L’Allemagne se réarme en secret
Le réarmement en secret des Allemands
Le 16 avril 1922, Berlin et Moscou signèrent le traité de Rapallo. Ce traité fut négocié par Walther Rathenau, ministre allemand des Affaires étrangères dans le gouvernement de la République de Weimar et les commissaires politiques russes, Christian Rakovski, Adolf Joffé et Gueorgui Tchitchérine.
Par ce traité qui dura jusqu’en 1933, les Russes et les Allemands rétablirent leurs relations diplomatiques et commerciales. Les deux pays renonçaient à leur dette réciproque ainsi qu’aux réparations de guerre.
D’autre part, une clause secrète prévoyait que sous la responsabilité du général allemand, Hans von Seeckt, des troupes allemandes, bénéficiant de subventions importantes de la part de certains industriels, purent s’entraîner en territoire russe.
Enfin, ces troupes allemandes purent aussi expérimenter, dans le plus grand secret en Russie, de nouveaux prototypes de chars à Kazan et des avions de combat à proximité d’un terrain d’aviation près de Lipetsk. Mais on sait aujourd’hui, à partir d’archives secrètes allemandes, que la Reichswehr avait aussi développé d’autres projets militaires en Suède, en Suisse, en Espagne et aux Pays-Bas.
En infraction flagrante avec le traité de Versailles, de nombreux Allemands, aigris et revanchards, firent le choix de se préparer au prochain conflit avec la France. Contrairement à ce que certains « historiens » ont écrit, ces Allemands n’avaient pas attendu l’arrivée au pouvoir d’Hitler pour se préparer à la guerre et se réarmer, avec l’approbation officielle des gouvernements russe et allemand.
Dans l’ouvrage « La guerre des généraux de la Wehrmacht » de Benoît Lemay, docteur en histoire militaire allemande et enseignant au collège royal du Canada, l’auteur apporte de véritables informations à partir d’archives allemandes de la Première Guerre mondiale.
Cet ouvrage révèle des vérités, gardées secrètes jusqu’en 1960, sur le fonctionnement de la Wehrmacht et plus précisément sur son ancêtre (Reichswehr), de la fin de la Première Guerre mondiale jusqu’à la Seconde Guerre mondiale.
Pour Benoît Lemay : « Déjà avant 1933, le corps des officiers de la Reichswehr considérait la république de Weimar, son système politique libéral et démocratique, comme un produit de la défaite, voire même comme un corps étranger à la culture politique allemande, imposé par les vainqueurs de la Première Guerre mondiale et de surcroît marqué par le « diktat » de Versailles. De ce fait, il rejetait le libéralisme, la démocratie et le pluralisme, valeurs politiques qui se trouvaient à la base de la république de Weimar, régime politique qu’il jugeait non seulement comme faible et décadent, mais également comme source de division nationale. Pour lui, le régime républicain ne devait être que passager, le temps pour l’Allemagne de recouvrer sa puissance militaire et de se libérer des entraves imposées à sa souveraineté nationale par le traité de paix de 1919 ».
Benoît Lemay précise encore dans son livre, concernant les officiers de la Reichswehr : « Foncièrement réactionnaires, la plupart des officiers étaient contre les démocrates, les socialistes, les communistes, les pacifistes, les Juifs, la Pologne et la Tchécoslovaquie. En matière de politique étrangère, leurs objectifs ne se limitaient pas à la seule révision du traité de Versailles en vue d’un rétablissement des frontières du Reich de 1914, notamment celles à l’Est, mais aussi à la mise sur pied d’une puissante armée dotée de forts moyens offensifs qui permettrait à l’Allemagne de s’imposer sur le continent européen ».
Cet ouvrage très intéressant nous confirme qu’avant la prise du pouvoir en 1933 par Hitler, l’armée allemande s’était déjà progressivement constituée elle-même, comme une véritable force d’invasion, et ce, depuis 1922.
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Pour lire la suite, voir le chapitre « Conséquences de la guerre 14-18 » …