1900-1914…Contexte

1 Période 1900-1914 Contexte

Pour mieux mesurer les événements qui amenèrent la France à la Première Guerre mondiale dans des conditions catastrophiques dues surtout, à la non-anticipation ou à la compromission de certains gouvernements de la IIIe République, il faut voir les principales évolutions durant cette période 1900-1914.

Pendant cette période, après la modification de la durée du service militaire de 5 ans à 3 ans en 1889, on assista à une nouvelle volonté gouvernementale de la réduire encore de 3 ans à 2 ans en 1905. A l’approche du futur conflit, de plus en plus certain avec l’Allemagne, cette modification fut suivie d’un désir tardif de retour à 3 ans, en 1913.

Cette dernière correction de la durée du service militaire, perçue comme indispensable par l’état-major des armées, dirigé par le général Joffre, n’était absolument pas partagée au niveau du gouvernement par les « socialistes » représentés par Jean Jaurès et la gauche « radicale » bourgeoise et germanophile, représentée par Joseph Caillaux.

On assista, par exemple, à de véhémentes manifestations antimilitaristes, provoquées par Jean Jaurès au Pré Saint-Gervais, le 25 mai 1913. Jean Jaurès, issu de la bourgeoisie de Castres, âgé de 55 ans, député « socialiste » et fondateur en 1904 du journal « l’Humanité » fut assassiné à Paris, rue Montmartre, le 31 juillet 1914, par Raoul Villain, un jeune étudiant nationaliste.

La gauche « socialiste » avait ses raisons idéologiques et naïves de lutter en 1913 contre cette dernière modification de la durée du service militaire. La gauche « radicale » et bourgeoise était plutôt majoritairement en admiration pour la puissante Allemagne, qu’elle avait indirectement contribué depuis 1870, à devenir militairement très forte.

Cette gauche « radicale » de la IIIe République était de toute évidence en contradiction dans son pacifisme utopique, voire en compromission, en maintenant la France sous-équipée militairement depuis 40 ans, malgré l’émergence du conflit.

Le paysage politique de cette période du début du 20ème siècle ne changea guère de celui de la fin du siècle précédent. La « gauche » qui était représentée à la Chambre des députés, par les « républicains », les « républicains modérés », les « républicains opportunistes », les « socialistes », les « radicaux » et enfin les « radicaux socialistes » détenait la majorité des sièges avec 465 sur 589 au total.

La gauche « radicale » bourgeoise était aussi majoritaire au gouvernement, avec ses ministres et le président du Conseil Émile Combes, lui-même du Parti radical.

Aux élections législatives de 1902, les électeurs avaient élu leurs députés, après les violents remous des « affaires » de Fachoda et surtout de Dreyfus, en oubliant l’essentiel de la crise en cours avec l’Allemagne.

La gauche dans son ensemble, déjà à cette époque dans le déni permanent de réalité, en plus d’être viscéralement anticléricale, était profondément pacifiste et antimilitariste.

Malheureusement pour eux et les Français en général, le Kaiser allemand Guillaume II ne tiendra pas compte de leur souhait, en déclarant la guerre à la France le 3 août 1914, après deux tentatives infructueuses en 1905 puis en 1911.

De toute évidence, la croyance bien naïve des Français de gauche avait, au contraire, encouragé le Kaiser Guillaume II à poursuivre sa tentative d’envahir à nouveau, au début du 20e siècle, ce pays fragilisé par l’impréparation, la soumission, l’ignorance et l’incrédulité.

La gauche française, sous l’influence de la CGT, le syndicat inféodé à l’international socialisme, était naïvement persuadée que les socialistes allemands (SPD) ne suivraient pas leur kaiser dans la guerre. Malheureusement pour cette gauche française, les socialistes allemands furent les premiers à voter les crédits de guerre en Allemagne.

Les tentatives de 1905 et 1911 furent contrecarrées par les Anglais qui ne souhaitaient pas qu’une Allemagne forte envahisse à nouveau la France. La situation aurait été alors trop dangereuse pour le Royaume-Uni, qui se retrouverait ainsi directement face aux Allemands.

Ce qui était perçu au début de ce nouveau siècle, comme un immense progrès social en France, existait pourtant déjà depuis plus de 20 ans en Allemagne.

Ce qui était le cas, par exemple des lois de 1898 sur les accidents du travail, en 1900, sur la durée de travail dans les usines, de dix heures par jour pour les enfants, en 1905, la durée de huit heures par jour pour les mineurs, en 1906, la création d’un ministère du Travail et de la Prévoyance sociale et enfin en 1910, les premières tentatives d’une retraite ouvrière et paysanne.

De 1896 à 1914, la France industrielle et capitaliste a connu une forte croissance, grâce à la seconde révolution industrielle due à la généralisation de l’électricité. A la fin du 19ème siècle, la France comptait plus de 42 000 kilomètres de voies de chemin de fer, soit plus que l’Angleterre, pourtant pionnière en la matière.

La majorité des évolutions industrielles et des améliorations dans les transports furent le fruit essentiellement de la société civile et des contributeurs techniques ou financiers. Les politiciens n’étaient en rien responsables ou à l’origine de ces évolutions.

Aucun plan national d’aménagement du territoire n’avait été, hélas, envisagé par les gouvernements de la IIIe République. Les industriels ont directement créé ou adapté les moyens de transport, aux besoins de la main-d’œuvre nécessaire, aux lieux des entreprises ou de la clientèle potentielle, comme par exemple, l’accès aux villes thermales.

La croissance économique a permis aux banques françaises d’accompagner les développements technologiques, les investissements productifs et même une épargne provenant de la classe moyenne.

Mais c’est surtout dès le début du 20e siècle que se formèrent des entreprises industrielles qui perdurèrent jusqu’au 21e siècle. Ce fut le cas pour les Aciéries de Longwy en Lorraine, pour la Compagnie générale d’électricité, la Compagnie Michelin, celle d’Air liquide, des établissements tels que Renault ou Peugeot qui fabriquèrent plus de 10 000 véhicules en 1913, et des sociétés de construction d’avions comme Blériot-Aéronautique et Morane-Saulnier.

À l’exception de l’Algérie, dont les débuts de la colonisation avaient débuté en 1830 sous le règne du roi bourgeois Louis-Philippe 1er, et certaines îles des Caraïbes comme la Guadeloupe et la Martinique, la majorité des nouvelles tentatives de colonisation fut le fruit d’initiatives hasardeuses sous la IIIe République avec des gouvernements, uniquement, de gauche.

Ce fut par exemple le cas, du Maroc, de la Tunisie, de certains territoires d’Afrique occidentale et équatoriale, de l‘Indochine française, du Viêt Nam, du Laos, de Madagascar, du Cambodge, du  Tonkin,  de l’Annam,  de la Nouvelle-Calédonie et de nombreux autres territoires.

La gauche bourgeoise parisienne de la IIIe République, profondément anticléricale, a pourtant souvent utilisé et encouragé de nombreux ecclésiastiques ou missionnaires pour « civiliser » les Autochtones des territoires colonisés.

Après 1905, on assista à la séparation de plus en plus prononcée entre les républicains « socialistes » proches du bas peuple, largement exploité dans les mines ou les ateliers, et les républicains bourgeois de la gauche « radicale » proches des nouveaux capitalistes, bénéficiaires de la révolution industrielle.

Les élections législatives de 1906 virent 30 députés « nationalistes » élus dans le groupe de la droite. Après les 6 députés « nationalistes » élus lors des élections législatives de 1898, c’était la seconde fois que ce groupe était présent au sein de la Chambre.

Les quatre principales « affaires » qui se sont déroulées sous la IIIe République, à cheval entre la fin du 19ème siècle et le début du 20e siècle furent Fachoda, Dreyfus, celle relative aux « fiches » dans l’armée française et enfin l’affaire des « inventaires » de l’Église catholique. Ces affaires firent trembler les gouvernements concernés.

Fachoda, petit poste militaire, à la frontière du Soudan, soit à 650 km au sud de la capitale Khartoum, était le fruit d’une intervention militaire française, véritablement hasardeuse, composée d’une centaine de soldats. Ces militaires, envoyés par le gouvernement français, dans une zone désertique, avaient reconstitué un ancien fort dans lequel ils ont dû affronter une tribu locale, d’un millier d’individus.

Les Anglais, qui s’étaient unilatéralement déjà octroyé l’Égypte, avaient manifesté leur vif mécontentement, après avoir constaté l’arrivée de soldats français, sur ce qu’ils considéraient, à tort, comme leur territoire. Avec l’approche de la guerre de 1914, le gouvernement français a préféré céder aux Anglais.

Dreyfus, une affaire très complexe qui toucha au plus haut niveau l’état-major des armées françaises et les gouvernements de la IIIe République. Sur la base d’une affaire supposée d’espionnage, entre certains officiers français et l’ambassade allemande à Paris, s’est ajoutée une affaire dans l’affaire, car l’officier soupçonné était d’origine alsacienne et de confession juive.

L’Alsace était un territoire allemand depuis 1871, mais le capitaine Dreyfus vivait en France. Dans un contexte violemment anticlérical, les passions des uns et des autres ont vivement accentué le débat autour de ce supposé acte d’espionnage dont on n’a pas prouvé la culpabilité réelle du capitaine Alfred Dreyfus, initialement mis en cause. De plus, la guerre de 1914 pointant son nez, cette « affaire » d’espionnage au profit des Allemands arrivait au mauvais moment, pour l’armée française.

La troisième affaire, dans laquelle étaient impliqués des politiciens en poste au plus haut niveau de la République, comme le général Louis André, ministre de la Guerre, et le gouvernement Émile Combes, concernait l’histoire des « fiches » au sein de l’armée française.

Ces personnes, en association avec des loges maçonniques, tel le Grand Orient de France et l’administration préfectorale, avaient organisé secrètement depuis 1900, le « fichage » politique et religieux des officiers des armées françaises, dans le but de défavoriser l’avancement hiérarchique et l’attribution de décorations, aux officiers catholiques.

Cette pratique indigne d’une démocratie, bien que dénoncée en 1904 à la Chambre par le député Jean Guyot de Villeneuve et Jean-Baptiste Bidegain, le secrétaire-général de la loge maçonnique du Grand Orient, elle sera pourtant poursuivie jusqu’en 1913. Ceci expliquera, probablement en partie, les désastreux résultats du début de la guerre, avec un encadrement peu performant ou peu motivé.

Cet acharnement, en provenance majoritairement des républicains « radicaux » et des loges maçonniques, me permet d’affirmer que ceux-ci étaient surtout « radicalement » contre l’Église catholique et tout ce que celle-ci drainait dans la société, y compris dans les armées.

Les mêmes personnages de la gauche « radicale » à l’abri de besoins financiers, étaient souvent pourvoyeurs de festivités luxuriantes, désinvoltes et fréquemment sulfureuses, dans la capitale de la « belle époque » grâce aux nouveaux cabarets ou salles de spectacles, réservés à la bourgeoisie frivole parisienne ou étrangère. Pendant ce temps de festivités parisiennes, le bas peuple, impuissant, poursuivait sa descente « aux enfers » dans les mines et les ateliers.

Enfin, la quatrième affaire concernait la mise en application d’un article de la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État. Cette loi supprima l’application du Concordat de 1801 signé par Napoléon 1er et le pape, à l’exception des départements de l’Alsace et de la Moselle.

Ces trois départements étaient des territoires allemands en 1905 et ne seront réintégrés à la France qu’en 1919. Ces départements conservent encore, fort heureusement, au 21e siècle, l’application du Concordat de 1801.

Cette loi de décembre 1905 prévoyait la disparition des établissements publics du culte et l’affectation des édifices destinés à l’exercice du culte à des associations culturelles à créer.

Aussi, un inventaire des biens gérés par les établissements responsables était devenu nécessaire, mais très délicat à mettre en œuvre. Dans de nombreuses régions de France, la population s’est opposée à cet inventaire et malheureusement, il fut déploré un mort et de nombreux blessés, entraînant la chute du gouvernement en place.

La loi du 9 décembre 1905, sur la séparation des Églises et de l’État, donna lieu à de nombreux débats particulièrement houleux, pendant plusieurs années. Cette loi, que certains contemporains du 21e siècle transforment à tort, comme une loi de « laïcisation » donne encore lieu à de nombreuses interprétations erronées et des violations fréquentes.

C’est par exemple, dans l’application de son Article 2, « La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. » qu’on constate que certaines villes françaises et certains politiciens ayant des responsabilités, enfreignent cette loi en subventionnant la construction, voire l’implantation de certaines mosquées. 

Cette loi, bien que promulguée par les républicains, de gauche évidemment, Émile Loubet président de la IIIe République et Maurice Rouvier président du Conseil, ne concernait pas uniquement l’Église catholique, mais bien les « Églises » dans le sens de culte.

Enfin, pour mieux cerner combien tous ces gouvernements et ces politiciens des deux Chambres étaient incompétents, irresponsables et continuellement dans l’entre-soi pendant les 45 premières années de la IIIe République, il faut, dans le chapitre ci-après, voir leurs nombreux mandats, souvent cumulés, en tant que « député », « Sénateur », « ministre », « président du Conseil » ou même « président de la République ».

Quatre exemples parmi tous, qui m’ont le plus interpelé, c’est d’abord celui d’Aristide Briand qui fut 26 fois ministre et 11 fois président du Conseil, mais aussi Louis Barthou qui fut 15 fois ministre ou encore Maurice Rouvier qui fut 11 fois ministre et enfin, Georges Clemenceau. Ce dernier fut plusieurs fois ministre ou président du Conseil, alors qu’il était sénateur, et ce, pendant 18 ans.

Beaucoup de ces politiciens de la IIIe République étaient aussi francs-maçons, ce qui expliquera sans doute leur anticléricalisme forcené aboutissant en 1905, à la loi de séparation des Églises et de l’État.

En essayant de comprendre les mouvements et les résultats de ces gouvernements sous la IIIe République, la question qui s’est immédiatement imposée à l’esprit était : Quel a été le bilan pour le pays, pour la France et pour les Français ?

Malheureusement, à chaque fois la réponse était la même ; Rien ! Rien aussi, pour éviter ou limiter le désastre de la Première Guerre mondiale. Rien encore, pour défendre les intérêts de la France, pourtant victorieuse sur les champs de bataille, pendant le traité de paix, signé à Versailles le 28 juin 1919 par Georges Clemenceau, alors président du Conseil et chef du gouvernement français.

 

 

2. Période 1900-1914, présidents de la République et gouvernements

2.1 Période 1899 à 1906

2.1.1 Président de la République

Le début du 20e siècle commença avec Émile Loubet, membre de l’Alliance républicaine démocratique (ARD), comme président de la IIIe République.

Émile Loubet, élu le 18 février 1899, en tant que 7e président de la IIIe République, resta en place jusqu’au 18 février 1906.

Émile Loubet, ancien avocat, comme presque tous les politiciens de la IIIe République, avait été plusieurs fois ministre, président du Conseil en 1892 et même 4 fois président du Sénat, avant d’occuper, pour 7 ans, le poste de président de la République.

La fin de son mandat fut marquée par l’affaire « Dreyfus » celle des « fiches » relative au « flicage » des officiers de religion catholique, dans les armées françaises, et enfin la loi de 1905, sur la séparation des Églises et de l’État.

 

2.1.2 Les Gouvernements

Pierre Waldeck-Rousseau fut président du Conseil et chef du 1er gouvernement du 20e siècle (22 juin 1899 au 3 juin 1902).

Premier des 15 gouvernements qui se succédèrent, jusqu’à la déclaration de guerre, le 3 juin 1914.

Pierre Waldeck-Rousseau, issu de la grande bourgeoisie nantaise, fils d’un maire de la ville de Nantes, ancien avocat d’affaires inscrit au barreau de Saint-Nazaire puis à Paris en 1886, était un républicain « modéré » appelé aussi républicain « opportuniste ». Il fut nommé plusieurs fois ministre et sénateur avant de devenir président du Conseil.

Dans la première moitié de la IIIe République, le parlement était divisé entre républicains « radicaux » siégeant à l’extrême gauche, les républicains « modérés » siégeant à gauche, les monarchistes ralliés à la République (les libéraux et le centre gauche) et la droite, constituée des trois groupes (les monarchistes légitimistes, les monarchistes orléanistes, les bonapartistes).

Actions principales à son crédit : La loi de 1901 sur les associations à but non lucratif.

Au sein de la Chambre des députés, suite aux élections législatives de 1898, sur les 585 sièges, la droite avait 96 députés et les groupes de gauche avaient 489 députés.

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Émile Combes fut président du Conseil et chef du 2e gouvernement du 20e siècle (7 juin 1902 au 24 janvier 1905).

Émile Combes, républicain « radical » était membre du nouveau « Parti républicain, radical et radical-socialiste » (PRRRS).

Émile Combes, franc-maçon, ancien séminariste sans conviction, était devenu viscéralement anticatholique. Il fut l’un des premiers instigateurs, avec Aristide Briand, à l’origine de la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État.

Suite aux élections législatives de 1902, la composition de la Chambre des députés avait changé au profit des « radicaux ». A gauche, les républicains « modérés » s’étaient séparés des autres républicains non « radicaux » et formaient un groupe à part, ce qui influença le résultat dans l’élection du président du Conseil et donc du gouvernement.

Actions principales à son crédit : Suppressions de presque tous les établissements scolaires, issus de congrégations religieuses, par la loi du 7 juillet 1904. La mise en application de cette loi, suivie de débats au sein de la Chambre, sur l’éventuelle séparation des Églises et de l’État, va entraîner un divorce de fait avec la papauté lorsque le pape Léon XIII meurt en 1903. Le gouvernement français de l’époque y voit une opportunité de rendre caduque le Concordat, signé en 1801, par Napoléon 1er.

Au sein de la Chambre des députés, suite aux élections législatives de 1902, sur 589 sièges, la droite avait 124 députés et la gauche 465 députés dont 233 « radicaux ».

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Maurice-Pierre Rouvier fut président du Conseil et chef du 3e gouvernement du 20e siècle (24 janvier 1905 au 18 février 1906).

Maurice-Pierre Rouvier, républicain « opportuniste » et membre de l’Alliance républicaine démocratique (ARD), assuma ses fonctions du 24 janvier 1905 au 18 février 1906, puis réélu ; il les poursuivit du 18 février 1906 au 7 mars 1906

Maurice-Pierre Rouvier, franc-maçon, ancien banquier et journaliste, membre des communards marseillais en 1870 et ami de Léon Gambetta, était proche de l’extrême gauche.

Maurice-Pierre Rouvier, bien qu’ami aussi de Jacques de Reinach lié au scandale du Panama, fut ministre du Commerce dans le gouvernement de Jules Ferry et ministre des Finances, dans un gouvernement d’Émile Combes.

Actions principales à son crédit : Maurice-Pierre Rouvier fut 11 fois ministre entre 1881 et 1905, sénateur de 1903 à 1911 et 3 fois président du Conseil entre 1887 et 1906.

 

 

2.2 Période 1906 à 1913

2.2.1 Président de la République

Armand Fallières fut le 8e président de la IIIe République. Ancien président du Sénat de 1899 à 1906, républicain « modéré » et membre de l’Alliance républicaine démocratique (ARD), il assuma ses fonctions du 18 février 1906 au 18 février 1913. Pas moins de 9 gouvernements se succédèrent durant son mandat de 7 ans.

Armand Fallières avait été nommé 5 fois ministre, président du Conseil en 1883 et même 9 fois président du Sénat de 1899 à 1906, avant d’occuper, pour 7 ans, le poste de président de la République.

 

2.2.2 Les Gouvernements

Maurice-Pierre Rouvier fut président du Conseil et chef du 4e gouvernement du 20e siècle (18 février 1906 au 7 mars 1906).

Maurice-Pierre Rouvier, républicain « opportuniste » et membre de l’Alliance républicaine démocratique (ARD), formation de centre droit, 

Maurice-Pierre Rouvier, réélu en février 1906, poursuivit ses fonctions du 18 février 1906 au 7 mars 1906.

Maurice-Pierre Rouvier, franc-maçon, ancien banquier et journaliste, membre des communards marseillais en 1870 et ami de Léon Gambetta, était proche de l’extrême gauche.

Actions principales à son crédit : Maurice-Pierre Rouvier fut 11 fois ministre entre 1881 et 1905, Sénateur de 1903 à 1911 et 3 fois président du Conseil entre 1887 et 1906. Son gouvernement fut renversé suite à l’affaire provoquée par la « crise des inventaires » des biens des Églises.

Au sein de la Chambre des députés, suite aux élections législatives de 1906, sur 585 sièges, la droite avait 174 députés et la gauche 411 députés dont 247 « radicaux ».

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Ferdinand Sarrien fut président du Conseil et chef du 5e gouvernement du 20e siècle (14 mars 1906 au 20 octobre 1906).

Ferdinand Sarrien, républicain « radical » et membre du Parti radical, 

Ferdinand Sarrien, ancien avocat et ami d’Aristide Briand et de Georges Clemenceau. Il réussit à faire intégrer Aristide Briand au ministère des Cultes et Clemenceau au ministère de l’Intérieur.

Ferdinand Sarrien fut 7 fois ministre entre 1885 et 1898, Sénateur de 1908 à 1915 et président du Conseil du 14 mars 1906 au 25 octobre 1906

Actions principales à son crédit : C’est sous son gouvernement que le ministre de l’Intérieur, Georges Clemenceau, a fait réprimer par la troupe la grande grève des mineurs du Nord en 1906. Cette grève faisait suite à une catastrophe minière où périrent 1 100 mineurs.

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Georges Clemenceau fut président du Conseil et chef du 6e gouvernement du 20e siècle (25 octobre 1906 au 20 juillet 1909).

Georges Clemenceau, républicain « radical » était membre du Parti radical indépendant, 

Georges Clemenceau, ancien médecin et journaliste. Ami du peintre Claude Monet, il était propriétaire de plusieurs journaux, comme « La Justice » ou « L’Homme libre ».  Il a aussi travaillé au journal « L’Aurore » dans lequel, il publia l’article célèbre d’Émile Zola, « J’accuse… » sur l’affaire Dreyfus.

Georges Clemenceau fut sénateur durant 18 ans, du 10 juin 1902 au 10 janvier 1920, 2 fois ministre (Intérieur du 14 mars 1906 au 20 juillet 1909, de la Guerre du 16 novembre 1917 au 18 janvier 1920) et 2 fois président du Conseil du 25 octobre 1906 au 20 juillet 1909 puis du 16 novembre 1917 au 18 janvier 1920

Actions principales à son crédit : Georges Clemenceau, en tant que ministre de l’Intérieur, fut surtout connu pour son intransigeance vis-à-vis des grévistes du Nord après les graves accidents miniers. Briseur de grève, Georges Clemenceau, le sera encore en 1907, contre les viticulteurs du Midi. Il fera intervenir la troupe contre les grévistes de Narbonne, de Montpellier, puis, en 1908, la troupe tira à nouveau sur les grévistes de Draveil-Vigneux et de Villeneuve-Saint-Georges.

Georges Clemenceau fut l’un des premiers hommes politiques à utiliser la tactique consistant à susciter la violence, en infiltrant des agents provocateurs parmi les manifestants, ce qui lui permettait de justifier ensuite la rigueur de la répression. Cette technique fera de nombreux émules dans les gouvernements suivants, y compris au 21e siècle.

En tant que ministre de la Guerre, Georges Clemenceau fut surtout connu pour avoir été beaucoup trop faible face aux Anglo-Américains, dans le cadre de la réalisation du désastreux traité de paix, signé à Versailles le 28 juin 1919, d’où son surnom de « Perd-la-Victoire ».

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Aristide Briand fut président du Conseil et chef du 7e gouvernement du 20e siècle (24 juillet 1909 au 2 novembre 1910).

Aristide Briand, républicain « radical socialiste » fut secrétaire général du Parti socialiste français.

Aristide Briand, franc-maçon non initié, ancien clerc de notaire et avocat stagiaire. Il fut un ami de Jean Jaurès.

Aristide Briand fut 26 fois ministre et 11 fois président du Conseil du 24 juillet 1909 au 26 juillet 1929.

Actions principales à son crédit : Aristide Briand fut le rapporteur de la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État. Son gouvernement démissionna après le rejet de son projet en 1913, de rétablir le service militaire à 3 ans

Au sein de la Chambre des députés, suite aux élections législatives de 1910, sur 590 sièges, la droite avait 149 députés et la gauche 441 députés dont 149 « radicaux ».

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Aristide Briand fut réélu président du Conseil et chef du 8e gouvernement du 20e siècle (4 novembre 1910 au 27 février 1911).

Aristide Briand, républicain « radical socialiste » fut secrétaire général du Parti socialiste français.

Actions principales à son crédit : Aristide Briand fut le rapporteur de la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État.

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Ernest Monis fut président du Conseil et chef du 9e gouvernement du 20e siècle (2 mars 1911 au 23 juin 1911).

Ernest Monis, fils d’un huissier, était républicain « radical ». Il était un ancien avocat à Cognac, puis fut inscrit au barreau de Bordeaux.

Ernest Monis fut ministre de la Justice du 22 juin 1899 au 7 juin 1902 puis président du Conseil du 2 mars 1911 au 27 juin 1911. Il fut aussi ministre de la Marine du 9 décembre 1913 au 20 mars 1914.

Actions principales à son crédit : Ernest Monis fut gravement blessé le 21 mai 1911 alors qu’il assistait au départ de la course d’aviation Paris-Madrid, sur le terrain d’aviation d’Issy-les-Moulineaux. Cet accident mit un terme à son mandat de la présidence du Conseil.

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Joseph Caillaux fut président du Conseil et chef du 10e gouvernement du 20e siècle (27 juin 1911 au 14 janvier 1912).

Joseph Caillaux, fils d’un ancien ministre des Finances dans le gouvernement de Mac Mahon, fut formé par un précepteur clérical puis par des jésuites. Il commença sa carrière politique en tant que républicain « modéré » en 1901, puis devint républicain « radical » après 1910. Il devint président du Parti radical en 1913. Il fut très proche de Jean Dupuy, Paul Deschanel, Gaston Doumergue, Raymond Poincaré, Louis Barthou, Maurice Rouvier et Théophile Delcassé.

Joseph Caillaux fut 6 fois ministre des Finances du 22 juin 1899 au 17 juillet 1926 et président du Conseil du 27 juin 1911 au 14 janvier 1912 ; il assuma aussi les fonctions de ministre de l’Intérieur et des Cultes.

Joseph Caillaux fut gravement accusé par le Quai d’Orsay de négociations directes avec l’Allemagne, amenant la France à céder deux territoires en Afrique centrale contre une certaine liberté de manœuvre au Maroc.

Pourtant condamné en 1917 pour « intelligences avec l’ennemi et de complot contre la sûreté de l’État » Joseph Caillaux fut nommé 2 fois ministre dans le gouvernement de Gaston Doumergue, du 17 avril 1925 au 17 juillet 1926. Il fut même nommé vice-président du Conseil, du 23 juin 1926 au 17 juillet 1926.

Son épouse, Henriette Caillaux assassina en public Gaston Calmette, alors directeur du Figaro. Ce dernier avait écrit plusieurs articles concernant Joseph Caillaux, accusé de collusion avec Henri Rochette, un spéculateur véreux à l’origine de plusieurs escroqueries. Elle fut acquittée par le tribunal après avoir travesti le meurtre en crime passionnel, suite à une intervention de plusieurs politiciens influents.

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Raymond Poincaré fut président du Conseil et chef du 11e gouvernement du 20e siècle (14 janvier 1912 au 21 janvier 1913).

Raymond Poincaré, de la haute bourgeoisie de la Meuse, fils d’un polytechnicien et inspecteur général des Ponts et Chaussées, il fut licencié en droit et en lettres à la faculté de droit de Paris. Il fut avocat et républicain « modéré » dans ses débuts en politique. Il rejoindra progressivement les républicains « opportunistes » appelés plus tard les « progressistes ». Il fut élu en 1909, à l’Académie française, fauteuil 34.

Raymond Poincaré fut 7 fois ministre du 4 avril 1893 au 11 novembre 1928, sénateur du 21 janvier 1920 au 15 octobre 1934, 3 fois président du Conseil du 14 janvier 1912 au 26 juillet 1929 et enfin président de la République du 18 février 1913 au 18 février 1920.

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Aristide Briand fut réélu président du Conseil et chef du 12e gouvernement du 20e siècle (21 janvier 1913 au 18 février 1913).

Aristide Briand, républicain « radical socialiste » fut secrétaire général du Parti socialiste français.

Actions principales à son crédit : Aristide Briand fut le rapporteur de la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État.

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2.3 Période 1913 à  juin 1914

2.3.1 Président de la République

Raymond Poincaré fut le 9e président de la IIIe République. Il assuma ses fonctions du 18 février 1913 au 18 février 1920.

Raymond Poincaré, de la haute bourgeoisie de la Meuse, fils d’un polytechnicien et inspecteur général des Ponts et Chaussées, fut licencié en droit et en lettres à la faculté de droit de Paris. Il fut avocat et républicain « modéré » dans ses débuts en politique. Il rejoindra progressivement les républicains « opportunistes » appelés plus tard les « progressistes ». Il fut élu en 1909, à l’Académie française, fauteuil 34.

Pas moins de 12 gouvernements se succédèrent durant son mandat de 7 ans.

 

2.3.2 Les Gouvernements

Aristide Briand fut réélu président du Conseil et chef du 13e gouvernement du 20e siècle (18 février 1913 au 22 mars 1913).

Aristide Briand, républicain « radical socialiste » fut secrétaire général du Parti socialiste français.

Actions principales à son crédit : Aristide Briand fut le rapporteur de la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État.

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Louis Barthou fut élu président du Conseil et chef du 14e gouvernement du 20e siècle (22 mars 1913 au 2 décembre 1913).

Louis Barthou, républicain « modéré » fut avocat et journaliste.

Louis Barthou fut 15 fois ministre du 30 mai 1894 au 9 octobre 1934 et président du Conseil juste avant la Première Guerre mondiale.

Actions principales à son crédit : Vote de la loi de juillet 1913, modifiant la durée du service militaire de 2 ans à 3 ans. Aristide Briand l’avait tentée en vain, Barthou l’a réalisée.

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Gaston Doumergue fut élu président du Conseil et chef du 15e gouvernement du 20e siècle (9 décembre 1913 au 2 juin 1914).

Gaston Doumergue, républicain « radical » issu d’une famille de vignerons, franc-maçon au Grand Orient de France, il fut avocat inscrit au barreau de Nîmes puis magistrat à Hanoï. Il a été élu à l’Académie française de 1934 jusqu’à son décès le 18 juin 1937.

Gaston Doumergue fut 5 fois ministre du 14 mars 1906 au 20 mars 1917, président du Sénat du 22 février 1923 au 13 juin 1924, 2 fois président du Conseil et président de la République du 13 juin 1924 au 13 juin 1931.

Au sein de la Chambre des députés, suite aux élections législatives de 1914, sur les 595 sièges, la droite avait 120 députés et les groupes de gauche avaient 475 députés.

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3. Naissance des Partis politiques

Si l’on fait abstraction du principal syndicat, pourtant fortement politisé, créé en 1895, qu’est la CGT (Confédération Générale du Travail), la majorité des partis politiques créés sous la IIIe République, avant la Première Guerre mondiale, furent de gauche, de gauche extrême ou anarchiste. Les partis politiques de centre gauche ou droit, apparurent tardivement. Les partis politiques de droite ou d’extrême droite furent très minoritaires.

3.1 À gauche

  • Parti radical fondé en 1901
  • Parti socialiste indépendant créé en 1907, devenu Parti républicain-socialiste en 1913 puis Parti socialiste français à partir de 1919.
  • Parti socialiste unifié fondé en 1905
  • Parti socialiste de France créé en 1902
  • Parti socialiste français créé en 1902

3.2 Centre gauche

  • Alliance démocratique fondé en 1901
  • Action libérale fondé en 1901, ancêtre de la démocratie chrétienne regroupant les catholiques ralliés à la République

3.3 Droite

  • Alliance démocratique fondé en 1901, qui basculait le plus souvent au centre gauche en fonction des résultats des législatives

3.4 Extrême droite

  • Ligue de la patrie française fondée en 1898, dissoute en 1904
  • Ligue antisémitique de France fondée en 1898, disparue en 1899
  • Parti socialiste national créé en 1902, disparu en 1903

3.5 Cas particulier des mouvements anarchistes interdits par les lois de 1893 et 1894

Les années 1880 et 1890 ont vu la montée en puissance de mouvements anarchistes dans toute l’Europe. Après de violents attentats en France, en Allemagne et en Russie, ces mouvements furent traqués et interdits. En France, le dernier attentat connu fut l’assassinat, le 24 juin 1894, du président de la République Sadi Carnot par un jeune anarchiste italien, Sante Geronimo Caserio.

 

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Pour lire la suite, voir le chapitre « Deuxième révolution industrielle« …