1789-1800…Contexte
Comme on vient de le voir, dans les chapitres précédents de l’Ancien Régime, l’arrivée de la Révolution de 1789 ne fut pas soudaine. Elle fut le fruit d’une longue construction progressive, au fil des trois derniers règnes de Louis XIV à Louis XVI.
Contrairement, à ce qu’on peut parfois lire dans certains manuels scolaires des Républiques suivantes, la Révolution de 1789 n’a pas été, dans les premiers mois, une réalisation du peuple. Elle fut encore moins pour le peuple, mais hélas bien souvent contre le peuple.
Cette Révolution a été préparée et orchestrée de longue date, par une partie de la haute noblesse, du clergé et surtout, réunis dans le Tiers-état, par les principaux membres des Parlements (magistrats, avocats, officiers d’État, etc.), aidés par les nombreux nouveaux bourgeois.
Chacun des deux premiers ordres (le troisième est le Tiers état), recherchait confusément, depuis la disparition de Louis XIV, à changer et à affaiblir le pouvoir en place. Certains nobles enviaient le régime de l’ancienne aristocratie (féodalité), dans lequel, chaque seigneur était seul maître chez lui. D’autres critiquaient le côté centralisateur de la monarchie et son administration.
D’autres enfin, jaloux ou envieux, proches de la famille royale, souhaitaient prendre la place du roi. Le clergé désirait une plus grande indépendance et plus de pouvoir, tout comme les différents Parlements composés de ses magistrats, avocats, clercs et responsables d’offices.
Les bourgeois, très nombreux, nouveaux riches, souhaitaient, eux, pouvoir bénéficier des mêmes privilèges que ceux de la noblesse. En résumé, chacun défendait ses privilèges, qu’il n’entendait pas partager.
La faiblesse des pouvoirs, d’autorité et le manque de volonté de Louis XV et Louis XVI ont permis la diffusion progressive, dans la société aisée (noblesse, clergé, Parlement et bourgeois), d’un besoin de liberté de vie. Cette dernière fut accompagnée de besoins de penser, d’écrire, de voyager, d’entreprendre, de commercer, de critiquer.
Ceci s’est traduit par l’apparition, au cours de ce siècle (appelé siècle des Lumières), de nombreux philosophes, de nombreux livres ou encyclopédies, mais hélas aussi, de son cortège de rancœur, de jalousie, de frustration, d’ambition et de conspiration.
François-René de Chateaubriand, jeune témoin de la Révolution de 1789, l’écrivait dans son célèbre ouvrage « Mémoires d’Outre-tombe » : « Les plus grands coups portés à l’antique constitution de l’État le furent par des gentilshommes » et « Les patriciens commencèrent la Révolution ». De ces événements tragiques, on peut mieux mesurer de nos jours les côtés bénéfiques, mais aussi, les côtés négatifs pour le peuple et pour la nation.
Les événements passés sont des faits indiscutables et non modifiables. Il ne s’agit pas de critiquer ou approuver tel ou tel événement, mais simplement d’être plus proche de la vérité. Apporter plus de clarté sur ces événements, sur le déroulé chronologique et sur leurs conséquences.
On peut dire aujourd’hui, compte tenu de toutes les informations recueillies, que le « peuple » en France à cette époque, au sens global ou majoritaire (85 % de la population était composée de paysans), n’a pas été à l’origine de cette Révolution. Il l’a subi et il n’en a pas vraiment profité, bien au contraire.
On peut dire, aussi, que ces événements se sont déroulés, dans la douleur pour tous, y compris pour le peuple qui, lui, n’avait rien demandé. Les principaux responsables ou intervenants (nobles ou députés), à partir des États généraux de mai 1789, n’ont pas vécu très longtemps.
À l’exception de quelques rares personnages, comme Emmanuel-Joseph Sieyès, l’un des principaux instigateurs de la Révolution depuis février 1789, qui ont su rester à l’écart, des positions extrêmes trop souvent recherchées.
Si, comme Emmanuel-Joseph Sieyès, issu du clergé et député du Tiers-état de Paris, la majorité des députés, en juin 1789, souhaitaient modifier les institutions de l’État monarchique en un régime « monarchique constitutionnel ». Ils avaient comme base de réflexion le régime parlementaire du Royaume-Uni. Cependant, d’autres, plus radicaux, souhaitaient supprimer les deux premiers ordres, y compris tous les privilèges et même le pouvoir royal.
Les conflits de pouvoir, d’idées, d’objectifs et le manque de réalisme de tous ces personnages, durant les différents événements de mai 1789 à novembre 1799, vont enflammer toute la France. Rapidement, les idées de la « Révolution française » vont se propager dans toute l’Europe, sans trouver un juste équilibre, entre le pouvoir, le peuple et les « corps » intermédiaires (les Assemblées).
C’est finalement, par un coup de force (coup d’État du 18 brumaire), que la France mettra fin à la Révolution de 1789. Après avoir chassé un roi (Louis XVI sera décapité le 21 janvier 1793), la Révolution trouvera un empereur pour le remplacer.
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