1871 La Commune
1. Contexte
Comme souvent depuis 1789, Paris et ses bourgeois inconscients, pourtant à l’origine de la déclaration de guerre avec les Prussiens en 1870, refusèrent l’armistice, résultat pourtant totalement prévisible avant cette guerre et devenu inévitable après.
La rupture était consommée entre les républicains bourgeois parisiens et les membres « versaillais » du gouvernement de la IIIe République. Depuis la fin du siège prussien, une grande partie des habitants « modérés » et bourgeois « réalistes » sentant venir les troubles sanglants inévitables, avaient déserté Paris. La capitale était livrée aux gardes nationaux et à la gauche « radicale ».
Les Parisiens révolutionnaires, profondément vexés par l’autoritarisme du gouvernement et les mesures prises à leur encontre, se révoltèrent contre la troupe régulière du général Claude-Martin Lecomte, venue, le 18 mars 1871, récupérer les canons de la butte Montmartre.
Le général Claude-Martin Lecomte fut fusillé, sans aucune forme de procès, tout comme le général Jacques Léonard Clément-Thomas, ancien commandant de la Garde nationale à Paris.
Les émeutiers incitèrent la foule des quartiers ouvriers parisiens et les soldats de la troupe régulière à les rejoindre, dans leur combat désespéré. Comme l’avait imaginé Adolphe Thiers, un grand nombre de soldats commandés par le général Lecomte, influencés par les gardes nationaux parisiens, avaient rejoint les insurrectionnels.
Le 26 mars 1871, un « Conseil général de la Commune de Paris » fut « élu » sur le modèle de la « Commune » de 1792. Une sorte de gouvernement parisien, pour contrer le véritable gouvernement, élu en février 1871, à partir de l’Assemblée nationale constituante.
Ce « Conseil général de la Commune de Paris » composé de républicains et d’ouvriers, était le reflet des révolutionnaires parisiens en 1871. Ils se rejouaient les révoltes parisiennes depuis 1789, après s’être rendu compte pourtant que la majorité des Français, en province, consciente de la réalité de la situation, était d’un avis opposé.
Les revendications des « communards » dans un profond déni de réalité, étaient tout simplement utopiques, dans un pays envahi par les Prussiens, après la débâcle de Sedan. Ils réclamaient « la République et la victoire sur l’envahisseur, du pain et un toit pour tous, la justice et la solidarité sociale, la reconnaissance de leurs droits et de leur dignité, avec pour phare la liberté… ».
D’autres villes de province, principalement dotées d’une Garde nationale, imitèrent, avec plus ou moins de succès, l’insurrection parisienne.
Suivant les historiens Michelle et Aurélien Fayet, dans leur livre « Le grand livre de l’Histoire de France » de 2014, aux éditions Eyrolles, le programme des communards était le suivant : « Les communards sont, comme leurs ancêtres sans-culottes, passionnément anticléricaux. La Commune proclame donc la séparation de l’Église et de l’État. Composée de nombreux socialistes et d’anarchistes, celle-ci impose un programme social mettant en place l’autogestion ouvrière dans les ateliers abandonnés par les patrons. La Commune se démarque de la 1ʳᵉ République par son fédéralisme et projette une association des communes dans le cadre d’une France fédérale. Pour cette raison, les communards sont aussi connus sous le nom de fédérés ».
2. Communes impliquées
En dehors de Paris, plusieurs autres agglomérations avaient essayé de mettre en place, en 1871, un dispositif comparable à celui de la capitale.
Les villes qui ont suivi le « phénomène » de la « Commune » furent :
- Paris, du 18 mars au 28 mars 1871
- Lyon, du 22 mars au 25 mars 1871
- Marseille, du 23 mars au 4 avril 1871
- Saint-Étienne, du 24 mars au 28 mars 1871
- Narbonne, du 24 mars au 31 mars 1871
- Toulouse, du 24 mars au 27 mars 1871
- Perpignan, le 25 mars 1871
- Le Creusot, le 26 mars 1871
- Grenoble, le 16 avril 1871
- Bordeaux, le 16 au 17 avril 1871
- Nîmes, le 18 avril 1871
- Limoges
- Périgueux
- Cuers
- Foix
- Rouen
- Le Havre
3. Conséquences
Paris et les principales villes comme Lyon et Marseille étaient sous le siège des forces armées du gouvernement « versaillais ». Après avoir subi le siège des Prussiens pendant 5 mois, Paris, par la faute des « communards » a dû subir un nouveau siège de près de deux mois supplémentaires. Une souffrance inutile et injuste dans ce dur hiver 1871 où le froid et la faim avaient déjà fait de nombreuses victimes.
Le 6 avril 1871, après 19 jours depuis le début de l’insurrection parisienne, Adolphe Thiers, chef du pouvoir exécutif de la IIIᵉ République, signa à Versailles un arrêté organisant l’armée « pour le rétablissement de l’ordre en France ».
Les opérations commencèrent le 11 avril 1871, dans les environs de Paris, pour récupérer les forts investis par les « communards ». Ces opérations à Paris furent terminées le 13 mai 1871. L’armée put se consacrer à la reprise de la capitale dès le 21 mai 1871.
L’insurrection fut écrasée dans le sang. Le 21 mai 1871, plus de 100 000 soldats sous la direction du maréchal Mac Mahon entrèrent dans la capitale. Ce fut le début d’une semaine sanglante de répression acharnée. Dans toutes les rues de Paris assiégée s’est déroulée une véritable guerre civile, opposant les « communards » aux soldats réguliers.
Les « communards » très largement submergés, impuissants, dans un mouvement de désespoir ou de vengeance, ont incendié le palais des Tuileries. Celui-ci était la dernière demeure des rois de France. Ils mirent le feu à l’hôtel de Ville, au Conseil d’État, au Palais-Royal, à la préfecture de police, à l’hôtel de la Légion d’honneur, au Palais de Justice et près de deux cents autres bâtiments.
De même, ils exécutèrent, sans forme de procès, plus de 500 otages, dont une majorité de membres du clergé qui n’avaient pu fuir la capitale, avant le début des troubles. Les derniers combattants « communards » retranchés au cimetière du Père-Lachaise furent fusillés le 28 mai 1871, contre le mur d’enceinte.
Le bilan de cette semaine fut terrible avec plus de 20 000 « communards » morts contre environ un millier de soldats réguliers. Plus de 20 000 autres « communards » furent condamnés soit à la prison, soit à la déportation, aux travaux forcés ou à la peine capitale. Quelques-uns, les plus « chanceux » furent condamnés à de simples amendes.
Le mouvement socialiste français, qui avait trouvé ses fondations lors des débuts de l’industrialisation, fut décapité lors de ce conflit. La majorité des « communards » provenaient des rangs socialistes ou anarchistes parisiens. Fort heureusement, pour ces militants, la loi d’amnistie de 1880 permettra aux principales figures de ce mouvement de revenir en France, après leur fuite à l’étranger.
Quelques socialistes et anarchistes « nostalgiques » commémoreront, durant les deux siècles suivants, l’anniversaire de cet épisode effroyable, devant le mur du cimetière du Père-Lachaise rebaptisé pour la circonstance « mur des fédérés ».
Cet épisode de la « commune » apporta malheureusement, encore une fois, la preuve dans l’Histoire de France que la République fut capable de tuer un nombre important de ses enfants, par la main d’autres Français. Hélas, cela se reproduira encore, sous les prochaines Républiques.
Le gouvernement « versaillais » avec une majorité de députés « royalistes » à l’Assemblée nationale, était à l’origine de la construction de la basilique du Sacré-Cœur, sur le lieu même où étaient entreposés les canons de la Garde nationale parisienne.
Cette basilique fut le résultat du vœu d’Alexandre Legentil, membre de la haute bourgeoisie parisienne, en janvier 1871, au profit du Sacré-Cœur de Jésus-Christ. Alexandre Legentil était l’initiateur et l’un des contributeurs de la construction de la basilique du Sacré-Cœur.
Contrairement à certaines rumeurs, sur la « Commune » parisienne, pour Alexandre Legentil, initiateur du « vœu national » de 1871, cette basilique fut bâtie sur la colline dite « Montmartre » en vue d’expier un siècle de fautes commises par les Parisiens. Alexandre Legentil faisait probablement référence aux choix « catastrophiques » et « anticléricaux » des « révolutionnaires » parisiens depuis 1789 qui ont entraîné les trop nombreuses guerres depuis cette date.
Dans les milieux de certains « initiés » parisiens, la colline Montmartre était déjà, pour les Gallo-romains, un lieu de culte au dieu Mars (Mont Mars) ou au dieu Mercure. Pour les chrétiens parisiens, pendant plusieurs siècles, après le martyre de l’évêque saint Denis, la colline Montmartre fut le « Mont » des « martyrs » comme Jésus-Christ, sur le mont « calvaire ».
La basilique du Sacré-Cœur, commencée en juillet 1873, fut officiellement achevée en… 1923.
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Pour lire la suite, voir le chapitre « La 3ème République« …