L’alerte de 1920 et ses conséquences

L’alerte de 1920

Par le traité de Versailles et plus précisément le « petit traité de Versailles » la Pologne, après 125 ans de dissolution dans les trois empires voisins, renaissait enfin. Continuellement convoitée par la Russie, la Prusse et l’Autriche-Hongrie, elle dut refaire sa place avec des frontières instables et fortement discutées.

Après 1919, la Pologne souhaitait reprendre sa revanche sur la Russie et notamment sur les bolcheviques qui avaient remplacé les armées du tsar. De son côté, Lénine avait refusé toute discussion avec les alliés concernant les frontières de la nouvelle Russie, appelée U.R.S.S. (Union des Républiques Socialistes Soviétiques).

Les Polonais savaient que la SDN (Société des Nations), tant défendue par le président américain Wilson, n’avait pas les moyens de ses ambitions et qu’ils auraient à défendre leur survie, probablement seuls, face à l’expansion du bolchévisme russe.

De l’autre côté, les bolcheviques envisageaient de poursuivre leur expansion sur toute l’Europe et, dans l’immédiat, en commençant par la Pologne, qu’ils savaient faible militairement et qu’ils considéraient comme territoire russe.

En avril 1920, c’est la Pologne qui prit l’initiative de défendre ses frontières à l’Est, car celles-ci étaient incertaines et à la merci des bolchéviques. Les Polonais avaient lancé une armée en direction de Kiev (en Ukraine au 21e siècle). 

Cette offensive fut stoppée le 4 juillet 1920, par les Polonais, lorsque ceux-ci furent informés qu’une invasion bolchévique était en cours sur leur frontière plus au nord et en direction de Varsovie.

Du 14 juillet au 16 août 1920, les armées « rouge » de Lénine, dirigées par le Juif ukrainien, Lev Bronstein (mieux connu sous le pseudonyme de Léon Trotski), s’étaient positionnées sur la frontière à l’Est de la Pologne en vue de l’envahir.

Dans cette nouvelle guerre russo-polonaise, les contemporains furent témoins de l’inefficacité de la Société des Nations (SDN), imposée aux Européens, par le président américain Wilson.

Ils constatèrent, impuissants, la lâcheté du Royaume-Uni et de l’Italie, pourtant membres de cette SDN, qui refusèrent d’aider la Pologne face aux armées bolcheviques, faisant ainsi déjà, à cette époque, le jeu de l’Allemagne.

Seule, la France dépêcha, en urgence, armes et munitions, mais surtout plus de 500 conseillers militaires pour assister les armées polonaises. Ces officiers français étaient sous le commandement du général Paul Henrys, puis du général Maxime Weygand. Ces derniers comptaient alors dans leurs rangs en Pologne, le capitaine De Gaulle, devenu célèbre lors de la Seconde Guerre mondiale.

Plus de 1 500 officiers français participèrent à la bataille de la Vistule, dans le cadre de la mission militaire Haller, envoyée en Pologne depuis février 1919, pour former l’armée polonaise, face aux soldats allemands et aux envahisseurs bolcheviques.

La bataille de Varsovie se déroula durant le mois d’août 1920 et se termina par la défaite totale des armées « rouges » le 29 août 1920. Cette défaite des armées « rouges » à Varsovie donna un coup d’arrêt à l’expansion du bolchévisme en Europe et entraîna le début de la déchéance de Lénine à la tête de l’U.R.S.S.

Ce dernier fut définitivement écarté du pouvoir en mars 1923 et gravement malade, il décéda en janvier 1924. Joseph Staline, qui le remplaça et dirigea l’U.R.S.S du 3 avril 1922 au 16 octobre 1952, se débarrassa définitivement de Léon Trotski en le bannissant du pays en 1927. Celui-ci, exilé au Mexique, fut assassiné le 21 août 1940, par les services secrets russes.

Après une ultime tentative, une armée bolchevique essaya en vain en octobre 1920 de renverser la situation et demanda la signature d’un armistice. En finale, la paix entre Polonais et Russes fut signée à Riga, le 18 mars 1921.

Lénine fut contraint de signer cette paix pour éviter l’invasion de la Russie par les Polonais et leurs alliés. En effet, Lénine, qui avait contribué, dès février 1917, à la délitescence, la désagrégation, la dislocation et à la démobilisation générale des armées du tsar, n’avait plus d’autre choix, faute de tout perdre.

La conséquence de ses actions fut qu’il ne disposait plus d’un encadrement militaire formé et performant dans les armées « rouge » de Trotski. En dépit de ses espoirs, ce constat fut confirmé par les échecs répétés face aux armées polonaises. Lénine avait déjà signé la paix de Brest-Litovsk, le 3 mars 1918, face aux armées allemandes, après avoir fait le même constat.

Cet épisode de « l’alerte de 1920 » qui aurait pu voir la Pologne disparaître à nouveau, avait mis le doigt sur la situation réelle de la nouvelle Europe, reconstruite par les traités de paix, dans lesquels la philosophie wilsonienne avait été la base.

Le constat d’impuissance de la Société des Nations dans cette affaire de 1920, soit à peine un an après la signature du traité de Versailles, laissa entrevoir de futures grandes difficultés pour vivre en paix dans cette nouvelle Europe.

D’autre part, la France se retrouva seule face au danger du bolchevisme et d’une Allemagne restée forte et haineuse, à cause de ce traité de Versailles. Cette « alerte » de 1920 aurait dû faire comprendre aux politiciens français, naïfs et pacifistes, que l’avenir était menacé par de « sombres » événements.

 

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Pour lire la suite, voir le chapitre « L’Allemagne se réarme en secret » …