Louis XVI

1. Contexte initial

La France au 18e siècle offre un spectacle étrange. Le pays le plus peuplé d’Europe connaît un développement démographique important. L’agriculture s’améliore avec de plus en plus de propriétaires. La grande industrie (manufactures, chantiers navals, armement, etc.), rejoint la petite industrie et donne naissance à de nouveaux bourgeois fortunés.

Le commerce extérieur a quadruplé ses chiffres depuis le début du règne de Louis XIV. La France détient plus de la moitié du numéraire de l’Europe. Pourtant, tout le monde constate avec évidence l’extrême pauvreté de l’État dans tous les domaines (administration, finance, armées, etc.). À l’opposé de la noblesse et du clergé, le peuple souffrait de plus en plus des taxes et de la famine.

Le règne de Louis XV, après une Régence calamiteuse du duc d’Orléans et une implication tardive du roi, doublée d’une absence de volonté d’autorité, a laissé libre cours à de nouvelles idées d’une société plus « égalitaire » et antimonarchique.

De nombreux philosophes, clubs de pensée, salons de discussions, presses plus ou moins officielles, ont promu une évolution de la société vers plus de liberté, plus d’égalité, moins de religion et moins de monarchie (Voltaire, Montesquieu, Diderot, Condorcet, etc.).

Ce siècle dit des « lumières », a donné naissance à divers courants de pensées, souvent anticléricaux et déjà « révolutionnaires » (« Du Contrat Social ou Principes du Droit Politique » de Jean-Jacques Rousseau, 1762). Le terme « Citoyen » au lieu de « sujet du roi » était déjà fréquemment utilisé dans certaines publications depuis 1755 (« Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes » de Jean-Jacques Rousseau).

C’est aussi au cours de ce siècle que les Parlements (magistrats de Paris et de province) se sont le plus souvent et violemment opposés aux édits royaux (lois), lorsque ceux-ci prévoyaient une équitable taxation entre nobles, clergé et Tiers état.

De nombreuses « charges » (magistrats, juges, avocats) sont vénales et héréditaires. Tout comme le clergé, cette « noblesse de robe » voulait absolument conserver ses privilèges. Le ministre Maupeou et Louis XV finissent enfin, mais tardivement, par supprimer un grand nombre de ces charges et exiler certains magistrats en province. Ils seront les premiers avant la Révolution de 1789, à mettre en place des juges élus et non plus nommés, propriétaires de leur charge.

Dans cette période de grands changements, certains courants d’opinion parlaient de supériorité de la Loi sur celle du Prince. C’est aussi, dans ce contexte très tendu, de désarroi de finances, prérévolutionnaire et chaotique au sein des trois ordres (noblesse, clergé, Tiers état), que Louis XVI succède à l’âge de 19 ans, à son grand-père Louis XV, le 10 mai 1774.

 

2. Biographie

Louis XVI, né le 23 août 1754 à Versailles, d’abord titré duc de Berry, était le fils du Dauphin Louis Ferdinand et petit-fils de Louis XV. C’était en fait soit son père le Dauphin Louis Ferdinand, soit son frère aîné le duc de Bourgogne, qui devait logiquement succéder à Louis XV. Malheureusement, son frère aîné était mort de la tuberculose à l’âge de dix ans, en 1761, et son père, le Dauphin, était décédé de la même maladie en 1765.

Louis XVI avait deux frères cadets, Louis Stanislas Xavier, comte de Provence qui deviendra Louis XVIII (après le premier Empire, 1814), et Charles-Philippe, comte d’Artois qui deviendra Charles X (1824).

Le 11 juin 1775, Louis XVI a été sacré en la cathédrale de Reims, selon la tradition remontant à Pépin le Bref.

On a forcément une mauvaise et fausse image du roi Louis XVI, la Révolution et les Républiques ont terni, dénigré à souhait le personnage. Comme le souligne Jean-Christian Petitfils, « Véhiculés par des générations de manuels scolaires et universitaires, traînant jusque dans certaines biographies modernes, ces stéréotypes ne nous livrent qu’un portrait à l’emporte-pièce du dernier roi de l’Ancien Régime ».

D’après Jean-Christian Petitfils ; « Louis XVI était de haute taille (environ 1,90m) et en 1774 fort maigre, ce qui, en raison de son manque d’aisance, lui donnait un air dégingandé » et « Ce n’est que vers ses vingt-cinq ans qu’il commença à s’empâter ». Certains diront qu’il devait cette tendance à l’embonpoint à son arrière-grand-père maternel, Stanislas Leszczynski.

Comme son grand-père Louis XV, Louis XVI souffrait de timidité, il n’osait pas regarder les gens en face. Parler en public était un supplice pour lui. Ses longs moments de silence impressionnaient son auditoire. Il avait des passions dignes des anciens rois guerriers. Il aimait beaucoup la chasse, toutes les formes de chasse (vénerie, petite meute, vautrait, vol, tir, battues au sanglier).

Il ne manquait pourtant pas d’intelligence, la navigation et les grandes découvertes maritimes l’avaient toujours attiré. Il rédigea en partie les instructions pour La Pérouse dans son voyage en océan pacifique. Il connaissait bien trois langues vivantes, l’italien, l’espagnol et l’anglais qu’il maîtrisait. Il n’avait aucun secret pour la connaissance des institutions britanniques, même s’il n’en était pas un grand admirateur, bien au contraire.

Malheureusement, comme Louis XV, il était facilement influençable et son manque d’assurance va lui causer beaucoup de désagréments et, en final, il en perdra sa tête. Pour sa défense, il faut reconnaître que sa formation initiale, assurée par son gouverneur le duc de La Vauguyon, était bien loin d’être à la hauteur d’un futur roi. Une éducation dévote et présentant de graves lacunes, pourtant indispensables, comme les finances, la guerre, la diplomatie, la « géopolitique ».

Cette absence de compétences indispensables, pour ce roi de France, va lui causer les plus grands soucis. Louis XVI était l’adversaire de certains prédateurs comme le roi de Prusse, l’empereur d’Autriche-Hongrie, le roi d’Angleterre, la Tsarine de Russie et même le roi Bourbon d’Espagne. Tout cela alors que se déroulait la guerre d’indépendance des États-Unis.

En mai 1770, à l’âge de 15 ans, il avait épousé l’archiduchesse Marie-Antoinette de Habsbourg-Lorraine, âgée de 14 ans. Ce mariage avait été organisé par le duc de Choiseul, alors ministre de Louis XV, pour une consolidation de l’alliance avec l’Autriche.

Leur mariage, commencé dans un grand faste à Versailles, se termina à Paris, marqué d’un sombre présage. Un feu d’artifice, tiré près de la place Louis XV (devenue ensuite Place de la Révolution et aujourd’hui place de la Concorde), enflamma un échafaudage. Il s’ensuivit une bousculade meurtrière, dans laquelle périrent plusieurs dizaines de personnes et plusieurs centaines d’autres seront blessées. C’est, sur cette place, que seront guillotinés vingt-trois ans plus tard, Louis XVI (21 janvier 1793) et la reine Marie-Antoinette (16 octobre 1793).

À l’opposé de Louis XVI, la reine Marie-Antoinette, habituée à la vie de cour, de ses fastes, de ses bals, de ses mascarades, aimait le chant, la musique, les parures et coiffures extravagantes. Ce qui explique, entre autres, que la consommation du mariage n’eut lieu que sept ans après la cérémonie.

Les naissances se succédèrent après le 18 août 1777 : en 1778, Marie-Thérèse Charlotte, dite Madame Royale, future duchesse d’Angoulême, en 1781, le Dauphin Louis Joseph Xavier, en 1785, Louis Charles duc de Normandie et futur Louis XVII, et enfin en 1786, Sophie Hélène Béatrice qui décèdera un an plus tard.

Pour Louis XVI, sa vie de père de famille (avec les décès de ses enfants Sophie Hélène Béatrice en 1787, puis du Dauphin Louis Joseph Xavier en mai 1789), comme son enfance (drames successifs de son père et de son frère ainé) et son avenir sur l’échafaud ne sont en aucun cas enviables.

 

3. Les débuts du règne de Louis XVI

Dès le début de son règne, Louis XVI, qui avait 19 ans, choisit de ne pas prendre un premier ministre pour s’occuper des affaires du royaume. Il hésita cependant pour choisir son principal conseiller. Tout se jouait entre l’austère Jean-Baptiste Machault d’Arnouville, 73 ans, ancien contrôleur général des finances, secrétaire d’État à la Marine sous Louis XV et Jean-Frédéric Phélypeaux de Maurepas (comte de Maurepas), 73 ans lui aussi, ancien secrétaire d’État à la Marine sous Louis XV.

Ce dernier avait été nommé par Louis XV, secrétaire d’État à la Marine à l’âge de 23 ans et eut d’excellents résultats face à la marine anglaise. Le choix final de Louis XVI se porta sur le comte de Maurepas.

Maurepas, nommé Ministre d’État en 1774, évinça immédiatement les trois principaux ministres de Louis XV, le Chancelier Maupeou, le Contrôleur Général de Finances Terray et le Secrétaire d’État, le duc d’Aiguillon. Il nomma à leur place le baron Turgot aux Finances, le magistrat Lamoignon de Malesherbes à la Maison du Roi et le comte de Vergennes aux Affaires étrangères.

Maurepas commit dès 1774, l’erreur ultime de rappeler les Parlements et magistrats que Louis XV et Maupeou avaient suspendus ou exilés en province. Six mois plus tard, Maurepas intrigua contre Turgot, qu’il fit remplacer par le banquier suisse Jacques Necker.

Comme cela était, pourtant prévisible, les magistrats du Parlement, pleins d’arrogance, de retour à Paris, imbus de leurs privilèges retrouvés, reprirent leur opposition à l’autorité royale. Ils bloquèrent, par une obstruction systématique, toutes les tentatives de réformes ou d’amélioration de la condition du Bas-peuple (Tiers État).

Louis XVI, initié par Turgot aux vertus du libéralisme économique et à l’impérieuse nécessité de réformer l’État, avait envisagé de rétablir plus de justice et de tolérance envers les protestants. Une de ses premières décisions fut de réduire les dépenses de la cour et d’améliorer la désastreuse situation des prisons à Paris.

Enclin à l’esprit des « Lumières » Louis XVI toléra une certaine émancipation de la presse, mais refusa d’abolir les lettres de cachet, qui selon lui, auraient anéanti la « justice retenue » constitutive de la souveraineté royale. Grâce à ce type de lettre de cachet, le comte de Mirabeau et le marquis de Sade ont échappé à la peine capitale.

 

4. Échec des réformes

Turgot souhaitait mettre en œuvre rapidement trois réformes. La première concernait la libéralisation du commerce des grains fin 1774. Malheureusement, cette mesure tomba au mauvais moment, car, un hiver rigoureux et de mauvaises récoltes provoquèrent une hausse rapide du prix du pain. Les premières révoltes (« jacqueries »), en région parisienne, sont réprimées sévèrement par l’armée au printemps 1775.

En janvier 1776, Turgot prit deux édits (lois) pour la « régénération du royaume » (amélioration générale). L’un de ces édits remplaçait « la corvée royale d’entretien des routes », mise en place sous Louis XV et redevable par la paysannerie à raison de quelques jours par an, par une taxe payable par tous (y compris la noblesse, le clergé et le Tiers-état). Le second Édit, au nom de la liberté du travail, supprimait les jurandes (corporations), les maîtrises et toute espèce d’association entre maîtres, compagnons et apprentis.

De cette réforme, le Parlement refusa tout simplement d’en enregistrer l’Édit (la loi décidée par le roi et Turgot). Pour justifier leur décision, les parlementaires (magistrats) rappelèrent, à propos de la taxe compensatrice de la corvée d’entretien des routes, qu’en vertu de la division tri-fonctionnelle de la société (trois corps : noblesse, clergé, Tiers-état), seule la « dernière classe de la nation » (Tiers-état) devait s’acquitter des services rendus par les deux premiers ordres.

Autrement dit, les privilégiés n’avaient en aucune manière à payer ladite taxe. Louis XVI dut imposer la réforme par « lit de justice », mais mécontent de la méthode utilisée par Turgot, il le congédia deux mois plus tard. Celui-ci fut remplacé par le banquier genevois Jacques Necker.

Necker n’était pas au fait des pratiques de la monarchie. Après avoir imposé des coupes drastiques dans les dépenses de cour et d’administration des finances, il rendit publique en février 1781, son « Compte rendu au roi ». Dans celui-ci, il afficha toutes les informations relatives aux dépenses de l’État, tout en démontrant que le budget était en excédent de 10 millions de livres. Vexé par cet étalage public d’une information qui aurait dû rester confidentielle, le roi le poussa à la démission.

C’est à partir du 26 juillet 1786, où Alexandre de Calonne, contrôleur général des Finances, remit à Louis XVI son mémoire sur l’état des finances du royaume, qu’il fut envisagé l’organisation d’une assemblée de Notables. Cette dernière devait représenter les trois ordres, pour valider une modification des impôts, mais tout cela finira par la convocation des États généraux.

Les Notables tinrent leur première assemblée, le 22 février 1787 à Versailles et Calonne, leur présenta son projet de redressement des finances en créant un impôt direct payable par tous (les trois ordres). Calonne, soutenait que l’imposition des nobles et du clergé permettrait d’alléger de plus de 30 millions les impôts pour les petites gens. Comme prévu, Calonne rencontra une vive opposition des privilégiés (noblesse et clergé) et se transforma en une fronde nobiliaire animée par Monsieur, le frère du roi.

Le roi demanda à Calonne, de lancer un « appel au peuple » sous la forme d’une préface, incluant les quatorze mémoires divulguées lors de l’assemblée de Notables. Cet appel, fut largement diffusé et dont un résumé fut lu dans les églises (en chaire). Malheureusement, cette opération fut virulemment combattue par un Parti patriote qui avait récemment émergé, entre le Haut clergé, les noblesses d’épée, de robe ou de finances et soutenu par les différentes couches de la bourgeoisie.

Le fait d’avoir dévoilé la situation des Finances de l’État, lors de l’assemblée de Notables, entraîna la machination entre les nobles, le clergé et certains bourgeois en vue de faire convoquer les États généraux, seuls habilités à valider de nouveaux impôts. Les nobles et le clergé (surtout le Haut clergé, issu de la noblesse), étaient convaincus de gagner les votes et ainsi bloquer toute réforme.

Sous la pression de son entourage, Louis XVI, se résigna à renvoyer Calonne et fit appel au chef de file de l’opposition, Mgr Étienne Charles de Loménie de Brienne, archevêque de Toulouse. Louis XVI, découragé, sombra dans une profonde dépression. Loménie de Brienne, sitôt arrivé aux affaires, comprit que compte-tenu de la situation, il fallait sauver l’autorité royale, au lieu de s’acharner sur elle. Loménie de Brienne élabora un compromis, en vain car il se heurta lui aussi à l’opposition, ses anciens amis.

Fer de lance de la fronde nobiliaire, le Parlement de Paris, de plus en plus arrogant, réclama la tenue des États généraux. Le 30 juillet 1787, les magistrats repoussèrent l’enregistrement de la subvention territoriale, pourtant transformée par Loménie de Brienne en un impôt temporaire et payable en numéraire. A la fronde des Notables, s’ajoutait la fronde des parlementaires, qui souhaitaient prendre leur revanche sur règne de Louis XIV.

Le Parlement de Paris, prétendait parler au nom de la nation. Comment pourrait-on croire, que celle-ci souhaitait le maintien des privilèges fiscaux attribués à la noblesse, au clergé et aux magistrats ?

Louis XVI, comme son grand-père Louis XV, convoqua un lit de justice le 6 août 1787, pour imposer l’enregistrement les édits contestés. En réaction, les magistrats appelèrent à la grève des impôts. Louis XVI, exila les meneurs à Troyes, ce qui déclencha des manifestations dans Paris et en province, où se trouvaient les autres parlements devenus solidaires.

Loménie de Brienne, se vit obligé de négocier un compromis en abandonnant la subvention territoriale et de prendre l’engagement par le roi, de convoquer les États généraux pour 1792. Mais, c’est sur la pression en public du duc d’Orléans, prince du sang, face au roi lui-même, afin que les États généraux soient convoqués en 1789 au lieu de 1792.

Commença alors une révolte générale des Parlements, soutenus par de nombreux aristocrates, dont la Maison d’Orléans. Cette agitation dura une grande partie de 1788, et en tout cas jusqu’au début août 1788, où Louis XVI, se résigna à convoquer les États généraux pour mai 1789.

 

5. La Marine et la guerre d’indépendance d’Amérique.

Louis XVI suivra les nombreux conseils de son ancien Secrétaire de La Marine, le comte de Maurepas, et de son nouveau ministre de la Marine Antoine de Sartine, pour disposer d’une puissante flotte de guerre. Il s’attacha à quadrupler, entre 1774 et 1778, le budget de la Marine. Il fixa à Antoine de Sartine un objectif de construction de 80 vaisseaux de ligne (trois modèles : 110 canons, 80 canons, 74 canons) et 60 frégates.

En 1777, influencé par Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais, écrivain, espion du roi et marchand d’armes, Louis XVI pousse le comte de Vergennes, ministre des Affaires étrangères, à aider en sous-main la rébellion qui vient de naître dans les colonies anglaises d’Amérique. Il ferme les yeux sur le départ du jeune Gilbert Motier, marquis de La Fayette, accompagné d’une bande de volontaires prêts à aider sur place les révoltés.

Des insurgés américains remportèrent une victoire à Saratoga le 16 octobre 1777, sur une armée anglaise, en provenance de la province de Québec. Ce succès laissa à penser quelques temps que les insurgés pourraient négocier avec les Anglais et ainsi se partager les possessions françaises au Québec et dans les Antilles.

La présence à Paris de Benjamin Franklin, venu pour négocier le traité d’alliance franco-américain, permit à Louis XVI de se rallier avec prudence à une politique d’intervention. Le traité d’alliance sera signé début 1778.

L’événement déclencheur de la participation officielle de la France dans la guerre d’Amérique fut l’agression, sans sommation, de la frégate légère (26 canons) la « Belle-Poule » par la flotte anglaise le 17 juin 1778. Louis XVI valida officiellement son droit de représailles. Il envoya rejoindre les « Insurgents » en mai 1780, un premier corps expéditionnaire de cinq mille cinq cents hommes aguerris et commandés par le lieutenant général Rochambeau.

En octobre 1781, à Yorktown, l’armée de Rochambeau (5 500 soldats), épaulant l’armée de Washington (14 000 soldats) et les volontaires de Virginie de La Fayette, contraint l’armée du major général anglais Cornwallis à capituler (7 000 prisonniers et 214 canons). À son retour en France, La Fayette fut célébré comme le valeureux « soldat de la liberté » et fut promu maréchal de camp par Louis XVI.

Au traité de Versailles, le 3 septembre 1783, le Royaume-Uni reconnut le principe de la liberté des mers et la pleine indépendance des treize États-Unis d’Amérique. La France gardait le Sénégal, la Gorée, la Martinique, la Guadeloupe et Sainte-Lucie. La France tira peu d’avantages de ce traité. Malheureusement, cette guerre a accru très sensiblement le déficit de l’État français.

 

6. La vie de Cour et la reine Marie-Antoinette

Dans la continuité du règne de Louis XV, la Cour sous Louis XVI, brillante dans les fêtes et grandes cérémonies, était enkystée dans une morosité oisive, parasitaire et exubérante. Les grandes fêtes se déroulaient à Versailles. Cependant, depuis Louis XV, une grande partie de l’aristocratie, fréquentant certains membres de la nouvelle bourgeoisie, vivait en toute indépendance du roi. Celle-ci profitait à Paris de divers châteaux, hôtels ou salons particuliers. La jeunesse fortunée, avide de plaisir, rejetait les règles du protocole et les coutumes liées à la Cour.

C’est dans un contexte de désinvolture et d’impertinence que la reine Marie-Antoinette se soustrayait à chaque occasion aux règles du protocole. Elle n’en faisait qu’à sa tête, en dépensant fortune pour ses bijoux, toilettes et coiffures extravagantes. Elle s’était mise à dos Mesdames, les filles de Louis XV et une grande partie des courtisans vivant à Versailles. Elle avait pris l’habitude de s’entourer d’une foule de petits marquis et de favorites évaporées, comme la princesse de Lamballe ou sa chère Polignac.

Des écrits orduriers et pornographiques qui décrivaient la reine comme une catin, lubrique, nymphomane, lesbienne perverse sanguinaire, mariée à un « gros cochon », sont diffusés dans tout Paris. Pendant que la reine passait son temps en frivolités, le roi Louis XVI négligeait la vie publique et ses obligations de souverain, préférant ses petits soupers et ses chasses.

L’affaire du collier de la reine, dans laquelle la reine Marie-Antoinette n’avait à se reprocher que sa légèreté et son imprudence, a déversé un flot de boue supplémentaire. Cette affaire mettait en scène le cardinal de Rohan, évêque de Strasbourg, et la reine Marie-Antoinette. Celui-ci, débauché et amoureux de la reine, s’est fait piéger par un couple d’escrocs introduits à la Cour à Versailles. Il acheta un collier de 2 800 carats, afin de l’offrir « discrètement » à la reine, pour attirer son attention et ses faveurs.

La reine ne verra, assurément, jamais ce collier, qui est resté entre les mains des escrocs. Ce collier, au départ, avait été conçu par les bijoutiers Charles-Auguste Boehmer et Paul Bassenge, pour Louis XV, qui souhaitait l’offrir à sa dernière maîtresse, Madame du Barry. Malheureusement pour les bijoutiers, Louis XV est mort avant l’achat de ce collier et les escrocs en question, informés de son existence, ont monté un scénario pour piéger le cardinal et la reine.

 

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La suite dans le chapitre « vers la Révolution » …