1800-1815…Contexte
Après le coup d’État du 18 Brumaire (9 novembre 1799), organisé par Emmanuel-Joseph Sieyès et Bonaparte, le Directoire et les Conseils (des Anciens et des Cinq Cents) sont dissous. La Constitution, que Sieyès voulait mettre en application, est modifiée par Bonaparte, aidé par Daunou, Cabanis, Roederer (du groupe des Idéologues et futurs Sénateurs) et probablement Talleyrand.
Au départ, Sieyès souhaitait conserver le pouvoir exécutif, partagé avec deux autres Consuls (Bonaparte et Pierre-Roger Ducos). Bonaparte s’est très vite imposé, aux deux autres Consuls provisoires. Il a pu les évincer, à son profit et accessoirement, au profit de deux autres Consuls (Cambacérès et Lebrun), ayant eux, uniquement un pouvoir consultatif.
La Constitution du 22 Frimaire an VIII (13 décembre 1799), présentée sous ses aspects de légalité démocratique, va en fait donner tous les pouvoirs au Premier Consul Bonaparte. Il aura, en toute légalité apparente, acquis plus de pouvoir que le roi Louis XIV. Il sera maître du pouvoir exécutif et assumera aussi une très grande partie des pouvoirs législatifs.
Pour Emmanuel-Joseph Sieyès, l’un des instigateurs principaux de la Révolution et Bonaparte, ancien officier du roi et fils de la Révolution, le gouvernement de la France devait impérativement passer par un « véritable chef » avec un vrai pouvoir, indiscutable. Les dix années de Révolution, passant par une République, souvent très autoritaire, n’ont pas permis d’aboutir à véritablement gouverner le pays, en lui insufflant une seule direction à suivre.
Cependant, si pour Sieyès, ce constat fut un tremblement de terre, pour ses convictions personnelles et révolutionnaires de 1789, il ne pouvait en aucun cas « être ce chef » nécessaire car, il n’avait ni le charisme, ni le profil. Seul un militaire connu et reconnu devait occuper cette fonction de « chef » suprême.
Cette recherche permanente de compromis entre démocratie et pouvoir du chef de l’État se perdurera encore jusqu’à la Cinquième République et la Constitution de 1958.
En tant que Premier Consul, Bonaparte hérite cependant des actions entreprises par le Directoire et notamment, les guerres en cours avec la coalition, les lois anti-émigrés ou encore, celles contre les ecclésiastiques.
En décembre 1799, dans le Nord et l’Est de la France, les armées de la République ont rétabli la situation. Il reste encore, au nord de l’Italie, les armées russo-autrichiennes, qui ont récupéré les territoires conquis par Bonaparte, au cours de la première Campagne d’Italie.
Bonaparte, en tant que Premier Consul, va progressivement modifier l’État et le mode de vie des Français. Il mettra très vite en place une architecture institutionnelle complexe de gouvernement, dans laquelle, le Premier Consul a tous les pouvoirs. De sa formation militaire, il va s’en inspirer pour mettre en place une organisation administrative et juridique, toujours centralisée, mais hiérarchisée.
Ses nouveaux pouvoirs lui permettent de nommer directement, aux postes importants, toutes les personnes à responsabilités diverses. Dans la Justice, il supprime l’élection des juges, mise en place par la République. Il nomme lui-même les juges des tribunaux, tout comme les préfets et sous-préfets. Il désigne les présidents des départements, les maires des communes de plus de cinq mille habitants, les responsables des universités, des lycées, les généraux et officiers des armés, de la gendarmerie et de la police.
Pour l’organisation de la vie civile, Bonaparte fait rédiger un Code de fonctionnement et de sanctions (Code Civil). Ce Code Civil, qui avait été dans les années précédentes un projet de réforme, réalisé par le Consul Lebrun.
Ce dernier, qui avait en charge les finances de l’État, fondera la Cour des Comptes en 1807. Bonaparte fera faire le découpage des « terres » et propriétés, en respectant le « Cadastre » inventé pour la circonstance. Tout sera régi en France, suivant une organisation militaire.
C’est en tant que Premier Consul que Bonaparte créa les écoles de Pharmacie, les académies, les facultés, les écoles normales et tant d’autres institutions, qui seront encore d’actualité au 21ème siècle.
Bonaparte est conscient que, pour administrer un pays aussi vaste et peuplé que la France, il ne pourra pas le faire seul. Aussi, dès le coup d’État du 18 Brumaire, il établit une étroite relation avec la franc-maçonnerie. Ses frères Louis et Joseph seront initiés et deviendront grand maître de loges très influentes, comme celle du Grand Orient.
La Constitution du 22 Frimaire An VIII démontra déjà les liens étroits entre Bonaparte et la Franc-maçonnerie en nommant second Consul, le franc-maçon Jean-Jacques Régis de Cambacérès, après avoir évincé Emmanuel-Joseph Sieyès et Pierre-Roger Ducos.
Bonaparte, en tant que Premier Consul, puis en tant qu’empereur, utilisera, protégera et financera les principales loges maçonniques. Ces loges vont très sensiblement se développer pendant l’empire. De 300 loges en 1799, elles seront plus de 1220 en 1815.
Un grand nombre de ses ministres, maréchaux, généraux et officiers seront initiés à la franc-maçonnerie (Augereau, Masséna, Murat, Kellermann, Brune, Sérurier, Mortier, Lannes, Soult, Fouché, Macdonald, Mortier, Champagny, etc…).
L’impératrice Joséphine, elle-même, sera grande maîtresse de loges parisiennes (Francs-Chevaliers et Sainte-Caroline). Bonaparte préférera s’appuyer sur les loges maçonniques, car elles ont une organisation comparable à celle des armées (secrète, pouvoir centralisé et hiérarchisé).
De plus, de par son expérience à l’école de formation des officiers du roi à Brienne, puis lors de la bataille de Toulon et la première Campagne d’Italie, il savait qu’il ne pouvait faire confiance aux « députés » des différentes Assemblées depuis 1789. Ceux-ci n’ont pas été capables de s’entendre depuis dix ans, ils ne le seraient pas plus en 1800. Mais par contre, il pouvait compter sur son « état-major » rapproché.
En parallèle à la création, l’organisation et la gestion de toutes ces institutions, il dirigera lui-même la seconde Campagne d’Italie, dès le printemps 1800. Cette guerre contre les coalisés durera encore deux ans.
Les victoires accumulées assureront au premier consul le prestige et le respect nécessaires pour obtenir le droit de rendre héréditaire son pouvoir et, de ce fait, la nomination d’empereur.
Vaincus, les coalisés se retireront un à un des conflits organisés contre la France par les Anglais. Même le Royaume-Uni, vaincu, signera la paix d’Amiens en décembre 1801. Pourtant, ce traité sera à nouveau rompu par les Anglais, en mai 1803.
Empereur des Français, Napoléon se couronnera lui-même, en présence du Pape. Il lui faudra préparer l’hérédité de son pouvoir, en se séparant de l’impératrice Joséphine, avec qui, il ne pouvait envisager d’avoir un héritier. Empereur, il continuera les conflits avec le Royaume-Uni, qui ne supportait pas l’influence grandissante des Français sur toute l’Europe.
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