Les années folles

Après la Première Guerre mondiale, les Français vivaient l’entre-deux-guerres, de façons profondément différentes suivant qu’ils étaient parisiens voire propriétaires dans le cœur de grandes villes, ou qu’ils étaient ruraux, y compris dans la campagne profonde.

La guerre avait ruiné l’économie du pays et profondément modifié l’équilibre démographique.  La population française était passée de 41 630 000 habitants en 1914 à 38 600 000 en 1920. La ruralité ayant payer le plus lourd tribut démographique, souffrait plus intensément que la capitale ou les grandes villes au sud de la Loire. Les départements du nord et de l’est vivaient plus atrocement la famine et le chômage que tous les autres départements français.

Pour la première fois depuis un siècle, de façon flagrante et cruelle, la devise officielle de la République française « liberté, égalité, fraternité » ne fut pas au rendez-vous pour les habitants dans ces départements après la Première Guerre mondiale. Bien loin du confort parisien, ces derniers furent le plus souvent abandonnés à leurs souffrances par les gouvernements.

Pourtant, l’Histoire, celle enseignée dans le milieu scolaire, retiendra pour les années 1920 à 1930, appelées les « années folles », principalement le mode de vie parisien, grâce aux grands bouleversements dans le domaine de la culture, de la peinture, du cinéma, de la musique mais aussi et surtout dans le domaine social où de nombreuses femmes recherchaient ouvertement l’émancipation de toutes les règles. Les Parisiennes, étonnamment plus que les autres Françaises, exprimaient ouvertement un immense besoin de libération individuelle.

Jean-Christian Petitfils, résume ce phénomène parisien dans « Histoire de la France » de 2018, en citant Léon Blum ; « Il y eut quelque chose d’effréné, une fièvre de dépense, de jouissance et d’entreprise, une intolérance de toute règle, un besoin de nouveauté allant jusqu’à l’aberration, un besoin de liberté allant jusqu’à la dépravation ».

Paris, qui n’a pas vécu l’enfer du front durant les quatre années de guerre, souffrait cependant du niveau de plus en plus flagrant de corruption et d’incompétence de toute la classe politique, essentiellement parisienne. Les Français en général, mais surtout les Parisiens, n’avaient plus confiance en leurs gouvernements et plus globalement en leurs politiciens.

Jean-Christian Petitfils, dans son livre « Histoire de France » nous révèle que ; « Les mentalités évoluaient. On se méfiait de l’exaltation patriotique d’autrefois, on stigmatisait le militarisme, on prônait le désarmement, on en appelait à la fraternité des peuples ». Mais aussi que « Si politiquement le pays s’enfonçait dans la médiocrité, s’adonnant au jeu délétère des ambitions partisanes, Paris, plus que jamais Ville lumière, rayonnait de tous ses feux sur le monde fasciné ».

Pendant ces « années folles », Paris était livré au libertinage féminin, à la bisexualité, aux amours multiples, à la critique sociale, aux explosions de représentations exotiques et osées dans les cabarets. Les « années folles » c’étaient aussi, dans le domaine de la peinture, le mouvement « nihilisme social et culturel » avec ses productions provocantes ou burlesques. Dans les domaines de la chanson et du cinéma, alors dans ses débuts, cette période apporta son lot de célébrités.

C’est ainsi que le public découvrit des personnages pleinement investis dans ce « temps perturbé » des « années folles » tels Louis Aragon, Paul Éluard, Salvador Dali, Jean Cocteau, Le Corbusier. Mais aussi, dans l’industrie naissante, du disque tels Maurice Chevalier, Édith Piaf, Charles Trenet ou du cinéma tels Jean Gabin, Arletty, Michel Simon, Fernandel ou Raimu.

 

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Pour lire la suite, voir le chapitre « La paix des dupes »...