1815-1830…Contexte

Cette période de 1815 à 1830, couvre les deux « Restaurations » sous Louis XVIII, le règne de Charles X et  la Révolution de 1830.

 

 

1. Restauration, règne de Louis XVIII

Si la Première « Restauration » des Bourbons en 1814 a été « imposée » aux coalisés par Talleyrand, fin diplomate, la Seconde « Restauration » en 1815, a été imposée à la France par les coalisés.

Certes, les différents chefs des coalisés ne partageaient pas tous le retour de Louis XVIII, après l’épopée des « Cent-Jours » mais le duc de Wellington, vainqueur de Waterloo, a réussi à imposer ce choix, pour éviter la guerre civile en France.

Le tsar de Russie, Alexandre 1er, réussira cependant à imposer à Louis XVIII, le remplacement du ministre des Affaires étrangères Talleyrand par son ami le duc Armand-Emmanuel du Plessis de Richelieu, officier français émigré en Russie, officier dans l’armée du tsar, gouverneur d’Odessa et de la Nouvelle Russie (Sud de l’Ukraine au 21ème siècle). Talleyrand avait perdu la confiance des dignitaires des royaumes et empires coalisés, après le retour en France de Napoléon.

D’autre part, Louis XVIII, âgé de soixante ans, n’avait, lui, pas d’autre choix. Il devra assumer la défaite des troupes françaises à Waterloo et terminer son règne, alors que les coalisés imposeront à la France des dommages de guerre très douloureux.

Les troupes des coalisés occuperont la France pendant plusieurs années, aux frais des Français. Ils resteront sur son sol jusqu’au paiement intégral des indemnités de guerre, imposées à la France par les coalisés qui voulaient la punir, suite au retour de Bonaparte de l’île d’Elbe.

Fort heureusement, le duc de Richelieu, devenu Président du Conseil des pairs et ministre des Affaires étrangères, réussit un tour de force en remboursant par anticipation les indemnités de guerre et ainsi libérer le pays des troupes étrangères.

Grâce à des emprunts auprès des banques en France (Laffitte, Pereire et Casimir Perier) et à Londres, le duc de Richelieu, en remboursant une partie importante de ces indemnités de guerre, réduira de 5 à 3 ans la présence sur le sol français des armées coalisées.

Louis XVIII, qui s’était exilé depuis le début de la Révolution de 1789, n’était de retour en France que depuis un an seulement. Il ne connaissait pas vraiment la France, qu’il a retrouvée après une trentaine d’années d’absence. Il souhaitait trouver, à travers sa « Charte« , malheureusement en vain, un équilibre entre les différentes forces, qui composaient dorénavant le pays.

Comme on le reverra définitivement au cours des siècles suivants, le pays était très divisé, « fracturé » comme on dira au 21ème siècle, où trois principaux groupes s’affrontaient au sein du gouvernement.

Près du roi et surtout au sein du Conseil des pairs, on trouvait essentiellement les royalistes « ultras » puis au sein de l’Assemblée, renouvelée par tiers chaque année, des députés royalistes « modérés » et des « libéraux ».

Ces derniers étaient principalement issus des classes bourgeoises industrielles et financières. Enfin, quelques bonapartistes, ayant échappé aux mauvais traitements des royalistes « ultras » gardaient, après d’infimes précautions, un semblant de pouvoir.

Louis XVIII, déjà fort âgé, souffrait depuis plusieurs années, à cause de son état dégradé. Les péripéties de ses exils successifs dans les Pays-Bas autrichiens, en Prusse, en Russie et plus récemment au Royaume-Uni, où son existence et ses activités dépendaient du bon vouloir du monarque dans chacun de ces pays, n’ont pas aidé à améliorer son état. Il était physiquement très diminué et n’aspirait qu’à une période de paix et d’accalmie dans le royaume de France.

Il rencontrera de nombreuses difficultés avec les royalistes « ultras » majoritaires, à la Chambre des députés (la « Chambre introuvable« ) et soutenus par son frère cadet, le comte d’Artois, futur Charles X, ainsi que le duc de Berry, le second fils de ce dernier.

La situation va se compliquer, après l’assassinat dans la nuit du 13 au 14 février 1820, du duc de Berry par Louvel, ouvrier révolutionnaire probablement bonapartiste. Le duc de Berry, alors âgé de quarante-deux ans, était alors second dans la succession au trône de France, après son père le comte d’Artois et son frère aîné le duc d’Angoulême. Ce dernier renonça à ses droits de succession.

En effet, Louis XVIII n’avait pas de descendance. Son frère, le comte d’Artois, avait deux fils, l’aîné Louis-Antoine d’Artois, duc d’Angoulême, qui n’avait pas de descendance, et le second, Charles-Ferdinand d’Artois, duc de Berry.

Par un extraordinaire coup du destin, l’épouse du défunt duc de Berry, Marie-Caroline duchesse de Berry, alors enceinte de quelques mois au moment du drame, mettra au monde en septembre 1820, un jeune garçon, baptisé Henri-Dieudonné, surnommé « l’enfant du miracle ».

Ce dernier sera titré duc de Bordeaux à sa naissance, puis comte de Chambord. Celui-ci deviendrait de fait le successeur légitime au trône de France, le futur Henri V.

Louis XVIII, après une dizaine d’années de règne, usé par la gangrène, s’éteindra à presque 69 ans, le 16 septembre 1824, dans sa chambre au palais des Tuileries à Paris. Sans descendance, c’est son frère cadet, le comte d’Artois, qui lui succède sur le trône de France, devenant ainsi le roi Charles X.

 

2. Restauration, règne de  Charles X

Charles X, alors comte d’Artois, s’était exilé au Royaume-Uni, dès juillet 1789. Il y séjournera durant 25 ans, soit pendant toute la Révolution et le Premier Empire. Il est de retour en France, depuis mars 1814. En tant que membre de fait de la Chambre des pairs, il participera souvent à la gouvernance du pays, pendant la première et la seconde Restauration. Contrairement à son frère Louis XVIII, il sera définitivement « ultraroyaliste » et bien moins diplomate.

Charles X, devenu roi de France à l’âge de 67 ans, s’engage à maintenir  la « Charte » de Louis XVIII. Cependant, Charles X, contre l’avis de son Président du Conseil, le comte Joseph de Villèle, va rétablir la liberté de la presse et décréter une amnistie pour les détenus politiques.

Redonner à la presse sa liberté fut la plus grande erreur de Charles X car celle-ci, plus précisément la presse « libérale », se retournera contre lui en 1830 et sera à l’origine de sa chute et de sa fuite hors du pays.

La tension devient de plus en plus forte entre les trois principaux groupes « politiques » du moment (les ultraroyalistes, les royalistes modérés, les libéraux). Chacun peut maintenant user de la presse pour dénoncer, critiquer, attaquer voire calomnier ses adversaires.

Ce principe nouveau de fonctionnement, des « politiciens » exploitant déjà la presse à cette époque, tantôt comme arme, tantôt comme témoin, tantôt comme outil de propagande, donnera lieu souvent à des « joutes » verbales infernales et parfois physiques. Cette méthode de fonctionnement va perdurer jusqu’au 21e siècle.

Dans cette bataille d’opinion par voie de presse, Villèle, Président du Conseil et ministre des Affaires étrangères, ne sait pas vraiment se défendre contre les attaques à son sujet.

Aussi, dépassé par les événements, de 1825 à 1827, il commettra quelques petites fautes de gestion de gouvernement, portant cependant à aucune conséquence « grave », mais qui, en 1827, l’entraînera à demander au roi Charles X la dissolution de la Chambre des députés.

Malheureusement pour lui, aux élections suivantes, il est battu et ce sont les « libéraux » composés essentiellement de bourgeois qui vont prendre les rênes du gouvernement.

Parmi les erreurs de jugement et d’actions initiées par l’un des successeurs de Villèle, le prince Jules de Polignac, on notera surtout celle qui fait encore couler beaucoup d’encre au 21e siècle, c’est la prise d’Alger, en avril 1827.

Alger est, à l’époque, vassale de l’Empire ottoman. L’opération militaire est confiée au général Louis-Auguste Victor de Bourmont. Celui-ci, ancien chouan et officier royaliste en exil, puis général bonapartiste en 1810, sera l’un des traitres devant Waterloo, en abandonnant Napoléon à son sort.

Il sera aussi l’un des accusateurs au tribunal contre Ney en 1815, entraînant la mort de ce dernier, et deviendra maréchal de France puis Ministre de la guerre le 9 août 1829, dans le gouvernement de Polignac.

Sur le plan historique, Villèle sera aussi à l’origine de l’indépendance de la Grèce. En effet, à cette époque, la Grèce était une colonie turque et sur la pression de l’opinion et de Villèle, Charles X validera une expédition navale, avec les Anglais et les Russes, contre les forces turco-égyptiennes.

La victoire de Navarin, au large du Péloponnèse, le 20 octobre 1827, sera le prélude à l’indépendance de la Grèce. Celle-ci sera définitivement acquise en 1830.

Villèle sera remplacé par Martignac, un royaliste « modéré ». Celui-ci, sera à la tête du gouvernement, de janvier 1828 à août 1829. Il essayera en vain de réconcilier les « Bourbons » et la bourgeoisie libérale.

Les députés de gauche et de droite à la Chambre feront continuellement de l’obstruction. Polignac, ultraroyaliste et ancien ambassadeur à Londres, remplacera à son tour Martignac.

 

3. La crise politique de 1830

Suite aux dernières élections où Villèle perdit la présidence du gouvernement, Charles X sera contraint de le remplacer par un royaliste modéré de centre droit. Ce fut le début d’une joute intense qui se terminera par une véritable crise politique, poussant le retour des révolutionnaires à la tête desquels, se trouvait à nouveau sur le devant de la scène, le marquis de La Fayette « révolutionnaire » ou « royaliste » selon les circonstances.

Ce dernier fut cependant, devancé in extrémiste par les libéraux, dont les banquiers Laffitte, Casimir Perier et même le jeune journaliste Adolphe Thiers. Celui-ci, proche du duc d’Orléans, sera, avec ce petit groupe de libéraux, à l’origine de la mini-révolution parisienne des 27, 28 et 29 juillet 1830, parfois appelée les « trois glorieuses » par certains historiens.

Par certains égards, cette révolution de juillet 1830 rappellera aux contemporains du 21e siècle celle des « gilets jaunes des ronds-points » du 16 novembre 2018. Une révolte spontanée, justifiée et sans violence, qui sera par la suite détournée au profit de la gauche extrême, des anarchistes et des « black blocs ».

 

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