6 février 1934, le traumatisme des gauches
1 Contexte
Pour essayer de comprendre les événements qui se sont produits en 1934, il faut au préalable rappeler ici quelques informations importantes du contexte de l’époque, souvent omises à dessein par des auteurs contemporains du 21e siècle :
Les tensions sociales étaient extrêmement vives dans tous les pays européens après le traité de Versailles. Après la tentative, plus ou moins avortée, de Lénine d’instaurer une révolution « bolchévique » dans tous les pays européens, les différents gouvernements de ces pays souffraient de crédibilité et de fiabilité dues essentiellement à leur incompétence, leur impéritie et même de la corruption, fréquente, au plus haut niveau de chaque État. Ceci, grâce aux publications et journaux locaux, était vérifiable en Allemagne, en Hongrie, en Italie et même en France. Les tensions et les manifestations antiparlementaires se firent de plus en plus fréquentes dans ces pays depuis 1924.
Dans ces pays, aux formes institutionnelles dissemblables à l’issue de la Première Guerre mondiale, les tensions socio-économiques et antiparlementaires débouchèrent sur des crises de régime dont les issues furent différentes en Allemagne, en Italie, en Espagne ou en France. La France, où les politiciens des gouvernements étaient empêtrés dans des contradictions dues à leur incompétence généralisée et la philosophie profonde et naïve du pacifisme, largement partagée, va constater, et « subir » impuissante, les grands changements inévitables dans ces trois pays frontaliers.
La notion « d’extrême droite » souvent utilisée par idéologie, mais à tort, par différents auteurs ou « historiens » au 21e siècle ne se justifiait pas réellement avant la Deuxième Guerre mondiale. L’appartenance à un groupe ou un Parti politique de droite avant 1940, n’a pas la même signification qu’après la guerre. De plus, juger les événements de cette époque avec les « yeux » du 21e siècle ne peut qu’altérer les causes et fausser la réalité des conséquences.
En effet, par exemple, on peut souvent lire des textes du 21e siècle expliquant qu’en Allemagne, entre 1920 et 1933, le Parti politique Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei (NSDAP), dirigé par Hitler et issu principalement de la masse ouvrière allemande, sous le nom de « parti national socialiste » ou avec l’abréviation « parti nazi », était un parti « d’extrême droite ». Il semble « compliqué » de comprendre qu’un parti politique composé essentiellement de « socialistes », même si ceux-ci sont « nationalistes », puisse être considéré avant 1933 « d’extrême droite ». Il y a là comme une forme d’oxymore qui mériterait des explications, sauf à considérer que la classification « d’extrême droite » ou de « socialiste » n’ait pas la même signification en Allemagne.
L’une des composantes essentielles de cette crise profonde et commune à ces pays européens de 1920 à 1939 était le problème économique, grave et soutenu, sans pouvoir être résorbé à cause de l’incompétence des politiciens dans les différents gouvernements. Dans certains pays, tels que la France, les gouvernements, tous de gauche, se succédaient entre 1924 et 1934 à raison de trois à quatre par an, sans toutefois être capables de mettre en place des solutions viables et efficaces, aggravant continuellement de fait la situation économique et sociale, à la limite de l’implosion.
Les élections législatives, seules ressources pouvant éventuellement modifier la composition de l’Assemblée et donc du gouvernement, ne se déroulaient que tous les quatre ans. De plus, en France, après le tremblement de terre des élections législatives donnant un accès pourtant très « limité » en 1919 (279 députés sur 613) au « bloc national » dit de « droite » et la réaction exagérée de « survie » des gauches via le « cartel des gauches » avec ses accords inconvenants, les gouvernements français qui « tremblaient » au moindre signe d’une « droite » engendreront en leur sein la présence d’un état neuropsychiatrique permanent. Ce symptôme perdurera, au sein des gauches, tout au long des 20e et 21e siècles.
En France, la raison avait définitivement perdu sa place dans l’esprit de ceux qui étaient devenus des « disciples » d’une secte apeurée, au point d’en perdre le peu d’intelligence pourtant indispensable pour redresser l’économie et le pays. Confrontées à l’évidente incompétence générale, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, dévoilée par les nombreuses « affaires » dans les journaux de l’époque, les gauches au pouvoir, en plus de « l’esprit de déni », faute d’être sérieusement capables de se justifier, finiront par utiliser en permanence la méthode « bolchévique » de disqualification de l’adversaire ; « Qui n’est pas avec moi est contre moi ; qui me menace est un fasciste ». Bref, si vous n’êtes pas de gauche, vous êtes obligatoirement un fasciste. Cette évolution de la vision de la démocratie ne peut qu’aboutir à la fin de la République ou à une dictature travestie.
1.1 En Allemagne
1.1.1. La République de Weimar
La République de Weimar, du nom de la ville où cette République a été proclamée le 9 novembre 1918, fut la conséquence de la révolution allemande commencée en octobre 1918. La République de Weimar a remplacé l’empire d’Allemagne dirigé par le kaiser Guillaume II. Ce dernier après avoir abdiqué le 9 novembre 1918, avait fui l’Allemagne pour se réfugier aux Pays-Bas.
Cette nouvelle République était dirigée par un Président et son chef de gouvernement, le chancelier. Bien que la Constitution de cette République prévoyait un mode de fonctionnement des institutions de type « démocratie parlementaire », le nom de l’État conservait le même que sous l’empire, soit le Reich allemand.
La République de Weimar fut confrontée dès 1919 à des tentatives de renversement par des groupes de communistes allemands, désireux d’imiter la révolution bolchévique russe. Plusieurs partis politiques nés avec la République de Weimar tentaient de prendre le pouvoir démocratiquement. Parmi ceux-ci, le « Deutsche Arbeiterparter » (DAP), le Parti ouvrier allemand faisait ses débuts dans cette Allemagne de l’après-guerre.
En septembre 1919, l’ex-caporal Adolf Hitler, de l’armée bavaroise, adhéra à ce parti à la demande du chef de la propagande de la Reichswehr en Bavière. Le Parti ouvrier allemand (DAP) deviendra le Parti national-socialiste des travailleurs allemands (NSDAP) en août 1920.
Dans cette Allemagne, après la Première Guerre mondiale, la société était profondément divisée. Les aristocrates « prussiens » ou « bavarois » étaient majoritairement présents dans l’armée (la Reichswehr). Ceux-ci représentaient, à l’époque, la partie politique la plus à droite en Allemagne, de 1919 à 1939, et ne partageaient aucunement les opinions et décisions de la République de Weimar, ni même celles des différents partis politiques, en ébullition dans le pays.
1.1.2. L’ascension de Hitler
Adolf Hitler était un excellent orateur qui avait très vite réussi à se faire remarquer au sein du Parti ouvrier puis du Parti national-socialiste, dans cette Allemagne en proie au désordre économique et social généralisé. Il sut, dans ses discours, placer le curseur sur les causes de la profonde crise que vivaient les Allemands. Il usait abondamment de comparaisons entre la situation de l’Allemagne avant la Première Guerre mondiale et les années post-1919 dues au traité de Versailles.
Adolf Hitler sut étonnamment dire haut et fort ce que les Allemands, traumatisés par les conséquences, économiques de la guerre et celles du traité de Versailles, pensaient majoritairement. Il plaça régulièrement dans ses discours des accusations vis-à-vis du traité de Versailles mais aussi sur les Français, les ennemis « historiques » ou les Britanniques, les ennemis « absolus » chez qui les banquiers « juifs » avaient de grandes influences.
Rapidement, après ses premiers discours qui avaient « enflammé » les membres du parti NSDAP, Adolf Hitler devient chef de la propagande et propose les premiers symboles tels que le nouveau et célèbre drapeau rouge et blanc incluant une croix gammée noire. Le 8 août 1920, Adolf Hitler, sur l’approbation de Anton Dexler, le président du parti, présenta le nouveau programme en 25 points.
Ce programme repris plus bas donne une indication sur l’ambiance dans le pays en 1920, mais aussi une ligne directrice qui semblait nécessaire, à l’époque, pour redresser l’économie et résoudre la crise sociale en Allemagne. Le Français contemporain, non idéologisé, devrait raisonnablement voir dans ce programme un positionnement à gauche et nationaliste. Un programme que devrait soutenir chaque politicien souhaitant protéger son pays dans un moment où la situation grave et chaotique l’exige.
Programme du Parti national-socialiste des travailleurs allemands :
1 | Nous exigeons la constitution d’une Grande Allemagne, réunissant tous les Allemands sur la base du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes |
2 | Nous exigeons l’égalité des droits du peuple allemand au regard des autres nations, l’abrogation des traités de Versailles et de Saint-Germain |
3 | Nous exigeons de la terre et des colonies pour nourrir notre peuple et résorber notre surpopulation. |
4 | Seuls les citoyens bénéficient des droits civiques. Pour être citoyen, il faut être de sang allemand, la confession importe peu. Aucun Juif ne peut être citoyen. |
5 | Les non-citoyens ne peuvent vivre en Allemagne que comme hôtes, et doivent se soumettre à la juridiction sur les étrangers. |
6 | Le droit de fixer la direction et les lois de l’État est réservé aux seuls citoyens. Nous demandons donc que toute fonction publique, quelle qu’en soit la nature, ne puisse être tenue par des non citoyens. Nous combattons la pratique parlementaire, génératrice de corruption, d’attribution des postes par relations de parti sans se soucier du caractère et des capacités. |
7 | Nous exigeons que l’État s’engage à procurer à tous les citoyens des moyens d’existence. Si le pays ne peut nourrir toute la population, les non-citoyens devront être expulsés du Reich. |
8 | Il faut empêcher toute nouvelle immigration de non-Allemands. Nous demandons que tous les non-Allemands établis en Allemagne depuis le soient immédiatement contraints de quitter le Reich. |
9 | Tous les citoyens ont les mêmes droits et les mêmes devoirs. |
10 | Le premier devoir de tout citoyen est de travailler, physiquement ou intellectuellement. L’activité de l’individu ne doit pas nuire aux intérêts de la collectivité, mais s’inscrire dans le cadre de celle-ci et pour le bien de tous. C’est pourquoi nous demandons : |
11 | La suppression du revenu des oisifs et de ceux qui ont la vie facile, la suppression de l’esclavage de l’intérêt. |
12 | Considérant les énormes sacrifices de sang et d’argent que toute guerre exige du peuple, l’enrichissement personnel par la guerre doit être stigmatisé comme un crime contre le peuple. Nous demandons donc la confiscation de tous les bénéfices de guerre, sans exception. |
13 | Nous exigeons la nationalisation de toutes les entreprises appartenant aujourd’hui à des trusts. |
14 | Nous exigeons une participation aux bénéfices des grandes entreprises. |
15 | Nous exigeons une augmentation substantielle des pensions des retraités. |
16 | Nous exigeons la création et la protection d’une classe moyenne saine, la remise immédiate des grands magasins à l’administration communale et leur location, à bas prix, aux petits commerçants. La priorité doit être accordée aux petits commerçants et industriels pour toutes les livraisons à l’État, aux Länder ou aux communes. |
17 | Nous exigeons une réforme agraire adaptée à nos besoins nationaux, la promulgation d’une loi permettant l’expropriation, sans indemnité, de terrains à des fins d’utilité publique – la suppression de l’imposition sur les terrains et l’arrêt de toute spéculation foncière. |
18 | Nous exigeons une lutte sans merci contre ceux qui, par leurs activités, nuisent à l’intérêt public. Criminels de droit commun, trafiquants, usuriers, etc. doivent être punis de mort, sans considération de confession ou de race. |
19 | Nous exigeons qu’un droit public allemand soit substitué au droit romain, serviteur d’une conception matérialiste du monde. |
20 | L’extension de notre infrastructure scolaire doit permettre à tous les Allemands bien doués et travailleurs l’accès à une éducation supérieure, et par là à des postes de direction. Les programmes de tous les établissements d’enseignement doivent être adaptés aux exigences de la vie pratique. L’esprit national doit être inculqué à l’école dès l’âge de raison (cours d’instruction civique). Nous demandons que l’État couvre les frais de l’instruction supérieure des enfants particulièrement doués de parents pauvres, quelle que soit la classe sociale ou la profession de ceux-ci. |
21 | L’État doit se préoccuper d’améliorer la santé publique par la protection de la mère et de l’enfant, l’interdiction du travail de l’enfant, l’introduction de moyens propres à développer les aptitudes physiques par l’obligation légale de pratiquer le sport et la gymnastique, et par un puissant soutien à toutes les associations s’occupant de l’éducation physique de la jeunesse. |
22 | Nous exigeons la suppression de l’armée de mercenaires et la création d’une armée nationale. |
23 | Nous exigeons la lutte légale contre le mensonge politique conscient et sa propagation par la presse. Pour permettre la création d’une presse allemande, nous demandons que :
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24 | Nous exigeons la liberté au sein de l’État de toutes les confessions religieuses, dans la mesure où elles ne mettent pas en danger son existence ou n’offensent pas le sentiment moral de la race germanique. Le Parti en tant que tel défend le point de vue d’un christianisme positif, sans toutefois se lier à une confession précise. Il combat l’esprit judéo-matérialiste à l’intérieur et à l’extérieur, et est convaincu qu’un rétablissement durable de notre peuple ne peut réussir que de l’intérieur, sur la base du principe : l’intérêt général passe avant l’intérêt particulier. |
25 | Pour mener tout cela à bien, nous demandons la création d’un pouvoir central puissant, l’autorité absolue du parlement politique central sur l’ensemble du Reich et de ses organisations, ainsi que la création de Chambres professionnelles et de bureaux municipaux chargés de la réalisation, dans les différents Länder, des lois-cadre promulguées par le Reich. |
Dans les premières années d’existence du NSDAP, sur les 55 000 membres, le parti était composé de 30 % d’artisans et d’ouvriers qualifiés, 15 % de fonctionnaires ou d’employés, 15 % de professions libérales, 13 % de soldats ou anciens militaires, 7 % d’étudiants, 4 % de boutiquiers et 3 % d’ouvriers non qualifiés.
En 1921, une épreuve de force entre Hitler et le comité du parti va modifier profondément l’organisation et la direction. Le comité souhaitait une fusion pure et simple du NSDAP avec d’autres partis plus à droite. Hitler avait refusé cette fusion sur des bases programmatiques. Hitler sortira vainqueur de ce conflit interne, mais 500 nouveaux membres à structure paramilitaire (Sturmabteilung ou SA), bien qu’externes au NSDAP, auront la responsabilité du maintien de l’ordre lors des manifestations du Parti politique. Les SA seront plus de 30 000 en 1923 grâce à de nombreuses implications de la bourgeoisie moyenne allemande.
Le 8 novembre 1923, suite à l’invasion de la Ruhr par les troupes françaises, Hitler, bénéficiant de la stupéfaction allemande, a tenté, en vain, de renverser le gouvernement bavarois. Hitler et ses complices furent arrêtés par la police, puis condamnés à la prison. Hitler, condamné à cinq ans d’emprisonnement, fut incarcéré durant 13 mois au cours desquels il rédigea la première partie de son livre « Mein kampf ».
Alors que Hitler est emprisonné, son parti, le NSDAP, suite à des divergences profondes au sein du comité, va se scindé en deux factions. La première au nord de l’Allemagne, dirigée par Gregor Strasser et Erich Lundendorff et la seconde, au sud de l’Allemagne, et dirigée par Hermann Esser et Julius Streicher. La faction au nord était urbaine, socialisante et révolutionnaire. Celle du sud de l’Allemagne était rurale, populiste et raciste.
Le 27 janvier 1925, Hitler va s’efforcer de recentrer le NSDAP à partir de la faction au nord de l’Allemagne. Il rencontrera des difficultés pour imposer ses idées face à Strasser qui avait profité de son incarcération pour établir des accords avec les SA, dirigés par Röhm. Hitler, se sentant menacé, va créer, pour assurer sa sécurité personnelle, une nouvelle branche paramilitaire de protection, la S.S. (ou Schutzstaffel), à partir des élites au sein des SA.
Le 28 février 1925, le premier président de la République de Weimar, Friedrich Ebert est décédé, entraînant des élections présidentielles au suffrage universel. Hélas pour Hitler, encore sous l’interdiction judiciaire, ne pourra s’y présenter. Le Parti NSDAP désigna le candidat Erich Lundendorff. Ce dernier n’avait pas la notoriété d’Hitler et obtint un résultat très faible à ces élections. Alors que l’Allemagne peinait à sortir du chaos économique et social depuis 1919, ce fut l’ancien maréchal Paul von Hindenburg qui fut élu président de la République de Weimar.
En mai 1926, Hitler a réorganisé de fond en comble le parti NSDAP et, au congrès de Nuremberg en 1927, les sections, nombreuses et remilitarisées, défilèrent en uniforme dont la chemise brune et le drapeau à croix gammée étaient devenus la base universelle.
En 1928, le parti comptait plus de 178 000 membres et aux nouvelles élections avec 2,6 % des voix, il aura ses premiers députés au parlement (Reichstag). En 1930, avec 18,3 % des voix, il obtiendra 107 postes de députés. En juillet 1932, avec 37,4 %, il aura 230 députés, puis en mars 1933, avec 43,9 % il obtiendra 288 députés.
En 1932, Hitler, né en Autriche-Hongrie, obtient enfin la nationalité allemande et a pu se présenter aux élections présidentielles. Malheureusement pour lui, il fut battu par Hindenburg.
De nombreuses manifestations violentes avaient lieu dans toute l’Allemagne, entraînant plusieurs centaines de morts et des milliers de blessés dans chaque camp. La crise de régime en Allemagne était particulièrement vive, compte tenu du contexte socio-économique, amplifiée par le retrait des fonds et de l’or par les banques américaines suite au krach boursier de 1929.
Hitler, avec l’appui secret des principaux grands industriels allemands, est nommé chancelier du Reich en janvier 1933. Il est depuis cette date le chef du gouvernement, mais il faudra attendre le décès du président du Reich, le maréchal-président Hindenburg en août 1934, pour que Adolf Hitler cumule les fonctions de président et chancelier, soit les pleins pouvoirs du Führer.
1.2 En Italie
Au 21e siècle, il n’est pas rare de constater que les contemporains ignorent que l’Italie était un royaume de 1861 à 1946. À leur décharge, il faut reconnaître qu’en France, la IIIe République, mais aussi la 4ème et la 5ème, a tout fait pour faire oublier au peuple que ce fut en grande partie grâce à Napoléon III que l’Italie s’est réunifiée et qu’elle a ainsi pu devenir un royaume dès 1861.
En 1860, date du début des guerres ou rebellions en vue de construire un pays unifié, l’Italie telle que nous la connaissons au 21e siècle n’existait pas. Dans ce pays, on trouvait au nord-ouest, le royaume de Piémont-Sardaigne, au nord-est, les provinces dépendantes de l’empire d’Autriche-Hongrie, la Lombardie et la Vénétie. Au nord de Rome et de l’État pontifical, se trouvaient le Grand-duché de Toscane et les duchés de Parme et de Modène. Le reste, soit la moitié de l’Italie et la Sicile dépendait du royaume des Deux-Siciles. L’île de Sardaigne dépendait du royaume de Piémont-Sardaigne.
En 1859, les armées françaises jointes à celles du royaume du Piémont-Sardaigne ont vaincu les troupes autrichiennes, à Magenta puis à Solférino. La province de Lombardie fut cédée au royaume du Piémont-Sardaigne par l’Autriche-Hongrie. Les opérations de réunification des différentes provinces furent initiées à partir de 1860, par les membres de la dynastie de Savoie qui dirigeaient le royaume de Piémont-Sardaigne.
En 1860, pour remercier la France de sa participation en 1859, le royaume du Piémont-Sardaigne lui cède la Savoie et l’arrondissement de Nice. Les Provinces-Unies d’Italie centrale (Toscane, Parme, Modène, Romane) rejoignent le royaume de Piémont-Sardaigne.
À la fin de l’année 1860, grâce à Garibaldi qui permit de réunifier tout le sud de l’Italie, le royaume d’Italie fut constitué et officialisé en annexant le royaume des Deux-Siciles et les territoires des Marches, de l’Ombrie, d’Orvieto, du Bénévent et de Pontecorvo.
En 1866, la Prusse, avec Otto von Bismarck, souhaitait écarter l’Autriche de leur décision expansionniste. Elle profita de l’aide militaire ponctuelle de l’Italie qui, elle souhaitait récupérer la région de la Vénétie, alors sous tutelle autrichienne.
Une partie des armées autrichiennes dut affronter au sud les armées désordonnées italiennes, alors que la bataille la plus importante et décisive se déroula à Sadowa, où les Prussiens remportèrent une brillante victoire. Le résultat pour l’Italie de ce conflit, grâce aux Prussiens, fut qu’elle récupéra toute la région Vénitienne.
Enfin, lorsque Napoléon III évacua ses armées de Rome en 1870, la région du Latium, incluant Rome et l’État pontifical, fut intégrée par la force à l’Italie. À l’issue de cette opération, Rome est devenue la capitale du royaume d’Italie.
De 1859 à 1861, Victor-Emmanuel II, alors roi de Sardaigne, duc de Savoie, Prince de Piémont et duc de Nice devient « Roi Élu » d’Italie. En effet, celui-ci fut élu par une « diète » de ducs et de princes « italiens ». Victor-Emmanuel II sera officiellement le premier roi d’Italie de 1861 à sa mort en janvier 1878. Il sera remplacé le 9 janvier 1878, par son fils Humberto 1er, jusqu’à son assassinat le 29 juillet 1900. Humberto 1er sera remplacé par son fils Victor-Emmanuel III, le dernier roi d’Italie, jusqu’en 1946.
1.2.1 Le royaume d’Italie
Le royaume d’Italie vient de la succession des événements qui transformèrent, à partir de 1848, les États de Savoie et le royaume de Sardaigne. Le roi Charles-Albert de la Maison de Savoie, roi de Sardaigne et duc de Savoie, transforma le 4 mars 1848 le régime qui gouvernait ces territoires en une monarchie constitutionnelle. À cette époque, le roi de Sardaigne vivait dans le Palais Carignan à Turin. Après son décès en juillet 1849, celui-ci sera remplacé par son fils Victor-Emmanuel II.
Victor-Emmanuel II est devenu le 17 mars 1861, le premier roi d’Italie après les événements d’unification. Il fut, comme ses partenaires dans cette aventure, tels Camillo Benso, comte de Cavour, Giuseppe Garibaldi et Giuseppe Mazzini, considéré comme l’un des pères de la patrie.
Le jeune royaume d’Italie fut confronté, comme beaucoup de pays européens après la révolution française, à des tensions internes en vue d’établir une République. En Italie, l’unification des différents peuples issus des anciens royaumes ou duchés fut souvent compromise jusqu’en 1946, date de la déclaration de la Première République italienne. Cependant, comme dans tous les pays où la République fut instaurée, le peuple italien va connaître de grandes difficultés à établir et maintenir une véritable démocratie.
1.2.2 L’ascension de Mussolini
1.3 En France
1.3.1. L’affaire Stavisky
1.3.2. La valse et l’incompétence des gouvernements
2 La journée du 6 février 1934