La crise d’Agadir en 1911
1 Contexte
La crise d’Agadir est un prolongement de la crise de 1905 à Tanger au Maroc. En fait, cette nouvelle crise était inscrite dans le cheminement de la Première Guerre mondiale, voulue par l’empereur allemand Guillaume II.
Guillaume II, débouté à l’issue de la Conférence d’Algésiras en avril 1905, continuait sa préparation à la guerre avec la France. Ses ambitions expansionnistes démesurées, clairement exprimées, l’obligeaient à intervenir à chaque situation où la France progressait dans la colonisation et notamment au Maroc.
En 1911, deux faits importants ont été à la base de la création de cette nouvelle crise officiellement provoquée par Guillaume II.
Le premier provenait du fait que le sultan du Maroc, menacé d’une révolte locale mais importante, demanda à la France un soutien et une intervention de maintien de l’ordre, via une force militaire. Suite à l’accord de protectorat, validé à la Conférence d’Algésiras, la France devait assurer la protection du Maroc.
Le second fait, souvent mis sous le tapis par de nombreux historiens mal à l’aise et pour cause, c’était le fait qu’à la tête du gouvernement français en 1911, venait de prendre place Joseph Caillaux, de la gauche radicale et bourgeoise. De plus, celui-ci était un germanophile affirmé, soutenu par d’autres politiciens du gouvernement.
2 La crise d’Agadir
À la demande du sultan du Maroc, la France envoya un corps expéditionnaire pour l’assister dans le cadre du maintien de l’ordre, face à une révolte importante. Les troupes françaises furent débarquées et prirent position à Rabat, à Fès et à Meknès.
L’Allemagne, informée de la situation, prétexta officiellement d’être inquiète pour ses sociétés installées au Maroc. Pour défendre ses intérêts économiques et commerciaux, Guillaume II envoya, le 1ᵉʳ juillet 1911, un navire de guerre dans la baie d’Agadir. La rade dans la baie d’Agadir avait été fermée à tout commerce étranger jusqu’en 1881.
Le navire de guerre allemand, la canonnière SMS Panther, fut relayée par le croiseur SMS Berlin et la canonnière SMS Eber. L’Allemagne, par ce coup de force, souhaitait bloquer l’expansion de la France au Maroc.
Malheureusement pour Guillaume II, le Royaume-Uni déclara officiellement son soutien à la France, par la voix de son chancelier, David Lloyd George, le 21 juillet 1911.
C’est alors que Joseph Caillaux, alors président du Conseil et du gouvernement français, du 27 juin 1911 au 14 janvier 1912, est intervenu dans cette crise tendue à la limite de la guerre.
3 La sortie de crise
Des négociations furent conduites entre Français et Allemands en vue de trouver une solution à cette crise. Le président du gouvernement français, Joseph Caillaux, fut l’interlocuteur privilégié face au ministre des Affaires étrangères allemand.
De ces tractations longues et soutenues, la solution proposée par Joseph Caillaux, en échange de la renonciation aux prétentions allemandes sur le Maroc, fut de céder à Guillaume II une partie des colonies françaises en Afrique équatoriale.
C’est un territoire d’une superficie de 272 000 km2 autour du Cameroun allemand, qui fut cédé à l’Allemagne, lui permettant de doubler la superficie du Cameroun allemand.
Guillaume II, le grand gagnant dans cette affaire, fut conforté dans l’idée que la France, en position de faiblesse, était la bonne cible pour la prochaine guerre en Europe. Guillaume II, en 1911, fut cependant obligé de céder aux Anglais.
Guillaume II n’était pas encore en position de contrecarrer les décisions du Royaume-Uni, car les travaux entrepris pour élargir le canal de Kiel n’étaient toujours pas achevés. Ils le furent en 1914.
En effet, Guillaume II était depuis plusieurs années dans une démarche de faire la guerre à la France et pour cela, il devait être capable de faire face à la flotte anglaise.
Il avait fait construire une marine de guerre pouvant concurrencer celle des Anglais. Mais il fallait aussi agrandir le canal de Kiel, long de 99 km et d’une profondeur de 10 mètres, pour laisser passer les gros navires de la mer Baltique à la mer du Nord.
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