Ancien Régime…Contexte
1. Contexte
Cette appellation « Ancien Régime », est née en 1790, pour désigner une période de l’Histoire de France, couvrant la monarchie des rois de France de François 1er à Louis XVI. Appellation, évidemment, à connotation péjorative dans la bouche des révolutionnaires post–1789.
Pour moi, cette désignation d’une période historique importante du Roman National représente une phase cruciale de la construction du royaume de France, aux dimensions géographiques encore actuelles, socle de la Nation Française jusqu’à nos jours.
C’est pendant ces deux siècles qu’ont été progressivement assemblés les ingrédients qui amèneront à la Révolution de 1789. Par ruissellement, les nombreux problèmes de fonctionnement, encore présents au 21e siècle, de l’État, de son administration, de la Justice, des droits de l’homme et du citoyen, sont liés à la scission entre l’Église et l’État.
Les principales causes des guerres dites de « religion », en France et en Europe, de François 1er à Louis XIV, portent sur l’évolution de la reconnaissance et l’interprétation de la religion catholique, après la première publication de la Bible, traduite et imprimée par Gutenberg en 1455.
Cette publication à grande échelle a suscité, pendant plus de deux siècles, diverses interprétations et courants religieux en France, mais aussi dans toute l’Europe. En France, l’Église française Réformée face aux Contre-réformes, Ligues catholiques à l’ancienne. En Allemagne, Martin Luther prônait une réformation allemande. En Suisse, Jean Calvin poussa des idées protestantes, qui se diffuseront aussi dans une grande partie de la France.
Ces guerres de religion auront des incidences importantes, sous le règne d‘Henri IV, de Louis XIII et de Louis XIV jusqu’au traité de Westphalie en 1648 qui clôt une guerre de Trente ans.
Le royaume de France, alors en pleine construction au fil des guerres de possession, de religion ou de succession, se trouve alors souvent en conflit direct, avec son « voisin » le Saint Empire romain, anti-réforme, lui-même protecteur des Papes et de l’Église romaine.
Le Saint Empire, appelé aussi sous divers noms par certains historiens, comme le « Saint Empire romain germanique » (nom donné au départ, après la disparition de l’Empire romain d’occident) ou ultérieurement « la Maison d’Autriche » ou « la Maison des Habsbourg » (évolution du nom de la dynastie de cet empire) représentait un conglomérat de pays, d’évêchés, de royaumes ou de duchés.
Le Saint Empire s’est construit au fil des siècles après Charlemagne, soit de l’an 962 à 1806, principalement au centre de l’Europe (l’Autriche, la Hongrie, la Croatie, l’Allemagne actuelle, la Prusse, la Suisse, la Belgique, le Luxembourg, la Hollande, une grande partie de l’Italie et certaines parties de la France comme la Lorraine, l’Alsace, la Savoie, une partie de la Bourgogne, la Corse et la Sardaigne). L’Espagne a été très longtemps une alliée privilégiée du Saint Empire.
L’un des Empereurs, plus particulièrement connu grâce à l’histoire de France, enseignée dans le milieu scolaire, sous le règne de François 1er, est Charles Quint. Charles Quint était en fait, Charles V de la Maison des Habsbourg, roi d’Espagne ainsi que des provinces rattachées (Pays-Bas) et empereur du Saint Empire.
Les Empereurs du Saint Empire sont nommés (élus), par une assemblée (Diète), composée uniquement de princes-électeurs. À partir de 1745, le nouvel Empereur élu est François 1er, Duc de Lorraine qui crée ainsi « la Maison des Habsbourg – Lorraine ».
Cette dynastie donnera naissance à plusieurs empereurs, rois ou reines. Parmi ceux-ci, les plus connus étaient, Marie-Antoinette de Habsbourg-Lorraine, épouse de Louis XVI et reine de France, Marie-Louise de Habsbourg-Lorraine, Impératrice et épouse de Napoléon 1er, Maximilien 1er, deuxième Empereur du Mexique, Marie-Henriette de Habsbourg-Lorraine, reine de Belgique, Marie-Christine de Habsbourg-Lorraine, reine d’Espagne, Marie-Léopoldine de Habsbourg-Lorraine, Impératrice du Brésil, ainsi que les Empereurs d’Autriche-Hongrie Joseph II et François-Joseph 1er.
Le Saint Empire a lui aussi connu plusieurs périodes de construction et de guerres de territoires. Le royaume de France lui a survécu un siècle durant, mais au prix de trois Révolutions (1789, 1830, 1848).
Le dernier empereur du Saint Empire fut François II de la Maison des Habsbourg-Lorraine. Celui-ci abdiqua et dissolut le Saint Empire, le 6 août 1806, sur la pression de Napoléon 1er et des troupes françaises.
En France, le roi Henri IV descend de Louis IX (Saint Louis) par le sixième fils, Robert de Clermont, fondateur de la Maison des Bourbons. Henri IV fut le premier roi de France de la Maison des Bourbons. Il sera suivi par Louis XIII, Louis XIV, Louis XV, Louis XVI, Louis XVII, Louis XVIII et Charles X. Le dernier roi de France (on dira pour lui « roi des Français« ), Louis-Philippe 1er, était le premier et seul roi issu de la Maison d’Orléans.
Louis XVII, fils de Louis XVI, est mort en captivité pendant la Révolution de 1789. Les règnes de Louis XVIII et Charles X, frères cadets de Louis XVI, se dérouleront dans la période post-Révolution 1789 et Premier Empire, appelée « Restauration ». Le règne de Louis-Philippe 1er suivra la période dite « Révolution de 1830« .
2. Période Louis XIII
En 1599, le mariage d’Henri IV et de Marguerite de Valois (surnommée Margot), fille de la reine Catherine de Médicis, a été annulé. Henri IV épouse l’année suivante Marie de Médicis, fille du grand-duc de Toscane. Leur premier fils, le futur Louis XIII, est venu au monde en 1601.
À la mort d’Henri IV, Louis XIII n’a que 9 ans et sa mère Marie de Médicis assure la régence avec son compatriote Concino Concini. Ces derniers organisent le mariage de Louis XIII avec l’infante d’Espagne Anne d’Autriche, elle aussi de la Maison des Habsbourg. Cette union sera célébrée en 1615, Louis XIII et l’infante n’ont que 14 ans.
Il semble utile de noter ici que Marie de Médicis, issue de Toscane (Italie) sous tutelle du Saint Empire, Maison des Habsbourg, travaillait à un rapprochement entre celui-ci et le royaume de France. Ce choix avait été pourtant écarté par Henri IV, père de Louis XIII, avant son assassinat. Celui-ci, pour agrandir pacifiquement le royaume de France, lui préférait Nicole de Lorraine, Duchesse de Lorraine et de Bar. De plus, Concini était proche de l’empereur Maximilien du Saint Empire, Maison des Habsbourg, ce qui laissait supposer une emprise sur le royaume de France.
La régence prolongée pour de faux prétextes, après la majorité du roi par Marie de Médicis et Concini, est une catastrophe, entraînant la révolte des grands seigneurs dirigés par de Condé en 1614, puis la convocation des États Généraux, pour résoudre la crise.
Le 24 avril 1617, Louis XIII, enfin roi à 17 ans, décide de se débarrasser définitivement de Concini et ponctuellement de sa mère. Cette dernière, sans doute sous des pressions extérieures, reviendra plusieurs fois à la charge pour essayer d’imposer sa volonté, y compris avec les armes.
Louis XIII, timide et bègue au début de son règne, est solitaire. Son mariage avec Anne d’Autriche, consommé en 1619, est un échec. Il faudra attendre les hasards d’une nuit d’hiver de 1637, pour que la reine tombe enfin enceinte, le futur Louis XIV. Louis XIII aura deux fils, le premier, surnommé Louis-Dieudonné, deviendra Louis XIV et le second, Philippe de France, duc d’Anjou puis duc d’Orléans.
Louis XIII a été très marqué par son enfance. Son père Henri IV est assassiné alors qu’il n’a que 8 ans. Il sera souvent en conflit, avec sa mère Marie de Médicis, parfois elle-même, soutenue par le demi-frère du roi, le duc de Vendôme ou son propre frère, le duc Gaston d’Orléans (fondateur de la Maison d’Orléans). Il aura fort à faire durant tout son règne (33 ans) avec les protestants, à qui son père avait fini par accorder par l’Édit de Nantes quelques villes refuges. Il aura aussi à faire face aux guerres, avec les pays voisins « Catholiques » alliés, ou membres du Saint-Empire, comme l’Espagne.
Fort heureusement, le destin va aider Louis XIII à partir de 1624, en mettant le Cardinal Richelieu sur son chemin. Il ne sera plus jamais seul à gouverner et construire le royaume de France. Les deux hommes partageaient une même conception de la grandeur de la France et des priorités qui s’imposent dans le domaine politique (en France, abaissement du pouvoir des grands féodaux, rationalisation du système administratif et à l’extérieur, guerres contre la Maison des Habsbourg).
À la fin du règne de Louis XIII, tout était en place pour l’épanouissement de la monarchie administrative, incluant tous les outils de l’État, l’armée, la marine, la diplomatie, le renseignement, les arts et les lettres. Le château de Versailles était commencé, ainsi que la Bibliothèque (future Bibliothèque nationale) et l’Académie française.
À la mort de Richelieu en 1642, Louis XIII fait entrer au Conseil d’État un des proches collaborateurs de Richelieu, le Cardinal Mazarin. Louis XIII décédera l’année suivante, le 14 mai 1643.
3. Période Louis XIV
Louis XIV, né le 5 septembre 1638, devient roi à l’âge de 5 ans. Comme son père, le défunt Louis XIII, Louis XIV rencontrera pendant son enfance et ce jusqu’à sa majorité en 1651, une période de régence, exercée par sa mère Anne d’Autriche. Celle-ci sera aidée intimement par le Cardinal Mazarin. Ce dernier aura la responsabilité de l’éducation du roi, et comme Richelieu pour Louis XIII, assurera jusqu’à sa propre mort en 1661, le rôle de ministre et de conseiller privilégié.
Pendant cette période, de minorité jusqu’à la majorité du roi, l’absence réelle d’autorité forte et la faiblesse de la régence incite diverses rebellions de certains nobles et parlementaires, à qui Richelieu avait retiré divers avantages ou privilèges. Cette période, connue sous le nom de « La Fronde », incitera Louis XIV dès sa majorité à prendre des mesures fortes (modifications profondes des parlements) et à concentrer une grande partie de la haute noblesse en un lieu, le château de Versailles, lui permettant un contrôle permanent.
On dit souvent que sous les règnes de Louis XIII à Louis XVI, la monarchie était de type « absolutisme », ce qui voudrait dire que le monarque avait tous les pouvoirs. Or ceci est faux. En effet, les nobles et plus particulièrement certains princes étaient protégés et ne respectaient pas facilement les décisions du roi. Le clergé, avec l’appui du Pape, a aussi parfois contraint le monarque à retirer des projets de taxes pour l’église. D’autre part, il faut noter ici, car cela est peu connu, par les contemporains du 21e siècle, qu’il existait un autre pouvoir. Ce dernier a très souvent empêché le roi de mettre en application de bonnes mesures pour le peuple et pour la France. Ce pouvoir était entre les mains des Parlements.
À l’époque de l’Ancien Régime, des Parlements (cours de justice) ont progressivement été mis en place à partir du Moyen Âge, dans certaines régions du royaume. Il en existait encore 14, à la veille de la première révolution française de 1789 (Arras, Paris, Rouen, Nancy, Colmar, Dijon, Besançon, Grenoble, Aix, Perpignan, Toulouse, Pau, Bordeaux, Rennes). Le Parlement de Paris représentait à lui seul la moitié du royaume. Ces Parlements avaient pour principales fonctions d’être le relais local du roi pour, entre autres, juger les problèmes locaux. On y trouvait différents corps de magistrats, plus connus de nos jours sous les appellations de juges, avocats, procureurs et divers officiers d’État.
La « noblesse » qui a suivi la période du Moyen Âge, a trouvé diverses méthodes ou fonctions (charges) pour participer à la vie et la gestion du royaume. Les plus riches occupaient un titre de noblesse et ne travaillaient pas, parce qu’ils percevaient des rentes annuelles octroyées par le roi ou recevaient des rentes liées aux possessions de terres. Certains, un peu moins riches, occupaient un poste dans le Haut clergé (cardinal, archevêque, évêque, etc.), d’autres, un poste de militaire, généralement aux grades d’officiers (noblesse d’épée). Enfin, d’autres souvent sans titre de noblesse, ou sans rente, achetaient une charge de parlementaire ou de magistrat (noblesse de robe).
Le reste de la population (85 %) en France, appelée souvent le troisième tiers, ou Tiers État (le premier, représenté par la noblesse, le second, par le clergé), était essentiellement composé de « paysans ». Cependant, ceux qui étaient censés représenter le peuple aux États Généraux, convoqués par Louis XVI (620 députés du Tiers État) en mai 1789, étaient composés en presque totalité (95 %) de magistrats, provenant majoritairement de ces Parlements.
Ce qui explique pourquoi, la première Révolution de 1789 est faussement appelée révolution faite au nom du peuple. Le peuple n’a pas été consulté. La Révolution de 1789 a été préparée en « coulisse », depuis plusieurs mois et mise en application pendant les États généraux, par quelques nobles et bourgeois, mais surtout, une grande majorité de magistrats et avocats. Tous les éléments du déroulé de cette Révolution, d’avril à juillet 1789, nous amènent à penser que celle-ci n’a pas été réalisée sans préméditation, avec l’aide notamment de quelques nobles, en conflit avec Louis XVI.
L’une des fonctions principales des Parlements, de Louis XIII à Louis XVI inclus, va être à l’origine de la première révolution de 1789. Cette fonction est l’obligation d’enregistrer les lois (édits) décidées par le roi. Pour que celles-ci soient applicables, il faut impérativement qu’elles soient enregistrées par les Parlements. Une autre fonction, liée à l’enregistrement, s’est progressivement intégrée au fonctionnement de ces Parlements, c’est le droit de remontrance. Avec ce droit, les Parlements pouvaient refuser l’enregistrement, voire annuler ou modifier certaines lois qui leur paraissaient mauvaises, mal écrites, ou simplement pas à leur « goût ».
La première Fronde, sous Louis XIV, commença par le refus du Parlement de Paris d’enregistrer un Édit d’avril 1648 qui prévoyait la suspension pour 4 ans du traitement (revenus) de ces magistrats. À cette époque, les finances du royaume étaient au plus mal, à cause des guerres avec les protestants et surtout celles provoquées par le Saint-Empire et ses alliés (Espagne, Pays-Bas, Italie).
Le cardinal Mazarin, principal ministre de Louis XIV, estimant que les Parlements, en refusant l’enregistrement, attentaient aux droits du roi, les fait arrêter, ce qui déclencha à Paris la journée des Barricades le 26 août 1648. Cette Fronde des parlementaires (magistrats, avocats), sera suivie de la Fronde des princes. Que ce soit sous le règne de Louis XIII ou Louis XIV, voire Louis XVI, les princes, plus particulièrement ceux de la Maison d’Orléans (frères, cousins ou oncles du roi), sont toujours des instigateurs de révoltes en leur faveur, évidemment au détriment du roi en place.
Déjà avec le testament de Louis XIII, que le Parlement de Paris avait cassé, pour permettre une régence différente de celle choisie par le roi défunt, celui-ci réitèrera cette attitude, avec le testament de Louis XIV. Mais le pire sera l’intervention du Parlement de Paris sous Louis XVI, qui entraînera la Révolution de 1789, en refusant l’enregistrement de lois, pourtant indispensables pour rétablir les finances du royaume.
Après sa majorité et durant une partie importante de son règne (du 14 mai 1643 au 1er septembre 1715), Louis XIV a poursuivi la ligne déjà entamée par son père Louis XIII et notamment, pour mieux contrôler et surveiller la noblesse, il a choisi de l’avoir en permanence près de lui, dans le château de Versailles, progressivement aménagé pour cela. En ce qui concerne les Parlements, à ceux-ci, Louis XIV leur avait retiré le droit de remontrance et leur a supprimé les pouvoirs administratifs et politiques. Les Parlements n’avaient plus d’autre choix que d’enregistrer, sans discussion possible, les décisions royales.
Louis XIV aura la chance de rencontrer, parfois grâce à Mazarin, différents personnages efficaces et dévoués au royaume, comme Colbert, Fouquet, Le Tellier, Louvois, Turenne ou Vauban. Cependant, c’est surtout à partir de son règne que s’est développée une nouvelle population, les « bourgeois », profitant de l’apparition de nouvelles fonctions d’État, de nouveaux besoins industriels, de nouveaux commerces maritimes et de nouveaux métiers. À l’opposé, les paysans souffraient toujours plus à cause des guerres, des impôts et des catastrophes climatiques, en grande partie dues au « Petit Age Glaciaire », qui dura plus de 300 ans (1550–1850).
Pour affermir enfin la paix en 1659, avec le Saint-Empire et plus particulièrement avec l’Espagne, Louis XIV accepte d’épouser, comme son père, l’infante Marie-Thérèse d’Autriche de la Maison des Habsbourg, fille du roi d’Espagne Philippe IV. La mère de Louis XIV, Anne d’Autriche, est la sœur du roi d’Espagne Philippe IV.
Cependant, aucun des enfants directs ou petits-enfants de Louis XIV (héritiers directs légitimes) ne lui survivront. C’est le 3e arrière-petit-fils, né le 15 février 1710, qui devient Louis XV, à la mort de Louis XIV, le 1er septembre 1710. Le Parlement de Paris cassera aussi le testament de Louis XIV, à la demande du duc Philippe de la Maison d’Orléans. Une nouvelle période de régence, assurée par le neveu du roi, le duc Philippe d’Orléans, ce que Louis XIV voulait absolument éviter par son testament.
4. Période Louis XV
Le duc d’Orléans, pour remercier le Parlement de Paris d’avoir cassé le testament de Louis XIV qui le défavorisait, restitue aux parlementaires le droit de « remontrance » qui leur avait été retiré en 1673, par Louis XIV. C’est la première erreur magistrale commise par le duc d’Orléans, pendant sa Régence. Profondément admirateur de l’Angleterre, « Homme des Lumières », libre penseur et débauché, il commettra une seconde erreur grave, c’est accepter la création en 1716 d’une banque privée avec mise en circulation de billets par John Law, un Écossais fixé en France. Cette opération finira par une banqueroute générale en 1720.
En 1723, à sa 13ème année, Louis XV est déclaré majeur mais ne peut gouverner seul. Aussi confie-t-il le gouvernement à des proches parents. Il faudra attendre 1743 (âgé de 33 ans) pour que Louis XV commence son gouvernement personnel. Timide, distant, parfois irrésolu, souffrant de crises de neurasthénie, capables de le paralyser pendant plusieurs jours, il n’a que deux passions, la chasse et les femmes.
Dans son règne, et par son mariage avec Marie Leszczynska, fille de Stanislas Leszczynski, roi détrôné de Pologne, le duché de Lorraine et de Bar intègre le royaume de France en 1766. Ce dernier complète l’acquisition de l’Est de la France, après celle de l’Alsace, sous Louis XIV, et des trois évêchés de Metz, Toul et Verdun sous Henri II.
Comme le régent, le duc d’Orléans, au début de son règne, Louis XV commet des erreurs capitales qui auront des répercussions durant les deux siècles suivants. En 1741, lors de la guerre de succession d’Autriche, à la mort de l’Empereur, Louis XV cède à la pression des anti-autrichiens de la cour et s’allie à la Prusse, contre l’Autriche, les Anglais et les Hollandais. Vraie Première Guerre mondiale, qui dura « 7 ans pour rien », comme le disait Voltaire. La France est éprouvée, humiliée et ruinée. La Prusse, elle, profitera de cette guerre pour s’enrichir et se retournera contre la France la première fois en 1755 et la seconde fois un siècle plus tard, en 1870.
Un événement marquant cependant, involontaire du roi lui-même, c’est à noter lors de cette guerre : « L’épisode de Metz« . Alors que Louis XV était parti diriger ses armées sur le front de l’est, le 4 août 1744, il tombe gravement malade à Metz. Les médecins royaux, après diverses interventions et analyses, pensent que le roi se meurt. Louis XV fait le vœu de faire construire une église dédiée à sainte Geneviève, dans le cas où il guérirait.
Les aumôniers du roi refusent de lui donner l’absolution, sans une confession publique de ses pêchés nombreux. Le roi est perçu, par le clergé, comme une personne immorale. En désespoir de cause, un médecin juif intervient et sauve le roi d’une dysenterie. Le roi tient sa promesse et fait bâtir l’église, qu’il avait promise en cas de guérison ; celle-ci deviendra le Panthéon.
Sous Louis XV, indiscutablement, la monarchie administrative s’était perfectionnée. Pourtant tout cela ressemblait à un immeuble vétuste à la façade ravalée, menaçant de tomber en ruine. Toutes les bonnes volontés du roi et de ses ministres étaient continuellement soumises aux caprices des gens de robe (magistrats des parlements) à qui le régent, le duc d’Orléans, avait rendu le pouvoir de remontrance.
L’État, à cause des magistrats, était structurellement en situation de faiblesse car les édits, les arrêts, autrement dit, les lois restaient sans application, car non enregistrées. Notons ici que ces problèmes liés au pouvoir auto-octroyé des magistrats seront l’une des causes principales de la révolution de 1789 et perdureront jusqu’au 21e siècle à travers le « pouvoir des juges » sous un « État de droits ».
Excédé par l’attitude des Parlements de Bretagne et de Paris, Louis XV, après avoir fait arrêter certains magistrats rebelles en 1766, frappe un grand coup en janvier 1771, en exilant en province 138 magistrats, qui faisaient continuellement obstacle, à de nouvelles mesures financières. Il supprime le Parlement de Paris et le remplace par une instance composée de magistrats, nommés par le roi.
Le roi était affaibli par les Parlements, mais aussi par les nobles en général (noblesse d’épée, de robe et de finance). Les nouveaux « bourgeois » ont progressivement rejoint, par mariages, cette noblesse de finance. Tous s’unifiaient peu à peu, en étendant leur emprise, alors que certains voulaient récupérer leur pouvoir confisqué par Louis XIV.
Très loin d’être aussi compétent et autoritaire que Louis XIV, Louis XV est faible de caractère, facilement influençable, manipulable à souhait par certaines femmes de son entourage, de comportement dépravé. Il se laissera souvent bousculer par les différents Parlements. Celui-ci meurt à 64 ans en 1774, détesté par toutes et tous.
5. Période Louis XVI
Celui qui ne devait pas être roi, est devenu à 19 ans, le 10 mai 1774, suite au décès de son frère aîné et de son père, le successeur de Louis XV, son grand-père, sous le nom dramatiquement connu de Louis XVI.
Louis XVI, né le 23 août 1754 à Versailles, sera marié le 16 mai 1770 avec Marie-Antoinette d’Autriche, Maison des Habsbourg-Lorraine. Celle-ci est la fille de l’impératrice du Saint Empire, Maison des Habsbourg-Lorraine. Ils auront quatre enfants, aucun d’eux ne régnera après la mort de Louis XVI, même si leur fils Louis XVII, alors emprisonné au Temple, décédera le 8 juin 1795, à l’âge de 10 ans (Louis XVI sera guillotiné le 21 janvier 1793).
Le comte de Maurepas, à l’âge de 73 ans, nommé ministre d’État, va convaincre Louis XVI, dès le début de son règne, de rappeler les anciens Parlements et les magistrats exilés par Louis XV. En acceptant cette demande, Louis XVI va mettre « le ver dans le fruit » ou « le loup dans la bergerie » et se mettre des « boulets aux pieds ». C’est le premier pas vers la Révolution de 1789.
En effet, les magistrats des Parlements, de retour en fonction, vont refuser systématiquement l’enregistrement de toutes les nouvelles lois et saisir toutes les occasions, pour entraver le travail des ministres et du roi.
Au début du règne de Louis XVI, grâce aux actions entreprises surtout par Louis XIV, le royaume est prospère mais l’État manque cruellement d’argent. Le commerce extérieur a quadruplé et les nouveaux « bourgeois » dans les domaines concernés (armateurs, négociants, manufactures, etc…) ont acquis d’immenses fortunes (Dietrich, Wendel, Perier, etc.).
La gestion de l’intervention des troupes françaises, engagées dans la guerre d’indépendance américaine (1778–1783) contre les Anglais, a été bâclée. Elle a représenté, pour la France, de nombreuses vies perdues et une grande dépense d’argent, sans aucun retour sur cet investissement, excepté la volonté « futile » d’une revanche sur l’Angleterre.
Pour résumer le véritable niveau du remerciement, aux efforts français, le peuple des États-Unis continuera de parler en langue anglaise. L’Amérique sera pour la France, depuis cette date, toujours un vrai « faux ami ». Ceci se confirmera pendant la Première Guerre mondiale, avec l’intervention et l’ingérence du président américain Woodrow Wilson (quatorze points de Wilson), mais aussi, durant la Seconde Guerre mondiale et surtout, durant toute la construction européenne.
Toutes les tentatives, pour résoudre les problèmes de finances ou de structures par les ministres, comme Turgot, Necker, Calonne ou Maupeou, sont systématiquement contrecarrées par les Parlements.
Trop tardivement, sur le conseil de Lamoignon, garde des sceaux et de Loménie de Brienne, contrôleur général des finances, Louis XVI, le 8 mai 1788, retire le droit de remontrance aux parlementaires et confie le droit d’enregistrement des lois à une cour plénière. Il est trop tard, l’État est au bord de la faillite.
Les Parlements, probablement avec l’appui de la Maison d’Orléans et d’autres ennemis de la France, vont provoquer l’irréparable, en réclamant au roi la convocation des États Généraux et d’y faire doubler le nombre de représentants (députés) du Tiers État, dans lequel vont s’engouffrer une très grande majorité de magistrats, provenant des Parlements, ennemis du roi.
Depuis Henri IV, l’État royal travaillait à moderniser la France. À partir du règne de Louis XV, une grande partie des nobles, du haut clergé et des magistrats s’est unifiée aux nouveaux « bourgeois », contre toutes les tentatives d’instaurer des mesures, pour une mise en place d’une équité des taxes. Nombre d’entre eux ont tout fait pour maintenir leurs privilèges et pour certains, les nouveaux « bourgeois », ont essayé d’obtenir les privilèges réservés à la noblesse et au clergé.
Louis XVI va céder à la demande de convocation des États généraux. Après une période de préparation à l’organisation de mai à décembre 1788, il va lancer la convocation pour ces États généraux qui débuteront le 5 mai 1789 à Versailles. Les trois ordres sont convoqués, la noblesse représentée par 330 députés, le clergé représenté par 326 députés et le Tiers État représenté par 660 députés (titulaires et remplaçants).
*****************************************************************************************************
Pour lire plus de détails, sur chacun des rois Louis XIII, Louis XIV, Louis XV, Louis XVI voir les chapitres concernés, sinon pour lire la suite des évènements, voir le chapitre « Vers la Révolution ».