Deuxième guerre mondiale

Le réseau Alliance

1. De quoi s’agit-il ?

Le réseau Alliance était un réseau de la Résistance intérieure française pendant la Seconde Guerre mondiale. L’un de ses principaux buts à sa création, en novembre 1940, est de récupérer des informations sur les troupes allemandes en France et les transmettre aux services secrets britanniques (IS ou MI6). À son début, le réseau portait le nom de « Croisade » et est devenu « Alliance » après avoir obtenu la filiation au MI6, à Londres. Le réseau « Croisade » était principalement implanté en zone libre. Le réseau « Alliance » était l’un des premiers à être mis en œuvre et l’un des plus importants en effectif (plus de 3 000 membres).

Son fondateur, après avoir proposé en vain, à son ancien camarade De Gaulle parti à Londres, sa contribution, il rencontre le 14 avril 1941, à Lisbonne, le Commander Kenneth Cohen (« Crane »), l’un des principaux responsables de l’Intelligence Service Britannique. En échange des renseignements fournis par le réseau Alliance, les Britanniques fourniront tous les moyens nécessaires (armes, radios, argent, etc.).

Installés au début à Paris, les responsables principaux du réseau Alliance migrent en mai 1940 à Vichy, pour être proche des principales sources d’information, là où séjournera le gouvernement français dans lequel se trouvaient les nombreux informateurs.

En 1942, le réseau Alliance est utilisé par les Britanniques pour s’entremettre avec le général Giraud. Le réseau Alliance est chargé, en novembre 1942, de s’assurer du départ en sous-marin, depuis la plage du Lavandou, du général Giraud pour Gibraltar.

Pour des raisons de haute politique, les Anglais enjoignent au réseau Alliance de se rapprocher du BCRA (Bureau Central du Renseignement proche de De Gaulle à Londres) à partir de février-mars 1944.

Le réseau Alliance a apporté une contribution importante à la libération de la France, en fournissant aux alliés de très précieux et importants renseignements, tels que l’existence des armes secrètes de destruction massives (V1, V2, V3), l’emplacement des rampes de lancement, les mouvements de la Luftwaffe, des chars des divisions blindées allemandes, les éléments concernant le ravitaillement allemand, pendant la bataille du désert, l’emplacement et trajets des U-Boot dans l’Atlantique, la carte complète et détaillée des unités de la Wehrmacht, pour la défense des plages du débarquement de Normandie.

Le réseau Alliance accueille les différentes vagues d’officiers de l’armée d’Armistice, ralliés à la Résistance lors de l’invasion de la zone libre par les armées allemandes en novembre 1942. Son sous-réseau Druides est constitué en 1943 de l’encadrement des Compagnons de France (organisation de jeunesse créée par l’État français).

Ce réseau dénombrera 438 morts, nommément listés, et plus de 1 000 membres arrêtés puis déportés, par la police française ou les Allemands. Chaque membre référencé est reconnaissable par un pseudo (voir tableau plus bas).

 

1.1 Fondation.

Ce réseau a été créé par le Commandant Georges Loustaunau-Lacau (pseudo : « Navarre »), né le 17 avril 1894 à Pau (Basses-Pyrénées).

  • Saint-cyrien promotion 1912-1914
  • Héroïque combattant de la 1ère guerre mondiale
  • Sept citations
  • Trois blessures
  • Major de l’École de Guerre
  • Membre du cabinet militaire du Ministre de la guerre en 1934
  • Spécialiste du renseignement militaire
  • Fondateur du réseau « Corvignolles » en 1938

En février 1938, Georges Loustaunau-Lacau, alors officier supérieur d’active, est placé en « non activité » par sa hiérarchie, pour avoir créé sous le gouvernement du Front Populaire, un groupe de réseaux clandestins anticommunistes « Corvignolles » qui comptait dans ses rangs de nombreux officiers d’active ou de réserve.

Après son exclusion de l’armée d’active, il crée deux publications anticommunistes « Barrage » et « Notre Prestige ». En 1938, depuis plusieurs mois, il assure également sous le pseudo « Navarre » un mouvement discret « La Spirale » qui disposait d’une revue « l’Ordre National » dont s’occupait plus particulièrement Madame Marie-Madeleine Méric. Cette dernière, née Bridou, portera le pseudo « Hérisson » durant toute la guerre et se remariera en 1947 avec Henri Fourcade.

Georges Loustaunau-Lacau prend plusieurs fois la parole dans les meetings du Parti Populaire Français, de Jacques Doriot. Il est replacé en « activité » de l’armée, le 2 septembre 1939, la veille de la déclaration de guerre, pour être affecté au Deuxième Bureau de la IXe armée. Il poursuit à Vichy, à partir du 3 septembre 1940, ses activités de renseignement et d’action souterraine. Il agit alors dans un sens tout à la fois anti-allemand et anticommuniste.

Du fait de ses anciennes relations avec Pétain, en particulier lorsque le maréchal était ambassadeur en Espagne, il est désigné en septembre 1940, Délégué général de la Légion française des combattants. En même temps, il fonde, avec de l’argent versé par Pétain, un foyer d’entraide à « l’hôtel des sports » à Vichy. Celui-ci sera dirigé par Marie-Madeleine Méric.

Georges Loustaunau-Lacau est incarcéré à la maison d’arrêt de Clermont-Ferrand, où il est condamné à 2 ans de prison. Il est transféré en octobre 1942 et interné à Vals-les-Bains. Vichy, le livre à la Gestapo le 31 mars 1943. Interrogé et torturé, il est condamné à mort puis déporté, en juillet 1943, à Neue Bremm puis à Mauthausen. Après le 24 octobre 1943, il est envoyé dans un camp-usine, à Wiener Neudorf, après avoir survécu à la « marche de la mort » de 11 jours.

Après la guerre et les nombreuses actions en justice par les communistes pour le discréditer, Georges Loustaunau-Lacau est élu député en 1951 dans les Basses-Pyrénées. Il décèdera à Paris, le 11 février 1955, le jour de la publication au « Journal Officiel » de sa nomination au grade de général.

Marie-Madeleine Méric (« Hérisson ») assurera la direction totale du réseau « Alliance » après l’arrestation de Georges Loustaunau-Lacau, en juillet 1941 à Pau, par la police de Vichy, probablement sur ordre de l’amiral Darlan.

Marie-Madeleine Méric, née Bridou et Fourcade après 1947, est la seule femme à avoir dirigé un grand réseau de résistance en France. C’est en 1936, alors mariée à Edouard-Jean Méric, officier supérieur de l’armée française, qu’elle rencontre deux camarades de son beau-frère, Charles De Gaulle et Georges Loustaunau-Lacau.

Elle était alors chroniqueuse de mode à Radio-Cité et collaborait avec l’écrivain Colette. Elle accepte la proposition de Georges Loustaunau-Lacau, en tant que secrétaire de rédaction du groupe de publication nationaliste (« La Spirale » et « L’ordre national »).

Le 16 juillet 1943, elle convoque les principaux responsables des 17 secteurs du réseau Alliance, rue Raynouard à Paris, pour désigner son remplaçant. Elle-même doit rejoindre Londres, le 18 juillet 1943, à la suite d’une tentative d’arrestation, fort heureusement échouée, grâce à certains policiers français. Elle y restera près d’un an, protégée par le MI6. Elle rentrera en France, à la veille du débarquement de Provence, le 15 août 1944 afin de réorganiser le réseau, décimé par de nombreuses trahisons.

En 1945, elle crée et prend la présidence de l’Association Amicale Alliance. Elle se chargera de l’homologation des 3 000 agents du réseau, survivants ou disparus.

Marie-Madeleine Méric, devenue Fourcade après 1947, est élue députée européenne entre 1980 et 1981. Elle est décédée le 20 juillet 1989 à l’hôpital du Val de Grâce à Paris.

 

1.2 Les autres principaux responsables

PrénomNomPseudoFonctionCommentaires
LéonFayeAigleChef militaireCommandant d’aviation, fusillé à Sonnenburg le 30 janvier 1945
PierreFourcaud Agent de liaison BRCA de LondresCapitaine, il créa le réseau Brutus à Marseille
GeorgesGroussardPuffinColonel, chef de réseauRéseau Gilbert en Suisse
PaulBernardMartinetSuccesseur de Léon FayePolytechnicien, arrêté par la Gestapo le 17 mars 1944
GeorgesLamarquePétrelChef du sous-réseau DruideCompagnon de la Libération
JeanBoutronAso 43 et TaureauMembre fondateur AllianceOfficier de marine, rescapé de Mers El Kébir
ÉdouardKaufmannCriquetChef de région Centre

Lieutenant-colonel de l’Armée de l’Air. Arrêté par la Gestapo il est interné à la prison de Fribourg où il se suicidera le 25 juillet 1944.

JeanSaintenyDragonChef de région NormandieJean Roger dit Sainteny, Compagnon de la Libération
AndréGirardPointerChef de région Centre-OuestCapitaine de Réserve

VictorRenaudPataudAgent de renseignement et liaisonArrêté par le 1er régiment de France, fusillé par la Milice le 23 juin 1944 à Limoges
JeanPhilippeBassetChef de région Sud-ouestCommissaire de police de Toulouse, arrêté par la Gestapo le 23 janvier 1943, fusillé à Karlsruhe le 1er avril 1944.
FrançoisMarquierCasoarChef radio Sud et liaisons avec AlgerArrêté par la Gestapo le 20 août 1943 et interné pour espionnage.
LouisJacquinotServal Avocat, député et ancien ministre, futur ministre de De Gaulle, homme politique de droite.
LéonceVieljeuxHangar Colonel de réserve, maire de la Rochelle, déporté, fusillé au Struthof le 1er septembre 1944.
JacquesStosskopf Directeur base Lorient-KéromanIngénieur du génie maritime, réseau Brest avec Maurice Gilet. Déporté, fusillé au Struthof le 1er septembre 1944.
RobertLynenl’Aiglon Acteur, arrêté à Cassis le 7 février 1943. Fusillé à Karlsruhe le 1er avril 1944.
RobertBernadacRouge-gorgeChef radio de ParisPère de l’écrivain Christian Bernadac. Arrêté par la police allemande le 13 mars 1943, interné à la prison de Fresnes, il sera ensuite déporté en Allemagne. Reviendra vivant le 20 mai 1945.
FerdinandRodiguez-RedingtonPieChef radioDétaché auprès du réseau par le SOE. Radio de Marie-Madeleine Fourcade.
MoniqueBontinckHermineEstafette de PC auprès de Marie-Madeleine Fourcade 
CharlesBernisEpagneul  
MauriceCoustenobleTigre Sous-officier d’aviation
HenriSchaerrerTigre Officier-mécanicien de la marine
GabrielRivièreLoup Relation avec l’exfiltration du Général Giraud en novembre 1942
EmileAudolyRenard  
PierreBerthomierGoéland ou X60Chargé de mission de 1ère classePilote civil, il fut arrêté par la Gestapo de Vichy le 21 septembre 1943. Il sera interné à la prison de Clermont-Ferrand, puis à Fresnes avant d’être déporté au camp de Schirmeck puis au Struthof où il sera abattu le 1er septembre 1944.
LucienValletCIR.36Opérateur radioPatrouille Turenne. Il a été arrêté par la Préfecture de police de Paris. Condamné à mort par le tribunal du Gross Paris, il sera fusillé au Mont-Valérien le 30 novembre 1942.
MarcMesnardL’EvêqueTrésorier 
RobertPhilippePerroquetChef du service radio 
ErnestSiegristEléphantChef du service sécuritéFusillé le 21 août 1944 à Heilbronn en Allemagne
Henri-LéopoldDorFaon  
EmileHédinCastor  
PierreDallasCornac ou X6Chef du service AviaLieutenant-pilote
LucienPoulardMathurinAgent principal de renseignement de la zone Bretagne puis second du chef de Alliance ParisLieutenant-pilote. Arrêté à Paris le 24 septembre 1943, fusillé à Hellbronn le 21 août 1944. Sa tombe est visible au carré militaire du cimetière de Redon (Ille-et-Vilaine).
Mauricede Mac-MahonSloughi Duc de Magenta
CamilleRaynalBriardChef du secteur VichyGénéral de brigade
MargueriteBrouilletAbeilleAgent de liaisonAssassinée le 1er septembre 1944 dans le camp du Struthof. Agent de liaison pour la Résistance, elle avait réussi à s’évader des geôles de la Gestapo à Lyon. Elle était née à Villeneuve-sur-Lot.
PhilippekoenigswertherMandrille et Antilope Genêt, N10Chef secteur Bordeaux-La RochelleChef de réseau très performant, il sera arrêté le 8 décembre 1943 suite au démantèlement du réseau Alliance après trahison de Jean-Paul Lien. Il sera transféré au camp du Struthof et abattu le 1er septembre 1944.
JeanVinzantDanois  
LéonGilletLicorneChef secteur de BrestChef de réseau, avec le grade de Commandant dans le réseau Alliance. Il sera arrêté le 29 septembre 1943, avec son fils Maurice, sa belle-sœur, sa belle-fille et déporté au camp de Schirmeck le 20 mai 1944. Il sera exécuté au Struthof le 2 septembre 1944.
AndréCoindeauUrusChef du réseau Alliance en Loire-inférieure, en Maine-et-Loire et une partie de la VendéeArrête par la Gestapo en décembre 1943, il sera interné à la prison de Kehl, il sera exécuté le 23 novembre 1944.
HenryFrémendityBalbuzardChef en second du secteur StadeArrêté par la Gestapo le 6 décembre 1943, serait mort en déportation.
MadameBerne-ChurchillCoccinelle  
JoëlLemoigneTriton ou Z.1Chef du sous-réseau Sea-StarSecteur de Brest. Suite à diverses trahisons au sein du Réseau Alliance, il fut arrêté à Porspoder (Brest) en novembre 1943 puis déporté à la prison de Freiburg-im-Breisgau et fusillé le 21 août 1944.
Guillaumede TournemireDispaterChef-adjoint du sous-réseau DruideChef d’escadron
HenriBattuSarigue  
RobertRivatPinson  
Jean-PhilippeSneyersEscogriffe Groupe Apache
Jean-PaulLienFlandrinAdjoint de SneyersEspion à la solde de l’Abwehr Dijon
Eliede DampierreBerger  
Helendes IsnardGrand-duc Chef de secteur Provence
Jean-ClaudeThorelAlose  
PierreNoalTétra Médecin
Jean-BaptisteMoragliaEpervierChef de région Sud-ouestRecruté par Léon Faye. Général de brigade
PaulMengelChauve-souris ou K1Chef de région EstIngénieur
 PoulinArgusChef de région RhôneCapitaine
GilbertBeaujolinCaïmanTrésorier 
RolandCreelLabradorAgent de liaison Centre-Ouest 
CarlosMarinho Réparateur de postes émetteurs et hébergement d’agents.Arrêté par la Gestapo le 1er février 1943, dénoncé par un agent-double. Torturé et gravement blessé, s’évade et reprend le combat dans la région de Brioude sous le nom de Pierre Benoît.
Jeanniede ClarensAmniarixParle couramment allemandA réussi à accumuler de nombreuses informations sur les « armes secrètes » V1 et V2 mises au point par les Allemands à Peenemünde. Elle sera arrêtée par les Allemands et déportée à Ravensbrück. Elle sera libérée par la Croix Rouge le 23 avril 1945.
JosephBordesSaint PèreInformateur du secteur maritime de BordeauxPrêtre, aumônier volontaire pendant la 1ère guerre mondiale. Arrêté par la Gestapo, le 18 décembre 1943 à Dax. Il est jugé pour espionnage et exécuté à Gaggenau le 30 novembre 1944.
EdmondMartyBraque Un des membres principaux de Corrèze
PaulDenis Chef de secteur du HavreMédecin, entre dans le réseau Alliance le 1er août 1942. Capitaine. il sera arrêté le 18 mars 1944 par un agent-double à la solde de la Gestapo. Déporté à Auschwitz et Buchenwald d’où il reviendra en très mauvaise santé.
JacquesMazereauLamantinRadio

Arrêté et torturé par la Gestapo, il réussira à s’évader.

HenriGaillardBuzardOpérateur radio, agent de renseignementAgent P2 recruté en janvier 1941 à Grenoble. Ancien camarade de liaison d’André Girard « Pointer » . Il dut quitter la région en 1943 et fut affecté au PC de Paris. Missions entre le PC, la zone « Libre » , les Pyrénées et les Côtes Atlantiques, transportant argent et aussi les plans originaux des bases allemandes à la Rochelle. Arrêté trois fois, en mai 1943, lors d’un contrôle avant de prendre un car pour Tullins (région de Grenoble), les gendarmes découvrent un poste émetteur dans son sac. Conduit à la prison Saint Joseph, il parvient à s’évader avec l’aide de ses camarades et la complicité de certains gardiens ; en juillet 1943 (Vierzon) et février 1944 (Chantenay-sur-Loire). Il réussi à fuir et poursuivre sa mission.
CharlesBichatCharlesAgent P1 (agent habituel)

Secrétaire de police au commissariat central de Poitiers, puis Commissaire de police à Châtellerault. Lieutenant FFI Chef de la section Police du groupe « Robert » .

GabrielleRenouArianeAgent principal de renseignement secteur Lille-Amiens

Entrée dans la Résistance comme chargée de mission au réseau Alliance sur la région Nord « Stade », avec le pseudonyme d’« Ariane ». Elle fut agent principal de renseignements dans le secteur côtier Lille-Amiens.
Arrêtée à Paris le 17 mars 1944, Gabrielle Renou fut déportée le 20 mai suivant (I.198) sous la classification « NN » (« Nacht und Nebel » : Nuit et Brouillard). Le 1er septembre, du soir jusqu’à l’aube du 2, une camionnette emmena les cent six membres du réseau Alliance détenus, dont Gabrielle Renou, vers le camp de concentration de Natzweiler. Tous furent abattus d’une balle dans la nuque dans la chambre d’exécution, puis incinérés directement dans le four crématoire du camp, situé dans le même bâtiment. 

 

2. Trahisons

Plusieurs trahisons ont été clairement identifiées, le plus souvent par des membres proches de l’Abwehr (Service de renseignement allemand) infiltrés, dans les différents réseaux de la Résistance. Le réseau Alliance a lui aussi connu plusieurs traîtres, dont un, Jean-Paul Lien (« flandrin » ou « Alexandre ») qui a été responsable, de plusieurs centaines d’arrestations et de déportations.

Jean-Paul Lien, né à Saint-Louis (Alsace Haut-Rhin) le 16 septembre 1912. Il est donc né « Allemand » puisque l’Alsace, en 1912, était territoire allemand, après la défaite des troupes françaises de Napoléon III en 1870. Il devient « Français » à partir de 1918, puisque la France a gagné la guerre de 1914-1918 et récupéré l’Alsace et le département de la Moselle en 1918.

Jean-Paul Lien fait son service militaire en tant que Français et devient après, agent SNCF à la sous-direction de Strasbourg. Mobilisé en 1939, il participe à la bataille de France, avec le grade de Sergent, en mai 1940. Il se retrouve à Toulouse, à la fin des combats.

Recruté par Henri Frenay, le futur fondateur du réseau de Résistance Combat, il est envoyé à Villeurbanne, auprès du service d’assistantes sociales, dirigé par Berty Albrecht, contact de Henri Frenay. C’est lui qui permet la rencontre de Henri Devillier, agent de l’Abwehr, et Berty Albrecht.

En janvier 1941, Henri Frenay, officier d’active de l’armée française, est muté au 2e Bureau à Vichy.

Jean-Paul Lien, au cours d’une mission à Paris, est arrêté le 2 novembre 1941, à la station de métro « Filles-du-Calvaire« . Interrogé par les Allemands, il est transféré à Dijon dans les bureaux de l’Abwehr. Il craque et accepte de travailler pour le contre-espionnage allemand. Il sera payé jusqu’à 50 000 francs par mois.

Berty Albrecht est emprisonnée et Jean-Paul Lien infiltre le 2ème Bureau de Lyon en novembre 1942. À partir de cette date, les membres du 2ème Bureau de Vichy, de Clermont-Ferrand et de Lyon sont arrêtés par les Allemands dès mars 1943.

Il entre au sein du réseau Alliance, grâce à un ami d’enfance, Jean Sneyers (« Escogriffe« ), alsacien comme lui. Il prend le pseudo « Flandrin » et Jean Sneyers lui confie un poste d’adjoint au responsable des liaisons aériennes avec l’Angleterre.

Le 10 novembre 1942, l’état-major et le chef de réseau Alliance sont arrêtés après l’évasion du général GIRAUD. Marie-Madeleine Méric (« Hérisson« ) réussit à éviter l’arrestation de justesse grâce à l’intervention du Commandant Léon FAYE, le responsable militaire du réseau Alliance.

Jean-Paul Lien collabore en sous-main à un groupe de gestapistes, au sein duquel on retrouve Robert Moog dit Bobby, Lucien Doussot et l’officier allemand Kurt Merk. Il sera responsable de nombreuses arrestations, qui vont décimer le réseau Alliance.

Le Commandant Léon Faye, alors de retour de Londres, est arrêté avec d’autres, à la gare du Nord à Paris. Jean-Paul Lien (« Flandrin ») était présent ce jour-là dans le train. Léon Faye sera transporté à la forteresse de Bruchsal, puis déporté à Sonnenburg, où il meurt le 30 janvier 1945. 420 membres du réseau Alliance seront fusillés et 170 déportés. Aucun n’est revenu vivant.

Jean-Paul Lien ne s’arrête pas là. L’Abwehr de Dijon lui demande d’infiltrer le réseau Mithridate. Ce réseau de Résistance a été fondé en juin 1940 par Jean-Pierre Herbinger. Celui-ci était directement en relation avec le BRCA de De Gaulle, à Londres. Il intègre ce réseau, composé de 1987 agents, qui opèrent en France, en Belgique et en Italie.

À la libération, Jean-Paul Lien se retrouve à la tête d’un groupe de résistants. En qualité de Capitaine des FFI, il conduit des combats contre les Allemands, alors en fuite vers l’Allemagne. Il est incorporé dans la 1ère armée du général Delatre De Tassigny, dans les Vosges. Il est formellement identifié par un ancien correspondant du réseau Alliance, d’origine anglaise et qui l’avait rencontré plusieurs fois, avec le Commandant Léon Faye .

Jean-Paul Lien est arrêté alors qu’il se paradait, avec un uniforme de Capitaine de l’armée française, dans un bar des Champs-Élysées. Il est aussi reconnu par un autre rescapé du réseau Alliance, Jean Roger Sainteny (« Dragon »). Jean-Paul Lien est transféré au fort de Charenton, jugé à Dijon, le 20 juillet 1946. Il est condamné à mort, en même temps que 20 autres agents de l’Abwehr. Il est fusillé, le 30 octobre 1946, au fort de Sennecey-les-Dijon.

 

 

 

 

 

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