Le Kaiser déclare la guerre à la France
1. Chronologie des événements
Le Kaiser Guillaume II, informé, depuis le 27 juin 1914, de l’assassinat à Sarajevo de l’archiduc autrichien François-Ferdinand, savait la guerre enfin inéluctable. Hormis les quelques « détails » en cours, qui vont officialiser, aux yeux du monde, le début de cette guerre, Guillaume II avait décidé de mettre en application le plan d’invasion de la France, tout en ménageant la susceptibilité anglaise.
Aussi, dès le 28 juillet 1914, il fit positionner ses armées aux frontières de la Belgique et du Luxembourg. Ces deux pays étaient déclarés neutres, mais Guillaume II s’en moquait. L’essentiel pour Guillaume II était de contourner les armées françaises.
Le 28 juillet 1914, l’Autriche-Hongrie déclara la guerre à la Serbie.
Le 30 juillet 1914, la Russie lança la mobilisation de ses troupes à la frontière avec l’Autriche-Hongrie, puis à l’ensemble du pays.
Officiellement, Guillaume II déclencha la mobilisation générale en Allemagne le 1ᵉʳ août 1914, mais ses armées étaient déjà prêtes depuis le 1ᵉʳ avril 1914 et positionnées conformément au plan Schlieffen, validé durant l’hiver 1913.
La mobilisation allemande s’adressait en fait aux réservistes et aux infrastructures du chemin de fer pour l’acheminement de ces troupes sur les champs de bataille.
Ce plan prévoyait de livrer bataille sur deux fronts, à l’Ouest puis à l’Est, mais en contournant les places fortes françaises via la Belgique et le Luxembourg. Le but des Allemands était de vaincre rapidement les Français et de retourner ses armées vers les Russes.
Ce plan d’invasion Schlieffen révisé en hiver 1913 comprenait sept armées allemandes sur le front Ouest contre une seule armée sur le front Est. Quatre armées du front Ouest (1ʳᵉ, 2ᵉ, 3ᵉ et 4ᵉ), devaient contourner les places fortes françaises en traversant la Belgique et le Luxembourg.
Trois armées allemandes étaient positionnées à Thionville (la 5ᵉ), Sarreguemines (la 6ᵉ) et Strasbourg (la 7ᵉ), pour contrer d’éventuelles tentatives d’incursion des Français et maintenir la pression sur les contingents français des places fortes dans l’Est de la France.
Les Allemands avaient laissé une seule armée (la 8ᵉ) sur le front Est, mais ils comptaient sur les armées de leurs alliés, comme l’Autriche-Hongrie et la Bulgarie, pour assurer une protection minimum face aux Russes.
Le succès de ce plan reposait sur le fait, d’une part, que les armées françaises seraient rapidement vaincues. Et d’autre part, que les armées russes ne seraient pas entièrement mobilisées et prêtes à se battre sur le front Est, avant la victoire allemande en France.
Un dernier point et non des moindres, il fallait aussi que les Anglais ne réagissent pas à cette invasion. Les Allemands ne craignaient pas les troupes anglaises, connues comme étant faibles en nombre et en efficacité sur le continent. Sur les mers, les Allemands disposaient, depuis peu, d’une flotte de guerre totalement comparable à celle des Anglais.
Le 1ᵉʳ août 1914, l’Allemagne déclara la guerre à la Russie.
Le 02 août 1914, Guillaume II, alors qu’il donna l’ordre à la 3ᵉ et à la 4ᵉ armée d’envahir le Luxembourg sans préavis ou déclaration de guerre, adressa un ultimatum au roi des Belges, Albert 1ᵉʳ. Le but de cet ultimatum était que ce dernier laisse passer librement les armées allemandes.
Le 03 août 1914, à 7 h du matin, le roi des Belges, Albert 1ᵉʳ, en accord avec son gouvernement, annonça que l’ultimatum de Guillaume II était repoussé et ordonna la destruction des ponts et des tunnels à la frontière avec l’Allemagne. Albert 1ᵉʳ prit immédiatement la tête de son armée, pour faire face à l’invasion allemande. La Belgique, envahie par l’Allemagne, fit appel à la France et au Royaume-Uni, garants de son indépendance.
2. La déclaration de guerre à la France par Guillaume II
Le 3 août 1914 à 18 h 45, le baron Schoen, ambassadeur d’Allemagne en France, remit au gouvernement français la déclaration de guerre de Guillaume II.
En réponse à la mobilisation générale en Allemagne, la France avait lancé sa mobilisation le 2 août 1914. Celle-ci concernait plus de 3 millions de jeunes hommes et s’est déroulée, conformément au plan XVII de l’état-major, sur 17 jours jusqu’au 18 août 1914. La France, en août 1914, était majoritairement composée de paysans préoccupés par les moissons.
La déclaration de guerre par l’Allemagne fut perçue par les soldats mobilisés comme un devoir de défense et non pas, comme une idée de revanche. Le gouvernement français, naïvement, fit passer le message suivant qui ne trompa personne : « la mobilisation n’est pas la guerre ».
Hélas, encore une fois, inconscient, irresponsable, dans un déni de réalité, le nouveau président du Conseil depuis juin 1914, René Viviani, du Parti républicain socialiste, imposa une consigne absurde. Les armées françaises devaient « se retirer à 10 km de la frontière pour prouver que nous ne sommes pas les agresseurs ».
La gauche « socialiste » du gouvernement français, depuis le 13 juin 1914, était tout aussi naïve que la gauche « bourgeoise » des gouvernements Doumergue ou Ribot, évincés lors des dernières élections législatives.
Alors que Guillaume II avait montré maintes fois son intention d’envahir la France, les différents gouvernements de la IIIᵉ République continuaient à faire « l’autruche ». Ces politiciens refusèrent d’assumer leur devoir de défendre le pays en le préparant à la guerre, pourtant inévitable.
C’était la première fois dans l’Histoire que la France mobilisait l’ensemble des conscriptions sur tout le territoire national. En 1870, seule l’armée de métier et impériale fut mobilisée.
3. Les autres déclarations de guerre
Le 4 août 1914, le Royaume-Uni déclara finalement la guerre à l’Allemagne, suite à l’invasion de la Belgique.
Le 6 août 1914, l’Autriche-Hongrie déclara la guerre à la Russie.
Le 11 août 1914, conformément aux accords d’assistance avec la Russie, la France déclara la guerre à l’Autriche-Hongrie.
Le 13 août 1914, conformément aux accords avec la France et la Russie, le Royaume-Uni déclara la guerre à l’Autriche-Hongrie.
Le 23 août 1914, le Japon, qui avait choisi de rejoindre la « Triple-Entente » composée de la France, l’Angleterre et la Russie, déclara la guerre à l’Allemagne.
Le 3 novembre 1914, la France et le Royaume-Uni déclarèrent la guerre à l’Empire ottoman.
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