La « drôle » de guerre

Avant la période appelée plus tard la « drôle de guerre », les tensions internationales entre l’Allemagne et la Pologne furent brusquement dégradées dès le printemps 1939. L’Allemagne invoquait officiellement et de plus en plus virulemment la nécessité de protéger les populations germaniques en Europe et notamment celles situées dans la ville portuaire de Dantzig, alors en territoire polonais depuis le traité de Versailles.

Après l’annexion de l’Autriche et l’affaire des Allemands de Bohême ayant entraîné l’invasion de la Tchécoslovaquie, face à cette nouvelle revendication guerrière de l’Allemagne et, hélas, incapables ou sans véritable volonté de faire mieux, les gouvernements français et britanniques se portèrent publiquement garants de l’indépendance de la Pologne, le 30 mars 1939. Cette posture officielle n’empêcha pas ces gouvernements, qui comptaient naïvement sur l’assistance potentielle de la Russie, de refuser l’aide financière demandée par la Pologne en vue de préparer ses armées.

L’avenir de la Pologne s’assombrit brutalement après l’annonce, le 23 août 1939, de la signature du pacte de non-agression entre l’Allemagne et la Russie. Les espoirs, infondés, de la France et du Royaume-Uni venaient de s’envoler et, de fait, augmentaient leurs responsabilités vis-à-vis de la Pologne.

Pour Adolf Hitler et Joseph Staline, l’essentiel dans cet accord fut gardé secret jusqu’à l’ultime date avant l’invasion. On sait, depuis 1945, que l’objectif secret était, pour les Allemands, d’occuper la Pologne et la Lituanie, d’éliminer définitivement tous les Polonais, mais aussi laisser les Russes s’emparer librement de la Finlande et des pays Baltes.

Les Allemands, en premier et sans déclaration de guerre officielle, commencèrent l’invasion de la Pologne le 1er septembre 1939. Les armées russes pénétrèrent en Pologne à partir du 17 septembre 1939. Les armées allemandes et russes se rejoignirent à Brest-Litovsk. Varsovie tomba le 28 septembre 1939 et les dernières troupes polonaises se rendirent le 6 octobre 1939. Les Allemands, comme les Russes, furent responsables de très nombreuses exactions, massacres, incendies et destructions totalement injustifiées.

En France, le gouvernement Daladier, totalement impuissant face aux exigences d’Hitler depuis plusieurs années, finit par faire voter, trop tardivement, les crédits de guerre le 2 septembre 1939 et, hélas, déclarer la guerre à l’Allemagne le 3 septembre 1939. Ici commença ce qui s’appellera plus tard, la « drôle de guerre », jusqu’au début de l’invasion, à nouveau, de la Belgique et du Luxembourg, le 10 mai 1940.

Plusieurs raisons furent à la base de cette période durant laquelle il y eut peu de confrontations armées entre les Allemands d’un côté et les armées franco-britanniques de l’autre côté. En premier, il faut rappeler ici que l’hiver de 1939, suivant la déclaration de guerre, fut particulièrement rigoureux, avec par exemple des températures descendant en janvier 1940 à -24° à Metz ou -20° à Valenciennes. Ce fut pire en Allemagne et en Pologne.

D’autre part, les armées franco-britanniques, par la volonté des états-major, hors sol comme en 1914, étaient missionnées sur des actions uniquement défensives. Ces armées n’étaient pas prêtes mentalement et matériellement, à ce conflit. L’absence d’actions guerrières durant ces longs mois d’hiver 1939, finira par lasser et décourager les plus valeureux soldats français cantonnés dans quelques fortifications, malheureusement trop nettement insuffisantes, souvent inadaptées et inachevées.

Les populations civiles franco-britanniques, contraintes et découragées, eurent beaucoup de temps pour s’adapter aux inconvénients, au rationnement et aux restrictions causées par cette situation de « drôle de guerre » inactive.

Enfin, les Allemands, bien qu’encouragés par leurs succès en Pologne, échaudés par les résultats de la Première Guerre mondiale, se méfiaient des capacités des forces armées françaises. Ainsi, les états-majors allemands révisèrent leurs plans d’invasion durant plusieurs mois, compte tenu de la météo et des informations recueillies par leurs services de renseignement.

L’état-major allemand étant assuré que les armées franco-britanniques ne tenteraient aucune incursion sur leur territoire, n’avait qu’à choisir le bon endroit et le meilleur moment pour lancer l’invasion de la Belgique, du Luxembourg, des Pays-Bas et bien sûr de la France.

Cependant, les Allemands, anticipant leurs futures invasions et leurs besoins en minerais de fer, pénétrèrent le 9 avril 1940 en Norvège et au Danemark. Ce dernier capitula le même jour. La marine anglaise, aidée du côté français, par la légion étrangère et les chasseurs alpins, tenta vainement d’empêcher les Allemands de s’installer en Norvège. Malgré une opération franco-britannique pourtant efficace à Narvik, le 9 avril 1940, les Allemands prirent possession de la Norvège.

 

 

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