi représentaient le quotidien de ses nombreux personnages « futiles » plus qu’illustres.

Accorder la moindre étincelle de notoriété à ces personnages sulfureux et incompétents, c’est vouloir ignorer la vérité ou partager leurs défauts.

Malheureusement, ce constat pourra être encore refait pendant les deux prochaines Guerres mondiales, mais aussi au 21e siècle. Mieux connaître le passé devrait permettre de mieux comprendre le présent, encore faudrait-il que les contemporains fassent l’effort de lire et comprendre les textes exposant la vérité sur leur Histoire.

 

3.7 Le gouvernement français et ses soumissions au chancelier Bismarck

Le chancelier Bismarck, déjà en 1873, regrettait que la France, qu’il avait « saignée à blanc » par le traité de Francfort, suite à l’armistice de la guerre de 1870, ait pu payer les lourdes indemnités de guerre, après trois années seulement. Le fait que la France ait pu anticiper le paiement des 5 milliards de francs-or réclamé l’effrayait. Il avait espéré, après avoir vaincu les armées françaises, que ce pays ne soit plus une menace pour l’Allemagne.

Bismarck avait dépensé une importante énergie à construire l’unité allemande et la France, restait cependant à ses yeux la menace essentielle. C’est pourquoi, après 1871, il a tenté différentes entreprises, pour affaiblir son économie, sa détermination politique et ses armées avant 1914. Pour l’aider dans cet objectif, il trouva aisément dans certains gouvernements de la IIIe République française quelques « alliés » germanophiles.

En mai 1875, Bismarck alléguant que la réorganisation militaire de la France était dirigée contre l’Allemagne, il annonça son dessein « d’en finir avec la France ». Mais cette fois, la Russie d’abord, l’Angleterre ensuite, firent savoir à Berlin qu’elles ne permettraient pas une agression, sans réagir.

Jules Grévy, par l’intermédiaire de ses représentants lors du Congrès de Berlin en juin 1878, aurait semble-t-il obtenu un accord « officieux » de Bismarck pour poursuivre en Tunisie la conquête coloniale française, commencée en Algérie.

Jules Ferry, alors président du Conseil depuis septembre 1880, probablement influencé par des germanophiles français, entreprit en avril 1881 la conquête militaire de la Tunisie. Ce pays était sous la domination de l’Empire ottoman. Or, ce dernier venait justement de perdre la guerre face aux Russes et n’était plus en position de force pour s’opposer à la France.

Pour Bismarck, que la France disperse ses forces armées à l’extérieur de l’Europe et qu’elle dépense ses moyens financiers, ne pouvait que lui convenir. Pourtant, personne ne se posa la question, en quoi cette expansion coloniale pouvait vraiment servir la France au 19e siècle ?

Le Congrès, organisé par Bismarck à Berlin, était souhaité par les Anglais et l’Autriche-Hongrie pour modifier le premier traité de paix entre la Russie et l’Empire ottoman. En effet, le traité San Stefano, signé en mars 1878, par le tsar Alexandre II de Russie et les Ottomans, donnait un accès aux Russes à la mer Méditerranée. Évidemment, l’Angleterre refusa catégoriquement cette possibilité.

La IIIe République française, championne de la colonisation. Avec Jules Ferry, la France poursuivit ses efforts militaires de colonisation au Tonkin en 1885, qui deviendra « l’Indochine française » en Afrique et en Égypte où la France fut contrainte de laisser la place à l’Angleterre.

Le 20 avril 1887, éclata un important incident diplomatique entre la France et l’Allemagne. D’un côté, Bismarck, travaillant sans relâche à accroître la puissance militaire offensive de l’Allemagne, était très attentif à tout prétexte, pour envahir à nouveau la France.

De l’autre côté, en France, le nouveau ministre de la Guerre, le général Georges Boulanger du gouvernement de René Goblet, et soutenu par les « radicaux » développait activement et malheureusement, sans discrétion, des actions d’espionnage à la frontière avec l’Allemagne.

Un commissaire de police français, Guillaume Schnaebelé, s’était fait piéger naïvement par les Allemands, alors qu’il était à la limite du territoire français. Cet incident, qui avait mis la France à deux doigts de la guerre, fut réglé diplomatiquement par Jules Grévy, encore président de la République.

Le chancelier Bismarck trouva plusieurs germanophiles convaincus, dans certains gouvernements de la IIIe République, qui lui facilitèrent des actions de déstabilisation de la France ou de ses armées, avant 1914.

L’un des plus connus fut le président du Conseil, de juin 1911 à janvier 1912, Joseph Caillaux du « Parti radical ». Celui-ci fut condamné « trop tardivement » pour « intelligence avec l’ennemi » en 1920 et purgea une peine de 3 ans de prison. Ce qui pourtant, ne l’empêcha pas de retrouver un poste de ministre des Finances en 1925, dans le gouvernement de Paul Painlevé, toujours sous la IIIe République.

Mais avant Joseph Caillaux, on notera la participation active de Léon Gambetta, qui fut nommé président du Conseil par Jules Grévy, en novembre 1881, en remplacement de Jules Ferry, suite à « l’affaire tunisienne ». Le président du Conseil Léon Gambetta, durant 3 mois, du 14 novembre 1881 au 26 janvier 1882, a œuvré pour la réduction du service militaire et ce malgré l’évidence d’une déflagration proche avec l’Allemagne.

Ce fut finalement, le 15 juillet 1889, par la loi Freycinet, alors ministre de la Guerre, sur le recrutement de l’Armée, que le service militaire obligatoire pour tous les hommes de 20 à 25 ans passa de 5 ans à 3 ans. La loi du 21 mars 1905 ramena le service militaire à 2 ans. Ces lois contribuèrent à réduire sensiblement les effectifs militaires des armées françaises, à un moment où l’Allemagne était de plus en plus menaçante.

De l’expérience des événements de 1870, les républicains « modérés » ou « radicaux » continuellement dans un déni de réalité, responsables de la déclaration de guerre sous Napoléon III, n’avaient apparemment, toujours rien appris.

Le contexte de cette époque, les réactions des uns et des autres, au sein des gouvernements français et enfin l’attitude de l’Allemagne vis-à-vis de la France, déjà avant 1870, va se répéter jusqu’en 1914, puis à nouveau en 1939. Cette situation et ce contexte devraient inciter les Français du 21e siècle, notamment les germanophiles convaincus, à méditer sur les risques toujours potentiels et les conséquences possibles.

 

Jacques Bainville, grand historien de référence du Roman national, dans son célèbre livre « Histoire de France » de 1924 aux Éditions Larousse, disait de cette période avant 1914 : « On doit renoncer à discerner quoi que ce soit au milieu des luttes qui suivirent, si l’on ne s’en tient aux deux principes qui les dominent et qui peuvent se résumer de la manière suivante. D’une part, il y avait conflit entre ceux qui acceptaient la défaite de 1870 et ceux qui n’abandonnaient pas l’espoir d’en effacer les effets, entre ceux qui, publiquement ou dans le secret de leur pensée, croyaient, comme Thiers, que la France n’avait plus qu’à s’entendre avec une Allemagne toute puissante et à se contenter en Europe d’un rôle de second ordre, et ceux qui, ne s’inclinaient pas devant le fait accompli, jugeaient que la politique de la France devait être continentale, que le danger de l’invasion, révélé une première fois en 1875, existait toujours… ».

 

 

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Pour lire la suite, voir le chapitre « 1900-1914 »