Guerre civile en Espagne

Depuis le début de cet ouvrage, j’ai essayé de fournir le maximum d’informations sur le contexte de chaque événement présenté. Pour cette période de 1936 à 1940, pour mieux comprendre les événements en France, j’ai souhaité placer le lecteur dans les événements internationaux qui ont eu une influence.

Avant de voir en détail ce sujet, je me dois d’informer le lecteur que c’est étonnamment grâce à l’étude approfondie de ce chapitre que j’ai relevé un nouvel éclaircissement fort intéressant sur ma question initiale ; comment et pourquoi sommes-nous arrivés au 21e siècle au bord d’une IIIe guerre mondiale et surtout en France à la veille d’une guerre civile ?

D’autre part, l’étude de ce chapitre, de mon avis personnel, apporte de nombreuses réponses sur des questions implicitement posées au constat, hélas évident, de l’impéritie profonde et permanente des gouvernements de la IIIe République. En ce sens, on comprend mieux en quoi la République a failli et, pire encore, pourquoi elle ne peut pas être la solution pour une nation qui se veut pérenne.

Grâce à ce chapitre, on comprend mieux l’attitude et la réaction exagérée des gauches apeurées au pouvoir lors des événements du 6 février 1934, et au 21e siècle, l’affaiblissement et le dénigrement permanent des forces armées ou de police. Selon l’expression bien connue au 21e siècle ; lorsqu’un maître-chien souhaite se débarrasser de son chien, il dit qu’il a la rage. Le lecteur contemporain, en France, a souvent entendu dans la bouche d’une certaine gauche bourgeoise et condescendante que l’armée française était responsable d’un hypothétique « génocide » en Algérie, mais aussi que la police « tue ».

On comprend mieux pourquoi, en France, les gauches au pouvoir au 20e puis au 21e siècle, effrayées par l’émergence, même infime, d’une droite, « jouent » à fond l’idée de « diviser pour mieux régner ». En juin 1936, sous le gouvernement « front populaire » du juif socialiste Léon Blum, la guerre civile espagnole amplifia les clivages déjà profonds entre les différents partis de gauche mais aussi avec les quelques ligues de droite présentes à Paris. Alors que Léon Blum fit livrer gracieusement des armes aux républicains espagnols, le ministre socialiste de l’Intérieur, Roger Salengro, fit dissoudre les ligues de droite pour éviter d’hypothétiques mouvements partisans au profit des nationalistes espagnols.

Enfin, on découvre pourquoi dès la IIIe République, les gauches au pouvoir, profondément anticléricales, à travers l’affaire des « fiches », ont obstinément dénigré certains officiers au sein des armées françaises. Des responsables de certains gouvernements ont constamment encouragé et félicité les mauvais chefs au détriment des bons. Ce fut le cas pendant et après la Première Guerre mondiale, mais aussi au 21e siècle avec certains chefs d’état-major trop zélés. Il fallait à tout prix réduire la grande « muette » au silence et surtout à l’inaction pour éviter un hypothétique coup d’État militaire.

Pour certains gouvernements de la IIIe République, il semblait convenu qu’il valait mieux perdre la prochaine guerre, pourtant évidente, que de donner la possibilité à une droite de prendre le pouvoir. Ce fut sans doute pour cette raison inavouable que les armées françaises n’ont pas été préparées et équipées face à la Seconde Guerre mondiale. Les gouvernements de la IIIe République furent ainsi responsables du désastre militaire de mai 1940.

Certains gouvernements de la Ve République, dits de « droite » républicaine (sic), particulièrement naïfs, ont, en 1996, copié et amplifié cette méthode, en réduisant sensiblement les effectifs et les moyens militaires.

Contrairement à ce qui est souvent insufflé au sein des publics, les gauches comme certaines droites dans les siècles précédents n’hésitent plus, au 21e siècle, à travestir toute vérité pour, soit conserver soit acquérir le pouvoir. Un exemple parmi de nombreux autres, lors des élections américaines de 2024, les démocrates (la gauche) avaient dissimulé le grave état de santé incluant une sénilité avancée de leur candidat, le président sortant. Pour les convaincre de changer d’avis, il fallut attendre que l’évidence de son état mental saute aux yeux de millions de spectateurs. La gauche au 21e siècle est prête à toutes les compromissions pour gagner ou conserver le pouvoir.

 

1. Régime politique et situation en Espagne avant 1936

Comme précisé dans le chapitre de la période 1870 avec Napoléon III, la succession au trône d’Espagne après l’abdication de la reine Isabelle II donna le prétexte insensé de la guerre franco-prussienne à l’impératrice Eugénie et au gouvernement français, dirigé par la gauche républicaine avec Émile Olivier.

La reine Isabelle II venait d’essuyer un soulèvement révolutionnaire déclenché dans tout le pays à partir de septembre 1868. Les révolutionnaires souhaitaient imiter les républicains français en instaurant une République, bousculant ainsi la royauté espagnole en place depuis la fin du XVIIe siècle. Cette révolution incertaine quant au résultat au bout de six années laissa s’installer durant trois ans, sur le trône d’Espagne, Amédée 1er, fils du roi d’Italie, Victor-Emmanuel II.

Amédée 1er abdiqua le 11 février 1873 et laissa la place à la Première République espagnole. Celle-ci fut remplacée par la première restauration royale d’Alphonse XII, fils aîné d’Isabelle II, sacré roi le 29 décembre 1874.

Alphonse XII décéda le 25 novembre 1885. Il fut remplacé sur le trône d’Espagne par son fils Alphonse XIII, qui s’exilera après la proclamation de la Seconde République le 14 avril 1931. Cette dernière fut effective jusqu’en 1939. Alphonse XIII abdiqua le 15 janvier 1941, au profit de son quatrième fils Juan de Bourbon. Ce dernier deviendra officiellement Juan Carlos 1er, roi d’Espagne à la mort de Franco, le 22 novembre 1975.

Dans ce pays où toutes les institutions étaient « tremblantes » du fait de l’instabilité politique, les élections générales imposées par la IIe République vont faire l’objet d’une division de plus en plus profonde au sein de la société. Les résultats des élections de 1933 apportèrent un traumatisme mal géré par le milieu politique, amplifiant de fait la scission. En effet, à ces élections, les partis de « droite » avec 40,57 % des voix remportèrent seulement 197 sièges sur 473. Les partis de « gauche » avec 21,68 % des voix ont obtenu 100 sièges et les partis de « centre républicain » avec 15,26 % des voix ont étonnamment obtenus 138 sièges.

 

2. Contexte et situation en Espagne en 1936

Contrairement à ce qui s’est passé en France durant la IIIe République, le clergé espagnol n’a pas subi les affres anticléricales commises par de nombreux politiciens français. Aussi, en Espagne, le clergé avait conservé sa place dominante et toujours proche de la royauté très catholique. En conséquence, la droite au sein de la monarchie et du clergé continuait à maintenir ses privilèges face à une gauche républicaine et révolutionnaire. Cette dernière, comme en Italie, en Hongrie et en Autriche, espérait imiter les révolutionnaires français en modifiant par la force le régime et les institutions.

L’instabilité permanente due à une monarchie affaiblie et des soubresauts révolutionnaires continus engendra des coups d’État dès 1923 par certains officiers de l’armée espagnole. Deux dictatures se succédèrent jusqu’en février 1931, date du début de la Seconde République espagnole.

Hélas, comme en France sous la IIIe République, de nombreux gouvernements de gauche, imbibés d’une impéritie flagrante, se succédèrent sans trouver à remédier aux problèmes économiques et sociaux. Davril 1931 à mars 1939, respectivement date de début et date de fin de la IIe République espagnole, 26 gouvernements se sont succédé pour des périodes allant de 3 jours à 18 mois maximum.

En 1936, les partis de gauche espagnole singèrent le « front populaire » français espérant ainsi bénéficier des mêmes retombées et avantages pour les travailleurs espagnols, tout en réduisant sensiblement le pouvoir de la droite espagnole. Hélas, pour ces républicains espagnols, la droite va réagir dès juillet 1936. En Espagne, depuis le début de la Seconde République en 1931, les « républicains » étaient composés de toutes les variantes des gauches espagnoles incluant des socialistes, des communistes, des anarchistes et même une extrême gauche.

Les résultats des élections de 1936 amplifièrent le traumatisme politique, à la limite de l’implosion. En effet, à ces élections, les partis de gauche du « front populaire espagnol » avec 47,03 % des voix remportèrent étonnamment 286 sièges sur 473. Les partis de droite « bloc national espagnol » avec 46,48 % des voix ont obtenu seulement 141 sièges et les partis « centristes et nationalistes » avec 5,27 % des voix ont obtenus 46 sièges.

 

3. Coup d’État et guerre civile

Les tensions étaient de plus en plus vives entre les partis politiques depuis les résultats « peu démocratiques » des élections de février 1936, entraînant de nombreuses manifestations violentes pour un camp ou un autre. Il ne manquait qu’une simple étincelle pour « mettre le feu aux poudres » et déclencher une guerre civile qui hélas couvait depuis des années. Chaque camp avait atteint un niveau d’intolérance qui faisait craindre le pire.

Les établissements religieux étaient constamment agressés, incendiés et pillés. De nombreux mouvements composés de socialistes, de communistes voire d’anarchistes étaient responsables d’actes anti-cléricaux sur tout le territoire. Cette gauche espagnole intolérante singeait les gauches « radicales » bourgeoises, socialistes ou communistes de la IIIe République française.

Malheureusement, le pire arriva très vite avec l’assassinat le 13 juillet 1936, de José Calvo Sotelo, un des leaders de la droite monarchiste, par des membres des milices socialistes pilotés par Luis Cuenca, policier et garde du corps d’Indalecio Prieto, chef du parti socialiste espagnol. José Calvo Sotelo avait déclaré le 16 juin 1936, à l’Assemblée de Madrid, qu’il était indispensable et urgent de mettre fin à tous ces actes anti-cléricaux fomentés principalement par des militants politiques.

L’assassinat de José Calvo Sotelo fut très mal perçu dans la classe moyenne en général. Cet acte odieux poussa le général Francisco Franco à rejoindre une organisation préparant un coup d’État.

Bien que préparé de longue date par quelques militaires et civils du camp des nationalistes, le soulèvement éclata le 18 juillet 1936, entraînant progressivement les uns et les autres à rejoindre son camp. Le coup d’État n’ayant pas donné l’effet escompté, ce soulèvement bascula dans une guerre civile particulièrement meurtrière.

Celle-ci débuta au Maroc espagnol le 17 juillet 1936 avant de se répandre en Espagne. Elle dura jusqu’à fin mars 1939, avec la victoire du général Franco à la tête des mouvements de droite nationaliste. Le général Franco et les nationalistes établirent, en mars 1939, une dictature qui dura jusqu’à la mort du général le 20 novembre 1975.

Si au début du soulèvement nationaliste, les forces militaires en présence de part et d’autre étaient à l’équilibre, très vite, de par l’attitude soupçonneuse et inquisitoire de l’encadrement républicain vis-à-vis des officiers côté gouvernemental, la balance se déséquilibra rapidement au profit des forces nationalistes. Ces dernières gagnèrent en qualité et en quantité un encadrement militaire indispensable et mieux formé.

À l’inverse, côté républicain, où les ordres étaient continuellement contredits du fait de la faiblesse et de l’incompétence des décideurs, de nombreuses désertions d’officiers et de sous-officiers affaiblirent les diverses troupes disparates et indisciplinées sur tout le territoire.

L’assistance soviétique en effectifs et matériels côté républicain, en échange de la réserve d’or espagnole bloquée en U.R.S.S. (510 tonnes d’or), n’améliora pas l’efficacité du commandement. Staline voulant ménager son futur allié Hitler, ne fournit que très peu d’hommes (moins de 3 000) et du matériel vétuste vendu très cher aux républicains. Côté nationalistes, des efforts en effectifs performants et en armements par les Allemands et les Italiens furent soutenus et continus jusqu’en mars 1939.

Le bilan en vies humaines de ce conflit qui aura duré trois ans fait état, suivant les sources, d’environ 100 000 morts de part et d’autre des camps, auxquels il faut ajouter environ 300 000 civils innocents tués dans les bombardements, par l’artillerie ou lors d’exactions dans les deux camps. Il faut ajouter à ces victimes environ 400 000 exilés dans les pays frontaliers, dont une grande majorité en France.

Juan Carlos 1er, roi d’Espagne depuis la mort de Franco, le 22 novembre 1975, a instauré un régime de transition appelé « pré-constitutionnel » jusqu’au 4 juillet 1977. Le roi d’Espagne Juan Carlos 1er valida la mise en place d’un régime de monarchie constitutionnelle effectif depuis le 5 juillet 1977. Juan Carlos 1er, décédé en juin 2014, fut remplacé sur le trône d’Espagne par son fils devenu roi sous le nom de Felipe VI.

 

 

4. Intervenants étrangers

 

4. Conséquences