La Guerre de 1870

1. Contexte au début de la guerre de 1870

La situation des armées françaises, immédiatement après la déclaration de guerre du 19 juillet 1870, fut très nettement en défaveur face aux troupes prussiennes.

En effet, dans cette guerre franco-prussienne de 1870, le gouvernement français n’ayant pas envisagé la préparation, la constitution et l’équipement des troupes françaises avant cette date, a créé une situation très compliquée pour les soldats français. Le service militaire par conscription avait été rejeté en 1868, tout comme les budgets nécessaires à la création d’une garde nationale mobile. Les armées françaises furent mobilisées dans l’urgence et le plus grand désordre.

Dans son livre « Les Français et la guerre de 1870 » de 2004, Jean-François Lecaillon relate avec détails et précision de nombreux témoignages sur cette mobilisation réalisée dans l’urgence et de façon anarchique. Toute l’intendance, responsable de l’acheminement des soldats, mais aussi des munitions et de la nourriture, était complètement débordée, incapable d’effectuer convenablement sa mission par manque d’anticipation et même de véritables responsables compétents.

Les moyens de transport, comme le chemin de fer, étaient nettement sous-dimensionnés et souvent indisponibles. Cette situation chaotique était de l’entière responsabilité du gouvernement et plus particulièrement du ministère de la Guerre complètement « dépassé ».

Du côté des effectifs en présence, les Français alignaient à peine 285 000 fantassins et cavaliers face aux 518 000 Prussiens. En plus de ces derniers, le chancelier Otto von Bismarck pouvait compter sur la présence de 280 000 hommes, des 4 royaumes au sud de l’Allemagne (Wurtemberg, Bavière, Bade et Hesse-Darmstadt), alliés des Prussiens.

Pendant cette guerre franco-prussienne de 1870, par manque d’efficacité, la cavalerie n’avait pourtant plus lieu d’être utilisée « à la française » face à des armées équipées de fusils rapides et d’une artillerie performante.

De même, concernant l’armement, les Français avaient moins de 1 000 canons de petits calibres alors que les Prussiens bénéficiaient de plus de 1 500 canons, dont beaucoup avec des calibres de 4 livres, donc nettement plus destructeurs. L’utilisation, par les Prussiens, de l’artillerie « rapide » et « performante » et par les Français, de nouvelles mitrailleuses, a, lors de cette guerre de 1870, complètement bouleversé les règles traditionnelles d’affrontement entre des belligérants.

Tous les témoignages écrits par les différents acteurs français et prussiens de ce conflit prouvent que les combats très violents, du fait de l’artillerie, ne permettaient pas la « supervision » globale du champ de bataille par les généraux.

Les fantassins prussiens utilisaient, depuis la bataille de Sadowa, le nouveau fusil « Dreyse » permettant le chargement par la culasse de 6 à 8 cartouches. Les fantassins français étaient majoritairement équipés, depuis 1866, du fusil « Chassepot » performant pour un tir à longue distance, mais ne permettant le chargement que d’une seule cartouche par la culasse.

D’autre part, les Français, pour des raisons budgétaires, disposaient d’un nombre de cartouches très limité. Ce qui a engendré, pour les Français lors de cette guerre, de nombreuses situations de combat, en Alsace et en Moselle, où les officiers étaient obligés de se rendre à l’ennemi, faute de munitions.

Enfin, concernant la formation à une guerre d’invasion des armées, la Prusse avait acquis une certaine expérience et remporté des victoires, notamment contre le royaume du Danemark en 1864 et surtout contre l’empire d’Autriche en 1866.

Les armées françaises avaient perdu une grande partie de cette expérience en étant cantonnées depuis une dizaine d’années à des missions de pacification ou de maintien de l’ordre, comme en Algérie, à Rome, en Basse-Cochinchine ou au Mexique.

Autre détail pourtant important, les armées prussiennes avaient développé leurs organisations militaires bâties autour de l’utilisation intensive de l’artillerie. De ce fait, ils avaient, conscients de mieux se protéger des retombées de boues et de pierres, doté leurs fantassins de casques (à pointe), certes encore faits de cuirs rigides. Il faudra attendre 1914 pour voir apparaître des casques en acier.

D’autre part, les Prussiens, forts de leur expérience à la bataille de Sadowa et des informations recueillies lors de la guerre de sécession aux États-Unis, avaient commencé à transformer la tenue du soldat en utilisant des couleurs moins prononcées (gris ou noir).

Les armées françaises, mal équipées, n’avaient pas de casques et portaient encore des pantalons rouge garance. La trop grande variété des tenues militaires françaises était souvent inconnue par tous les officiers. Certaines ressemblances entre celles d’une unité amie ou d’une unité ennemie expliquèrent les nombreuses méprises. Celles-ci ont amené, lors de cette guerre de 1870, des tirs par erreur, entre soldats français.

Ajoutant, enfin, que Napoléon III n’était pas un chef de guerre, avec des compétences militaires indispensables, comme l’avait été son oncle Napoléon 1er. Sans doute, profondément miné par sa maladie de la « pierre » il avait perdu tout pouvoir de décision à la tête de l’État français, depuis 1866. Relayé par son épouse, devenue Régente pour la circonstance, à être un simple militaire de « parade ».

L’impératrice Eugénie, trop heureuse de se débarrasser enfin d’un époux qui l’avait souvent bafouée, incita Napoléon III à prendre la tête des armées, malgré son état de santé alarmant. Celui-ci fut contraint de faire semblant de commander les armées françaises en Alsace, puis jusqu’à la capitulation à Sedan.

Il ne fut pas le seul militaire « incompétent » au sein du gouvernement français. Le maréchal Le Bœuf, ministre de la Guerre depuis le 21 août 1869, n’aida jamais les états-majors militaires à préparer les armées françaises à ce conflit.

Le maréchal Le Bœuf portera à jamais la marque de l’incompétence, après qu’il proclama en juillet 1870, à qui voulait bien l’entendre, ces deux citations : « L’armée prussienne n’existe pas » et « Nous sommes prêts et archi-prêts » puis, « La guerre, dût-elle durer deux ans, il ne manquerait pas un bouton de guêtre à nos soldats ».

Bref, compte tenu de ce contexte, on pourrait difficilement blâmer les armées françaises confrontées à cette guerre perdue d’avance et déclenchée par la « gauche bourgeoise parisienne » majoritaire au sein du gouvernement français.

Seule la population parisienne, sans doute inconsciente et sous l’influence de la propagande des médias locaux, était enthousiaste à cette guerre. La plus grande partie du pays ne la souhaitait pas et fut très surprise par la déclaration de guerre française.

En 1870, la France n’était pas protégée par la « ligne Maginot » qui sera réalisée 60 ans plus tard. Cependant, la Belgique, le Luxembourg et la Suisse étaient considérés comme des pays neutres dans ce conflit. De toute évidence, l’invasion potentielle des armées prussiennes ne pouvait provenir que de l’Est de la France et plus précisément à partir des départements de l’Alsace et de la Moselle. Ces trois départements furent annexés à l’empire d’Allemagne après la défaite française en février 1871.

 

2. Les débuts de l’invasion prussienne

Moins de deux semaines après la déclaration de guerre par la France, le front provisoire situé sur la frontière franco-allemande, le 1er août 1870, va progressivement s’étoffer avant les premières tentatives d’incursion de part et d’autre.

Les Prussiens, prêts depuis plusieurs mois, sont déjà en position de force dans la Sarre et à la frontière alsacienne. Les armées françaises, du fait de l’incompétence du gouvernement, n’avaient aucune information sur le positionnement et les forces ennemies en présence. Les renseignements sur les préparatifs et les plans d’invasion des Prussiens étaient quasi inexistants.

De l’expérience vécue lors de la guerre de sécession des États-Unis, les Prussiens avaient mis en application la recherche permanente des positionnements et des mouvements ennemis. Pour cela, ils utilisaient fréquemment les nombreux « sous-bois » pour observer les troupes françaises et informer leur état-major.

Du côté des Français, cette absence totale d’information sur les forces prussiennes en présence perdura durant tout le mois d’août. Ces manques handicapèrent fortement toutes les actions militaires possibles. De toute évidence, le ministère de la Guerre et les états-majors français n’avaient pas anticipé ce défaut, pourtant capital.

La France, pourtant à l’origine de la déclaration de guerre, n’avait aucun plan d’invasion des États prussiens. Les forces militaires françaises furent envoyées en urgence en Alsace et en Moselle, sans aucune véritable anticipation d’une attaque ou même d’une défense organisée. Les premières batailles se sont déroulées dans une totale improvisation, entraînant de nombreux morts parmi les Français et la perte de la confiance, déjà relative, des officiers.

 

2.1 Bataille de Sarrebruck en Moselle

Les premières échauffourées entre les parties belligérantes se sont déroulées le 2 août 1870, aux abords de Sarrebruck, en territoire prussien.  Sarrebruck, à 100 km de Metz, fait face aux villes de Forbach et Sarreguemines du département de la Moselle.

Alors que les Prussiens, situés dans cette région, étaient en train de finaliser une offensive, prévue pour le 4 août 1870, de leurs trois premières armées, Napoléon III avait ordonné une reconnaissance offensive pour mesurer la situation.

Cette opération fut confiée au maréchal François Achille Bazaine. Cette première escarmouche fit de part et d’autre une dizaine de morts et soixante-dix blessés. Évidemment, la propagande, de chaque côté de la frontière, s’attribua une « glorieuse » victoire.

En réalité, lors de cette opération, les Prussiens, par prudence, s’étaient retirés de Sarrebruck, laissant la ville aux Français jusqu’au 5 août 1870. Malheureusement, ces derniers, sans directives précises, n’avaient pas profité de cette opportunité pour affaiblir le camp adverse. Ils n’avaient ni détruit les ponts sur la Sarre, ni coupé les télégraphes.  Cette erreur coûtera très cher aux Français, lors de la bataille de Forbach-Spicheren.

 

2.2 Bataille de Wissembourg-Geisberg en Alsace

La première véritable bataille de cette guerre se déroula le 4 août 1870, au nord-est de la frontière alsacienne, aux environs des places fortifiées de Wissembourg, de Lauterbourg et de la ligne Lauter. Comme à Sarrebruck, les militaires français n’avaient aucune information sur le positionnement et les forces ennemies.

La cavalerie, qui aurait pu être utilisée pour se procurer ces informations, n’a pas été sollicitée. On a donc subi une bataille de « rencontre » qui mettra en évidence l’impréparation française et surtout des effectifs et des moyens très nettement inférieurs aux Prussiens.

Par manque d’information, de moyens et probablement aussi par incompétence, le commandement militaire français, aux ordres du maréchal Patrice de Mac Mahon, était continuellement indécis et hésitant. Les forces françaises furent souvent surprises par la supériorité de l’artillerie et des moyens techniques de l’ennemi.

Les fantassins français ne purent jamais être véritablement protégés par leur artillerie, beaucoup trop sous-dimensionnée pour être efficace. Cela a engendré des hécatombes dans les rangs français, déjà affaiblis par une mobilisation incomplète et mal gérée.

Les forces françaises dans cette région étaient composées d’une division seulement (8 000 hommes), équipée de 12 canons et 6 mitrailleuses, face à trois corps d’armée (60 000 hommes), équipés de 144 canons. Au cours de cette bataille, les fantassins français, pourtant particulièrement efficaces malgré leur infériorité en nombre, compteront 2 300 tués contre 1 551 Prussiens. Les Prussiens, après cette première bataille, ont pénétré en Alsace.

 

2.3 Bataille de Froeschwiller-Woerth en Alsace

À la suite de la bataille de Wissembourg-Geisberg, le maréchal de Mac Mahon regroupa ses nouvelles forces françaises de l’armée du Rhin pour bloquer, le 6 août 1870, l’avancée prussienne sur la position de Froeschwiller en Alsace. Les forces françaises, ce jour-là, étaient composées de 50 000 hommes face aux 90 000 Prussiens. Au-delà des effectifs, là encore, ce fut le déséquilibre des moyens techniques des deux artilleries qui fit la différence.

On retiendra lors de cette bataille la charge héroïque, mais malheureusement inutile et catastrophique des régiments de « cuirassiers » français au milieu d’un champ de vignes. On retiendra la charge de ces « cuirassiers de Reichshoffen » qui furent décimés, avant d’avoir atteint les lignes ennemies, par les fusils des fantassins et l’artillerie prussienne.

S’il fallait une preuve que la cavalerie n’avait plus sa raison d’être en 1870, sur le champ de bataille, face aux fusils rapides et à une artillerie puissante, Reichshoffen l’apporta malheureusement trop tard pour les Français.

La cavalerie, contrairement aux méthodes enseignées dans les armées françaises, aurait dû être utilisée à des fins de recherche de renseignements sur les positions et les déplacements de l’ennemi. Ce qui aurait permis une réelle adaptation aux confrontations, au lieu de les subir.

Cette bataille, certes en défaveur évidente dès le début pour les Français, fut fort décevante, entraînant 11 000 tués, 9 000 prisonniers et 10 000 morts chez les Prussiens.

 

2.4 Bataille de Forbach-Spicheren en Moselle

Cette bataille faisait suite à l’incursion des Français à Sarrebruck, le 2 août 1870. À la suite de celle-ci, les Prussiens ont lancé une contre-offensive les 5 et 6 août 1870, en direction de Forbach. Cette contre-attaque aurait pu être moins désastreuse pour les Français, si avant de quitter Sarrebruck, les armées du général Frossard avaient pris soin de détruire les installations. Il aurait fallu que les Français détruisent les ponts sur la Sarre, les installations du télégraphe et enfin saboter la voie de chemin de fer de Neunkirchen.

Ce qui ne fut, hélas, pas le cas et les 45 000 Prussiens utilisèrent les ponts pour traverser la Sarre et se regrouper face à Forbach.

Les 25 000 Français étaient installés sur les hauteurs de Spicheren, à mi-chemin entre Sarrebruck et Forbach. Le maréchal François Achille Bazaine, dont dépendait le général Charles Auguste Frossard, était encore à Saint-Avold, 30 km au sud.

Les Prussiens, deux fois plus nombreux que les Français, eurent pourtant beaucoup de mal à progresser. La puissance de feu de leur artillerie, qui, compte tenu du terrain dans les environs de Forbach, ne put être véritablement efficace lors de cette bataille.

Néanmoins, les Français avec plus de 3 000 tués ou disparus durent se replier vers Sarreguemines, avant de pousser leur retraite vers Metz. En effet, les Français, informés de l’arrivée imminente de renforts prussiens importants, durent envisager de se replier vers la place forte de Metz. Les Prussiens, avec près de 5 000 morts, ne poursuivirent pas les Français dans leur retraite, mais entrèrent à Forbach, le 7 août 1870, puis à Saint-Avold.

Après seulement une semaine, en Alsace comme en Moselle, cette « retraite » vers Metz, se comporta plutôt comme une « débandade » de troupes disparates, clairsemées et déjà démoralisées.

 

2.5 Le siège de Bitche en Moselle

Fort heureusement, la France n’a pas subi que des défaites au cours de cette guerre. Il y eut de nombreux actes héroïques et quelques victoires.

Le siège de Bitche par les Prussiens dura du 8 août 1870, jusqu’au 26 mars 1871, soit 2 mois après la signature de l’armistice signé le 1er février 1871. Dans cette place forte de première classe, 3 000 soldats français tinrent tête, plus de sept mois, à plus de 20 000 soldats Prussiens et/ou Bavarois.

Ce n’était pourtant pas gagné d’avance, car de nombreux soldats français, enfermés dans la citadelle de Bitche, n’avaient pas encore été équipés de fusils « Chassepot » et utilisaient malheureusement de vieux modèles à tabatière.

À l’inverse de toutes les actions militaires françaises en Alsace et en Moselle, Bitche a tenu bon grâce à l’efficacité et la pugnacité de son encadrement. Il faut aussi reconnaître que la défense d’une place forte, équipée d’une citadelle, était plus aisée que des combats de « rencontres » sans avoir le moindre renseignement sur la position de l’ennemi.

 

2.6 Bataille de Borny- Colombey dans la banlieue de Metz

L’armée d’Alsace, sous le commandement direct du maréchal Mac Mahon, était en train de quitter l’Alsace à travers les Vosges, pour rejoindre le camp de Châlons-en-Champagne (anciennement Châlons-sur-Marne). L’armée de Metz, sous les ordres du maréchal François Achille Bazaine, était en repli de la Sarre, vers les forts et les environs de Metz.

Cette armée, comme celle d’Alsace, avait reçu, elle aussi, la directive de Napoléon III, de rejoindre le camp de Châlons-en-Champagne, en vue de protéger Paris.

Le 14 août 1870, une importante bataille s’est déroulée dans la banlieue est de Metz, plus précisément à Borny-Colombey. Cette bataille fut le fruit de la rencontre entre l’arrière-garde de « l’armée de Metz » en cours de repli vers Metz et l’avant-garde de la première armée prussienne, du général von Steinmetz.

Metz était une place forte de première classe, incluant de nombreux forts. Outre les forts de « Queuleu » de « Saint-Julien » et le fort des « Bordes » situés à l’Est de Metz, la ville possédait de nombreux ponts. Ces derniers en faisaient une place de première importance, pour freiner, voire stopper l’avance des Prussiens vers Paris.

Les forces en présence étaient presque équilibrées avec, côté des Français, 83 500 militaires et 67 500 du côté des Prussiens. Le résultat de cette bataille donna un léger avantage aux Français avec 400 morts ou disparus et 3 500 blessés, et 1 200 Prussiens morts ou disparus et 4.900 blessés.

Le résultat de cette bataille, qui fut interprété différemment par certains historiens, apportait la preuve que « bloquer » les Prussiens en route vers Paris était possible avec des places fortes comme Metz. Certains historiens, probablement par méconnaissance de la situation réelle des forces en présence ou par idéologie, ont accusé, sans preuve, le maréchal Bazaine de désobéissance.

Au même moment, la IIe armée prussienne, commandée par le prince Frédéric Charles, était en train de contourner la place forte de Metz par le Sud, en vue de couper la route vers Verdun, à « l’armée de Metz ».

Napoléon III, de plus en plus malade et dans l’incapacité à définir clairement les actions pour les armées d’Alsace et de Metz, finira par céder le commandement général au maréchal Bazaine, le 12 août 1870.

Hélas, avant le transfert du commandement des armées françaises, Napoléon III obligea les armées d’Alsace et de Metz à dégarnir les places fortes sur le chemin de Paris, pour rejoindre Châlons-en-Champagne.

En effet, ce choix de Châlons-en-Champagne, fortement discuté et critiqué, était complètement fou du point de vue tactique. Châlons-en-Champagne, terrain plat à perte de vue, à 150 km du front, n’offrait aucune défense possible pour les armées françaises. Alors que les Français se battaient à 1 contre 3, avec une artillerie nettement plus faible que celle des Prussiens, ce choix de Napoléon III n’avait pas, à juste titre, l’assentiment de certains maréchaux et généraux.

 

2.7 Bataille de Mars-la-Tour, vingt kilomètres à l’Ouest de Metz.

Le 16 août 1870, dans la banlieue ouest de Metz, eut lieu une bataille entre « l’armée de Metz » en cours de repli vers Châlons-en-Champagne et la IIe armée prussienne, dirigée par le prince Frédéric Charles.  Cette dernière avait réussi, sans être inquiétée, le contournement au sud de Metz.

Elle était en train de se positionner sur le chemin de Verdun, en vue de couper la retraite aux armées françaises, vers Châlons-en-Champagne, lorsqu’elle rencontra fortuitement les Français à quelques kilomètres de Metz.

Les armées prussiennes et françaises étaient en mouvement. Elles se livrèrent bataille dans une totale improvisation. Les forces en présence, pourtant importantes, étaient presque équilibrées. Côté français, 110 000 hommes faisaient face à 130 000 Prussiens. Le résultat de cette bataille était, lui aussi équilibré, avec 15 800 soldats français, morts ou blessés, et 13 800 soldats prussiens, morts ou blessés.

Le prince prussien, Frédéric Charles, avait cependant réussi à donner un coup de frein important à la retraite de « l’armée de Metz » vers Châlons-en-Champagne.

L’armée de Metz, parfois encore appelée « armée du Rhin » par certains historiens, était bloquée sur la route de Verdun par la IIe armée prussienne. Cette dernière, qui venait d’être renforcée par la première armée prussienne venant de la Sarre, finit par reculer vers la place forte de Metz. Largement inférieure en nombre par rapport aux Prussiens, l’armée de Metz sera contrainte de se défendre à quelques kilomètres à l’ouest de Metz, entre Saint-Privat-la-Montagne et Gravelotte.

 

2.8 Siège de Toul et prise de la ligne de chemin de fer vers Paris

Pendant ce temps, « l’armée d’Alsace » sous le commandement du maréchal Mac Mahon était en train de se replier, à travers les Vosges, en direction de Nancy et Toul avant de poursuivre leur marche vers Châlons-en-Champagne. Cette armée était talonnée par la IIIe armée prussienne, renforcée par les 60 000 Bavarois, alliés du roi de Prusse.

À Toul, la ville était protégée par une importante citadelle. Le maréchal Mac Mahon y avait laissé 2 300 soldats français pour tenir la ville et ralentir les Prussiens.

Arrivés devant Toul, le 16 août 1870, les Bavarois, après avoir bousculé les quelques défenseurs français aux environs de Nancy, livrèrent bataille jusqu’à la capitulation de la ville, le 23 septembre 1870.

Le bilan était particulièrement lourd pour les Français avec 2 300 prisonniers et surtout grâce à la ligne de chemin de fer Toul, Nancy, Paris et les 71 canons de gros calibres, les Prussiens bénéficièrent d’un accès direct sur Paris. Ils utilisèrent ces canons contre Paris lors du siège de la ville, fin septembre 1870.

 

2.9 Grande bataille de Saint-Privat et Gravelotte en Moselle

Cette grande bataille, qui débuta le 18 août 1870, vit s’affronter deux armées prussiennes composées de 189 000 hommes et 732 canons face à « l’armée de Metz » composée seulement de 112 800 hommes et 520 canons. Le front, sur 25 km, s’étalait à une dizaine de kilomètres à l’ouest de Metz, au nord, de la commune de Marange (aujourd’hui Marange-Silvange) jusqu’aux communes au sud, de Mars-la-Tour, Gravelotte et Vaux.

L’armée française qui s’était adossée aux forts de Plappeville et de Saint-Quentin situés dans la banlieue ouest de Metz, va progressivement déserter ce champ de bataille, pour se réfugier à l’intérieur de la ville de Metz.

Lors de cette bataille, le maréchal Bazaine, devenu commandant en chef des armées françaises depuis le 12 août 1870, avait été contraint de ne plus poursuivre la retraite vers Châlons-en-Champagne, comme l’avait exigé Napoléon III. Bloqué à l’ouest, par les deux armées prussiennes, sur la route de Verdun, il décida de se réfugier, avec le reste de son armée, dans la place forte de Metz, où il résista jusqu’au 28 octobre 1870.

Sur ce champ de bataille et malgré la défection progressive des forces françaises pour se réfugier à Metz, les Prussiens auront subi des pertes nettement plus importantes avec plus de 21 000 morts ou blessés contre 12 275 morts ou blessés pour les Français.

Cette hécatombe, notamment de la garde royale prussienne, fut surtout due à l’utilisation des nouvelles « mitrailleuses » par les Français lors de cette bataille. On entendra souvent plus tard l’expression « ça tombe comme à Gravelotte » faisant référence à cet épisode.

Le choix du maréchal Bazaine, contraint de renoncer à la retraite sur Châlons-en-Champagne, de se réfugier à Metz, contraignit les Prussiens à stopper provisoirement leur marche vers Paris et à faire le siège de la place forte, le 20 août 1870.

Pendant ce temps, « l’armée d’Alsace » aux ordres du maréchal Mac Mahon, passant par les Vosges puis au sud de Nancy, avait réussi à rejoindre sans encombre, mais inutilement, le camp de Châlons-en-Champagne, où l’attendait Napoléon III.

Informé de la situation à Metz, le maréchal Mac Mahon et son armée, renforcée à Châlons-en-Champagne, reçurent l’ordre de retourner le 23 août 1870, vers la ville assiégée, pour aider le maréchal Bazaine et « l’armée de Metz » face aux Prussiens.

Encore une fois, par manque de renseignement sur la position et les mouvements des forces ennemies, Mac Mahon et son armée passèrent par les Ardennes. Ils y furent, à leur tour, bloqués à Sedan, le 1er septembre 1870, face à deux autres armées prussiennes de 160 000 hommes. Napoléon III avait accompagné Mac Mahon de Châlons-en-Champagne à Sedan.

 

 

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Pour lire la suite, voir le chapitre « La défaite de Sedan« …