1ère République
1. Contexte précédant cet épisode
1.1 1ère République, déclaration à l’Assemblée
La nouvelle Assemblée, la Convention nationale composée de 749 députés, fraîchement élus dans l’urgence, a remplacé l’Assemblée Législative, pourtant élue pour deux ans, à partir de septembre 1791, conformément à la Constitution de 1791.
La Convention nationale, imposée par la force d’un coup d’État, commencé le 10 août 1792, par l’attaque meurtrière du Château des Tuileries et l’arrestation du roi, se réunit immédiatement en septembre 1792.
Son but premier est d’imposer le changement de régime, par l’abolition de la monarchie et la déclaration de la 1ère République, alors que la Constitution de 1791 n’a pas été légalement supprimée.
Cette nouvelle Assemblée est, au départ, du 21 septembre 1792 au 2 juin 1793, légèrement dominée par les députés « Girondins » (160 députés Girondins, 200 députés Montagnards, 389 députés du Marais). Les députés « Girondins » sont majoritairement jeunes et issus de la bourgeoisie provinciale, principalement des ports côtiers.
À l’époque de cette Révolution, l’appellation « Girondins » n’existait pas, les députés se regroupaient sous les noms des meneurs comme « Brissotins » pour Brissot ou « Rolandins » pour Roland, etc. L’appellation « Girondins » fut utilisée pour la première fois au XIXe siècle par Lamartine.
C’est sous leur direction que la Convention nationale proclama l’abolition de la monarchie et la mise en place de la 1ère République. Les députés, membres de la Convention nationale, se nomment les « Conventionnels ».
Les députés « Montagnards » (appelés ainsi parce qu’ils siégeaient sur les bancs situés les plus en hauteur dans l’Assemblée) sont les plus radicaux, avec les députés de Paris. Ils sont menés par les plus virulents, comme Maximilien de Robespierre, Danton, Marat ou Saint-Just. Ces députés, alliés aux « sans-culottes » de la Commune de Paris, sont les plus demandeurs de la mise en place de mesures d’exception, pour « sauver la patrie en danger ».
Les députés du « Marais » (ou la « Plaine »), bien que les plus nombreux, sont majoritairement au centre. Ils soutiennent tour à tour les députés « Girondins » ou les « Montagnards ». Au début, ils auront tendance à soutenir de préférence les « Brissotins ». Par la suite, la « Terreur » s’imposant progressivement à Paris, ils rejoindront, par peur, les extrémistes « Montagnards » ou s’abstiendront de choisir, laissant la violence se répandre dans tout le pays.
Les « Girondins », comme les « Montagnards » sont membres du Club de Jacobins et après le coup d’État du 10 août 1792, ceux-ci vont former dans ce club un pouvoir parallèle à la Convention nationale.
Toutes les lois sont élaborées, discutées et écrites au sein de ce club, avant d’être « proposées » à la Convention nationale. Maximilien de Robespierre y imposera ses décisions et les opposants seront progressivement écartés.
Sur la fin 1792, le Club des Cordeliers passe sous le contrôle des extrémistes de gauche appelés « exagérés » avec à leur tête, Jacques-René Hébert, chantre de la révolution populaire dans son journal « Le Père Duchesne » et Chaumette, porte-parole des sectionnaires des gauches parisiennes.
1.2 Vers le procès de Louis XVI
La découverte de « l’armoire de fer » (sorte de coffre-fort), camouflée dans les appartements du roi, au château des Tuileries, sera le déclencheur (prétexte) du procès de Louis XVI, souhaité par les membres du Club des Jacobins.
Pour créer l’irréparable, les « Montagnards » réclament la mort de Louis XVI. Les « Girondins » tentèrent, au contraire, de le sauver, en demandant que la sentence soit soumise à la ratification du peuple. Cette demande est refusée par la Convention nationale et la peine de mort sans condition est prononcée par 361 voix pour, 360 voix contre et 4 abstentions.
1.3 À l’extérieur du pays
À l’extérieur du pays, la guerre continue et les armées françaises occupent Nice et la Savoie, la rive gauche du Rhin et les Pays-Bas autrichiens (actuelle Belgique et le Luxembourg).
Après l’invasion des bouches de l’Escaut par les troupes françaises, l’Angleterre entre dans la coalition anti-France et rejoint l’Autriche-Hongrie et la Prusse. Elle sera suivie de l’Espagne et de la Hollande.
2. 1ère République, conséquences et suite des événements
2.1 Vers la Terreur
Les défaites militaires de l’armée de la République, dans les Pays-Bas autrichiens, obligent à la retraite et à l’évacuation de la Belgique. D’un autre côté, les troupes françaises dans Mayence capitulent, l’Alsace est envahie. Les soldats anglais occupent Toulon, avec l’accord des habitants, ceux-ci, étaient effrayés par la « Terreur » républicaine parisienne.
Avec les contraintes liées à la guerre et à la famine grandissante dans tout le pays, la colère générale gronde de plus en plus. Du côté des finances, l’Assignat, papier-monnaie créé par l’Assemblée Constituante, a perdu la moitié de sa valeur.
Les tensions de plus en plus vives dans tout le pays entraînent à Paris des situations de conflits directs, entre les membres de la Commune de Paris, les membres des clubs et les députés de la Convention nationale.
Pour éviter de se laisser dépasser à nouveau par la Commune de Paris, comme en août 1792, les « Montagnards » imposent des mesures d’exception, en mettant en place divers Comités ou Tribunaux, pour imposer leurs volontés.
Le comité de salut public, qui a tout pouvoir, sur toutes les institutions civiles ou militaires, va imposer par la force ses décisions pour « sauver » la République. On trouvera successivement à sa tête des députés implacables, comme Danton, Saint-Just, Maximilien de Robespierre, Couthon, ou Carnot.
Les « émigrés » et « rebelles » contrôlés et jugés par le Tribunal criminel extraordinaire de Paris, ou les Comités de surveillance en province, sont passibles de la peine de mort.
2.2 Début des guerres en Vendée
Des conflits naissent dès le printemps 1793, entre certains départements de province et le nouveau pouvoir des sections révolutionnaires de la gauche parisienne, à travers ces différents tribunaux ou comités.
En Vendée et en Bretagne, la révolte tourne carrément à la guerre civile, après la levée d’une conscription de 300 000 hommes par la Convention nationale pour répondre à la guerre contre les coalisés. Il y aura de nombreuses batailles (une trentaine au total), qui feront plusieurs dizaines de milliers de morts en Vendée et dans la vallée de la Loire entre « Chouans » et « milices » de la République, pendant plus d’un an, de mars 1793 à mars 1794.
2.3 Conséquences après la mort de Louis XVI
Les conflits à Paris entre les sympathisants « républicains » et les « pro-constitutions » après l’exécution de Louis XVI le 21 janvier 1793 vont progressivement être de plus en plus violents. Louis XVI sera décapité suite à un vote nominal majoritaire, d’une seule voix, au sein de la Convention nationale.
Son propre cousin, le duc d’Orléans Louis-Philippe, devenu entre-temps, Philippe-Égalité, car il n’était plus très bien vu, de se présenter comme aristocrate, a voté la peine de mort de Louis XVI. Le duc d’Orléans a été soupçonné d’être l’un des premiers commanditaires de la Révolution, dès 1788.
Il était proche des révolutionnaires extrémistes de Paris, comme Camille Desmoulins ou Marat (qui était son médecin). On pensera ultérieurement que si ce vote avait été à bulletin secret, Louis XVI n’aurait pas été condamné à la peine capitale.
2.4 La grande Terreur
Comme cela se passera souvent, pendant cette longue période de « Terreur » à Paris, le duc d’Orléans, comme beaucoup de députés « extrémistes« , sera lui aussi arrêté plus tard, jugé et condamné à la guillotine en novembre 1793, par le Tribunal révolutionnaire.
À la suite des nombreuses défaites militaires à l’extérieur face aux coalisés et à l’intérieur face aux révoltés, dans différents départements de Bretagne et de Vendée, la Convention nationale a laissé prendre les pouvoirs exceptionnels du pays par le Tribunal révolutionnaire, créé par Danton. Après ce Tribunal révolutionnaire, différents Comités ont été mis en place de fin 1792 à juillet 1793.
Depuis la création du comité de salut public, le 6 avril 1793, pour essayer de résoudre les trop grandes difficultés et les nombreux problèmes, tant à l’intérieur du pays qu’à l’international, celui-ci passa sous la direction de Maximilien de Robespierre, à partir de juillet 1793. Dès lors, le régime mis en place sera autoritaire, tyrannique, sanguinaire, expéditif et ne supportant aucune contradiction.
La peine de mort sera très souvent appliquée, y compris sans jugement et sans délai. On était loin de ce que l’on serait en droit d’attendre au 21e siècle, d’une République. Pendant la Convention nationale et le Comité de salut public, on était plus proche d’une véritable dictature, entre 1792 et 1795, que d’une « démocratie » républicaine.
Une loi des « suspects » fut mise en place le 17 septembre 1793, donnant encore plus de pouvoir aux différents Comités, pour inculper sans preuve et sans jugement. La peine de mort sans délai était pratiquée à grande échelle dans tout le pays.
Une autre loi des « prix maximum », fut mise en place à partir du 29 septembre 1793. Tout contrevenant à cette loi était immédiatement guillotiné sans jugement.
Après cette violence extrême, validée et « assumée » par l’officialisation de la « Terreur » le 5 septembre 1793, le pays commencera seulement à enregistrer les premières victoires sur certains champs de bataille à « l’extérieur » face aux coalisés à partir du 16 octobre 1793.
Ce fut le cas à la bataille de Wattignies suivie le 19 décembre 1793, à Toulon, bataille à laquelle le jeune officier Bonaparte, commandant de l’artillerie, avait brillamment participé.
2.5 Génocide en Vendée
À la suite des nombreuses batailles (une trentaine) en Vendée et dans la vallée de Loire qui ont engendrées de nombreuses victimes, une haine profonde et sans limite des « Vendéens » ou « Chouans » aurait atteint une grande partie des « milices » révolutionnaires ou républicaines, dirigées par le général Jean-Baptiste Carrier.
Ces derniers n’hésiteront pas à pratiquer un véritable « génocide » de plus de 10 000 innocents (hommes, femmes, enfants) en les noyant de force dans la Loire à Nantes de fin 1793 à fin février 1794.
Des « colonnes infernales » de miliciens de la République, dirigées par le général Louis-Marie Turreau, sillonnèrent la Vendée début 1794, massacrant la population, incendiant fermes, villages, récoltes et troupeaux.
Ce génocide de Vendée-Bretagne a fait plus de 150 000 morts, uniquement des Français tués par d’autres Français, en deux ans seulement.
2.6 L’anticléricalisme et la fin de Robespierre
De Robespierre s’attaquera ensuite à la religion catholique, en la supprimant officiellement par une loi fin 1793 et en essayant de créer une « religion de l’être suprême » dans laquelle, l’être « suprême » est le peuple. Il fera ensuite en 1794, arrêter et exécuter ses opposants principaux (Danton, Camille Desmoulins, Chaumette, Dillon, Hébert, Pache et leurs amis).
Après l’arrestation et l’exécution de Maximilien de Robespierre fin juillet 1794, un calme précaire commença enfin à s’installer en France. La Commune de Paris et le Tribunal révolutionnaire seront supprimés, et les clubs seront fermés.
C’est à ce moment que le jeune officier Bonaparte fut arrêté, puis relaxé quelques jours plus tard. Celui-ci, en effet, était devenu général, à la suite de sa brillante intervention à la tête de l’artillerie, qui permit de chasser les Anglais de Toulon.
Bonaparte devait cependant en partie cette promotion fulgurante à l’intervention d’Augustin de Robespierre, frère de Maximilien de Robespierre, présent à Toulon au moment des événements.
Pendant toute cette période de « Terreur », allant des premières exécutions parisiennes de fin 1792 à juin 1794, on estime à plus de 300 000 victimes françaises uniquement en France, par les différentes factions ou milices de la République. Auxquelles, il faut ajouter plus de 500 000 personnes emprisonnées.
C’est malheureusement le peuple qui aura le plus souffert avec 59 % des guillotinés, 20 % étaient des marchands ou spéculateurs, 9 % des nobles et 7 % des ecclésiastiques. Ce qui met à mal, s’il en était encore besoin, les fausses informations diffusées au fil des Républiques suivantes, comme la « Révolution par le peuple et pour le peuple ».
2.7 La période Thermidorienne
La Convention nationale, devenue Convention Thermidorienne (parce que ces événements se déroulent en juillet et août, soit en Thermidor suivant le calendrier républicain), après la chute de Maximilien de Robespierre, valide le 22 août 1795 une nouvelle Constitution dite de l’An III.
Celle-ci modifia la gestion du pouvoir en France en instituant deux assemblées, le Conseil des Anciens (sorte de Sénat) et le Conseil des cinq-cents (sorte d’assemblée législative). Cette nouvelle Constitution est approuvée par référendum en septembre 1795. Les députés qui détiennent le « pouvoir » dans cette Assemblée sont appelés les « Thermidoriens » (Barras, Tallien, Fouché).
Le 5 octobre 1795 (13 Vendémiaire dans le calendrier républicain), les royalistes, privés de tout espoir de reprendre le pouvoir, par les voies pacifiques et légales, tenteront un coup d’État par la force à Paris. Aidés par plusieurs sections parisiennes de la Garde Nationale, ils seront stoppés net dans leur parcours, par l’intervention du jeune général Bonaparte, à la tête d’un régiment d’artillerie.
Celui-ci, sollicité par Paul-François de Barras, général en chef de l’armée de l’Intérieur, fera tirer au canon sur trois cents insurgés royalistes sur les marches de l’église Saint-Roch à Paris et arrêtera ainsi la progression de 25 000 insurgés pro-royalistes.
Bonaparte, à vingt-six ans, à qui Barras confiera la responsabilité de l’ordre à Paris, sera surnommé le « Général Vendémiaire » à la suite de cette opération, qui « sauva » la République.
Le 26 octobre 1795, la Convention Thermidorienne se dissout conformément à la Constitution de l’An III, pour laisser la place au Conseil des Anciens, au Conseil des cinq-cents et à un nouveau pouvoir exécutif (à la place du roi) appelé « Directoire » composé de cinq « directeurs ». Ces derniers seront élus par le Conseil des Anciens à partir d’une liste de dix noms proposés par le Conseil des « cinq-cents ».
Chacun des « directeurs » préside à tour de rôle et chaque année l’un d’entre eux, tiré au sort, devra quitter le « Directoire » pour être remplacé par un nouvel élu. Les premiers « directeurs » ainsi nommés sont Paul Barras, Jean-François Reubell, Louis-Marie de La Réveillière-Lépeaux, Etienne-François Letourneur et Lazare Carnot.
2.8 Bonaparte dans la première campagne d’Italie
Barras confiera à Bonaparte en mars 1796 le commandement de l’armée d’Italie, face aux coalisés, et lui présentera avant son départ celle qui deviendra sa première épouse, Joséphine de Beauharnais. Celle-ci était veuve d’Alexandre de Beauharnais, Vicomte, général de l’armée du Rhin, ancien président de l’Assemblée Constituante en juin 1791, lors de la tentative de fuite de Louis XVI.
Alexandre de Beauharnais fut condamné par le Tribunal révolutionnaire, suite à la défaite de Mayence, et guillotiné le 23 juillet 1794.
À l’extérieur du pays, au terme de trois années de guerre, la coalition antifrançaise se disloque progressivement. La Prusse s’est retirée en premier par le traité de Bâle en avril 1795. Elle sera suivie par l’Espagne au second traité de Bâle en juillet 1795, puis de la Hollande au traité de La Haye, en mai 1796. Fin 1796, il ne restera dans la coalition que l’Autriche et l’Angleterre.
D’avril 1796 à février 1797, la brillante campagne d’Italie, face aux armées autrichiennes, menée par le général Bonaparte à la tête de son armée, permettra de faire la paix, par le traité de Campo-Formio, avec l’Autriche vaincue.
Si l’Autriche s’est agrandie de la Vénétie, tout le nord de l’Italie revient à la France, ainsi que la Belgique (anciens Pays-Bas autrichiens), la Savoie, le Comté de Nice et tous les territoires à l’ouest du Rhin.
2.9 La situation en France se dégrade
Malheureusement, en France, après une courte période d’accalmie, les tensions avec les royalistes reprennent, après leurs élections au Conseil des « cinq-cents », où en avril 1797, les membres de cette Assemblée sont renouvelés, par tiers chaque année et au Conseil des Anciens où les royalistes étaient déjà majoritaires.
Les directeurs « Jacobins » furent obligés de faire appel à l’armée, suite à une tentative de coup d’État. Ils réinstaureront un régime « révolutionnaire » et policier pour rétablir l’ordre. Par la suite des élections d’avril 1798, ce sera un basculement à gauche, qui modifiera l’équilibre du « Directoire », devenant à nouveau révolutionnaire. Ce qui entraîna partout en France, de nouvelles insurrections royalistes.
Après la mort le 8 juin 1795, en détention à la tour du Temple, du jeune Louis XVII, le comte de Provence, frère puîné de Louis XVI, alors en exil à Vérone, prend le titre de Louis XVIII.
Celui-ci fera pression sur les royalistes installés en France et à l’étranger, pour renverser le Directoire et les Assemblées (Conseil des Anciens et Conseil des cinq-cents). Il fit aussi pression sur le général Pichegru, commandant de l’armée du Nord et installé en Hollande, après sa victoire sur la flotte hollandaise, prise dans les glaces du port d’Amsterdam.
Ce général Pichegru, ancien « répétiteur de mathématiques » du jeune élève officier Bonaparte à l’école royale de Brienne, trahira la République en cédant aux royalistes et à Condé, en favorisant les armées autrichiennes, face à l’armée du général Jourdan.
Le général Pichegru, aidé par les royalistes, sera élu en avril 1797, président du Comité des « cinq-cents ». Il préparera un coup d’État, en vue de la restauration de Louis XVIII. Son projet sera découvert en septembre 1797. Pichegru fut arrêté et déporté à Cayenne en Guyane.
Les succès et la notoriété grandissante du général Bonaparte effraient le « Directoire » et les Assemblées. Aussi, sous le prétexte de contrarier l’Angleterre et son commerce avec les Indes, Barras envoie en Égypte, le 19 mai 1798, Bonaparte et un corps expéditionnaire de 38 000 hommes, accompagné de scientifiques.
Cette armée s’empara de Malte en juin 1798 et arrivera sur les côtes égyptiennes le 1er juillet 1798. La flotte française stationnée à Aboukir sera défaite par les Anglais début août 1798, condamnant le corps expéditionnaire français à rester en Égypte jusqu’en 1801.
2.10 Nouvelle coalition anti-France
À l’extérieur, c’est le moment choisi par une nouvelle coalition antifrançaise, composée de l’Angleterre, l’Autriche, Naples, la Russie et la Turquie, pour reprendre les hostilités et chasser d’Italie les armées de la République.
À l’intérieur, le « Directoire » affronte une nouvelle fois deux menaces : celle des « Jacobins » et leur esprit révolutionnaire, qui se sont renforcés aux dernières élections d’avril 1799, et celle des « modérés » qui souhaitent terminer la Révolution et qui aspirent à un retour au calme.
Ces événements vont entraîner le retour en France du général Bonaparte et, par le coup d’État du 18 brumaire (9 novembre 1799), la fin de la Première République, la fin de la Révolution de 1789 et la mise en place du Consulat puis du Premier Empire.
Pour lire la suite, voir le chapitre « Coup d’état du 18 Brumaire »…
3. Chronologie des événements
Le 22 septembre 1792, la Convention nationale décide de dater dorénavant les actes publics à partir de « l’An Un de la République ». Ceci implique la mise en place du nouveau « calendrier républicain » préparé par le poète Fabre d’Eglantine.
Le 25 septembre 1792, le député « jacobin » Danton fait proclamer « la République française, une et indivisible ».
Le 6 novembre 1792, les troupes françaises, avec le général Dumouriez, remportent une belle victoire à Jemmapes (près de Mons en Belgique, face aux troupes autrichiennes).
Le 14 novembre 1792, les troupes françaises entrent dans Bruxelles.
Le 20 novembre 1792, découverte de « l’armoire de fer », sorte de coffre-fort secret, dans les appartements du roi au château des Tuileries.
Le 27 novembre 1792, la France annexe la Savoie.
Le 2 décembre 1792, le maire de Paris, Pétion, est remplacé par Chambon.
Le 11 décembre 1792, ouverture du procès de Louis XVI devant la Convention nationale, convertie pour la circonstance en Tribunal exceptionnel.
Le 15 janvier 1793, les députés de la Convention nationale, après le procès de Louis XVI, commencé le 11 décembre 1792 et qui s’est terminé le 7 janvier 1793, votent sur quatre questions, dont une sur la peine qui sera infligée au roi. À l’issue d’un scrutin par appel nominal, qui a duré 24 heures, Louis XVI est condamné à la peine capitale avec 361 voix pour, 360 contre et 4 abstentions. On notera ici, d’une part, que le duc d’Orléans Louis-Philippe devenu Louis Philippe-Égalité, pourtant cousin de Louis XVI, a voté pour la peine de mort et d’autre part, qu’il était le père du futur roi des Français, Louis-Philippe 1er en 1830.
Le 21 janvier 1793, Louis XVI, à 10h22, sur l’actuelle place de la Concorde, monta à l’échafaud devant une foule immense.
Le 22 janvier 1793, démission du ministre de l’Intérieur Jean-Marie Roland de la Platière, remplacé par Dominique Joseph Garat (avocat, journaliste et philosophe).
Le 31 janvier 1793, annexion de Nice. Danton réclame l’annexion de la Belgique.
Le 1er février 1793, déclaration de guerre à l’Angleterre et à la Hollande.
Le 14 février 1793, le maire de Paris, Chambon, est remplacé par Pache.
Le 24 février 1793, la Convention nationale décrète la levée d’une conscription de 300 000 hommes pour les armées françaises. Cette conscription déclenchera dès le mois de mars 1793, des révoltes en Bretagne et en Vendée. Ce fut le début des guerres de Français contre des Français (Chouannerie). Plus d’une trentaine de batailles entre révoltés et les milices de la République se dérouleront jusqu’à fin mars 1794.
Le 7 mars 1793, déclaration de guerre à l’Espagne.
Le 10 mars 1793, création par Danton du Tribunal révolutionnaire.
Le 18 mars 1793, la défaite des troupes françaises avec le général Dumouriez à Neerwinden donne le signal de la débâcle pour l’armée de la République.
Le 18 mars 1793, défaites à l’extérieur et révoltes à l’intérieur, les députés de la Convention nationale, s’affolent et instituent une Commission de salut public.
Le 21 mars 1793, les révoltes à l’intérieur, notamment en Vendée, obligent la Convention nationale à mettre en place en province, des Comités de surveillance.
Le 28 mars 1793, création du Tribunal criminel extraordinaire de Paris qui prononce des sentences sans appel et immédiatement exécutoires. En parallèle, en province et dans les armées, des représentants de ce tribunal sont chargés de contrôler les autorités locales. D’autre part, plus de 20 000 Comités de surveillance sont envoyés dans tout le pays pour délivrer des « Certificats de civisme« , détecter des « suspects » et les faire emprisonner, et enfin contrôler et interroger toutes les personnes « louches ».
Le 5 avril 1793, le général Dumouriez, mis en accusation par la Convention nationale, passe à l’ennemi. Il est accompagné du duc de Chartres, alors lieutenant-Général de l’Armée du Nord, fils du duc d’Orléans devenu Philippe-Égalité depuis 1792 et père du futur roi des Français Louis-Philippe 1er.
Le 6 avril 1793, la Convention nationale institue un « comité de salut public » constitué de députés élus et renouvelables chaque mois. Cet organisme aura pouvoir sur tous les organes civils et militaires.
Le 7 avril 1793, la Convention nationale sous la présidence des « Montagnards » demande l’arrestation de tous les membres de la famille des Bourbons suite à la tentative de coup d’état du général Dumouriez. Le duc d’Orléans devenu Philippe-Égalité en 1792, sur le conseil de Pierre-Louis Manuel, procureur de la Commune de Paris, et ses deux autres fils, le duc de Montpensier et le comte de Beaujolais sont transférés au fort Saint-Jean à Marseille. Ramené à Paris le 2 novembre 1793, le duc d’Orléans sera jugé et condamné à mort le 6 novembre 1793, par le Tribunal révolutionnaire.
Le 23 mai 1793, défaite de l’armée française face aux coalisés à Famars près de Valencienne.
Du 27 mai au 2 juin 1793, les « Montagnards » et la Commune de Paris s’allient contre les « Girondins ».
Le 2 juin 1793, arrestation de 31 députés « Girondins ». Ceux-ci seront exécutés le 31 octobre 1793
Le 13 juillet 1793, assassinat de Marat par Charlotte Corday.
Le 23 juillet 1793, capitulation de l’armée française à Mayence face aux coalisés.
Le 27 juillet 1793, de Robespierre prend la tête du comité de salut public.
Le 15 août 1793, démission du ministre de l’Intérieur Garat, remplacé par Paré.
Le 23 août 1793, mobilisation générale de toute la population masculine et réorganisation des armées.
Le 27 août 1793, la ville de Toulon se livre aux Anglais.
Le 5 septembre 1793, la « Terreur » est officialisée.
Le 13 septembre 1793, les troupes françaises battent les Savoisiens à la bataille de Méribel.
Le 17 septembre 1793, promulgation de la loi des « suspects » qui confirme la paranoïa révolutionnaire, basée sur la hantise des conspirations ou complots réels ou imaginaires.
Le 29 septembre 1793, la situation sociale et économique du pays étant catastrophique, une loi du « Tarif maximum » est votée pour imposer les prix des matières de première nécessité comme le blé, le pain, le sel, etc. Tout contrevenant à cette loi fut immédiatement guillotiné.
Le 9 octobre 1793, les troupes républicaines reprennent Lyon.
Le 16 octobre 1793, exécution de Marie-Antoinette de la Maison des Habsbourg-Lorraine, place de la Concorde.
Le 16 octobre 1793, les armées françaises battent les Autrichiens à la bataille de Wattignies.
Le 25 octobre 1793, mise en usage du Calendrier révolutionnaire ou républicain. Le calendrier grégorien fut supprimé à partir du 24 novembre 1793 et remplacé par le calendrier républicain.
Le 10 novembre 1793, abolition de la religion catholique et mise en place du « culte de l’être suprême ».
Le 17 novembre 1793, début des « noyades de Nantes », dans lesquelles près de 10 000 innocents (hommes, femmes, enfants) furent noyés de force par les milices républicaines, dirigées par Jean-Baptiste Carrier, sous prétexte d’être « suspects » à la Révolution. Commencées le 17 novembre 1793, elles se termineront en février 1794.
Le 19 décembre 1793, reprise de Toulon aux anglais.
Le 19 janvier 1794, les Anglais débarquent en Corse.
Le 4 février 1794, abolition de l’esclavage dans les colonies françaises.
Le 19 janvier 1794, exécutions des « Hébertistes » appelés les « exagérés ».
Le 5 avril 1794, exécutions de Danton, Camille Desmoulins et leurs amis.
Le 13 avril 1794, exécutions de Lucile Desmoulins, Chaumette, du général Dillon, de l’ex-évêque Gobel et de la veuve d’Hébert.
Le 10 mai 1794, arrestation de Pache, maire de Paris, remplacé par Fleuriot-Lescot.
Le 10 juin 1794, extension des pouvoirs des Tribunaux révolutionnaires (Grande Terreur).
Le 26 juin 1794, première grande victoire des armées révolutionnaires françaises à Fleurus en Belgique face aux coalisés.
Le 27 juillet 1794, arrestation de de Robespierre.
Les 28 et 29 juillet 1794, exécution des « Robespierristes ».
Le 11 novembre 1794, fermeture du Club des Jacobins.
Le 8 décembre 1794, retour de soixante-treize députés « Girondins » à la Convention nationale.
Le 24 décembre 1794, abrogation de la loi sur les « prix maximum ».
Le 1 avril 1795, première insurrection des « sans-culottes » parisiens contre la Convention nationale.
Le 5 avril 1795, traité de Bâle par lequel, la Prusse se retire de la coalition anti-France.
Le 20 mai 1795, seconde insurrection parisienne des « Montagnards » qui souhaitaient faire un coup d’État et restaurer un gouvernement révolutionnaire. Insurrection matée par les troupes commandées par le général Jacques-François Menou. La Garde Nationale est épurée et ne compte plus que des bourgeois aisés.
Le 31 mai 1795, suppression du Tribunal révolutionnaire.
Le 8 juin 1795, décès en captivité du jeune dauphin Louis de France, qui aurait été Louis XVII, s’il avait été sacré à la Cathédrale de Reims. Le comte de Provence, frère puîné de Louis XVI, bien qu’en exil à Vérone, devient Louis XVIII.
Du 23 juin au 21 juillet 1795, débarquement à Quiberon, de l’armée des émigrés Français. Cette opération a été organisée par l’Angleterre, le futur Louis XVIII et son frère le comte d’Artois, futur Charles X, en vue de réaliser un coup d’État avec l’armée des Chouans. Ce débarquement fut repoussé au 21 juillet 1795.
Le 22 juillet 1795, second traité de Bâle par lequel, l’Espagne se retire de la coalition anti-France.
Le 22 août 1795, la Constitution de l’An III ou 1795 est adoptée
Le 23 septembre 1795, le système métrique et adopté et remplace tous les systèmes de mesures antérieurs.
Le 5 octobre 1795, insurrection royaliste à Paris, stoppée par le général Bonaparte et son régiment d’artillerie.
Le 19 décembre 1795, libération et exile en Autriche de Marie-Thérèse Charlotte (dite Madame Royale) fille aînée de Louis XVI.
Le 9 mars 1796, mariage du général Bonaparte avec Joséphine de Beauharnais.
Le 10 mai 1796, bataille et victoire à Lodi de l’armée d’Italie commandée par le général Bonaparte face aux troupes autrichiennes.
Le 14 janvier 1797, bataille et victoire de l’armée d’Italie à Rivoli Veronese.
Le 17 octobre 1797, signature du traité de Campo-Formio entre le vainqueur Bonaparte et le représentant de l’empereur François II du Saint empire, le vaincu.
Le 19 mai 1798, départ de Toulon, du corps expéditionnaire de 37 000 hommes, commandé par le général Bonaparte pour l’Égypte.
Le 13 juin 1798, prise de Malte par le corps expéditionnaire commandé par le général Bonaparte.
Le 14 janvier 1798, bataille des Pyramides et victoire du corps expéditionnaire commandé par Bonaparte sur les Mamelouks.
Le 21 juillet 1798, le corps expéditionnaire français prend Le Caire.
Le 2 août 1798, bataille et défaite navale de la flotte française à Aboukir.
Le 24 décembre 1798, alliance entre la Russie et l’Angleterre contre la France.
Du 17 au 19 juin 1799, bataille et défaite de l’armée d’Italie face aux coalisés russes et autrichiens à Trébia près de Plaisance.
Le 25 juillet 1799, nouvelle bataille à Aboukir et victoire du corps expéditionnaire français commandé par le général Bonaparte, face à une nouvelle armée turque.
Le 29 septembre 1799, retour à Ajaccio du général Bonaparte.
Le 16 octobre 1799, arrivée à Paris du général Bonaparte.
Le 22 octobre 1799, la Russie se retire de la coalition anti-France.
Le 9 novembre 1799, coup d’État du 18 Brumaire.
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