La Révolution de 1848

1. La fin de la monarchie de « Juillet »

Les « banquets » étaient les seuls lieux autorisés de réunion du public. Ils étaient le cœur de la campagne des oppositions, en vue de modifier le mode de scrutin, et se multipliaient dans toute la France. On n’en compta pas moins de 70 en moins de trois mois, soit depuis novembre 1847.

Ces banquets organisés par les bourgeois des partis de gauche drainaient des milliers de sympathisants. La presse relayait chacun d’eux et justifiait les différentes exigences.

Mal conseillé par ses ministres Tiers et Guizot, farouches adversaires de l’évolution du droit de vote, Louis-Philippe 1er refusait obstinément de tenir compte des nouvelles aspirations démocratiques et plus particulièrement celles concernant la mise en œuvre du suffrage universel.

Malheureusement, avec son âge avancé de 74 ans, Louis-Philippe 1er résistait à toute modification et ne cherchait pas à comprendre l’évolution de l’opinion depuis sa nomination en tant que roi des Français, en 1830. Il se raidit plus encore, en balayant d’un revers de main toute discussion à ce sujet.

Il avait oublié qu’il avait été « désigné » roi des Français et qu’il n’était pas roi de droit divin.

Le 22 février 1848, une manifestation interdite se déroula pourtant à Paris, entre la Madeleine et le Palais-Bourbon, siège de la Chambre des députés. De violents heurts éclatèrent et se poursuivirent jusqu’au lendemain. Une partie de la Garde nationale fraternisa avec les émeutiers. Hélas, la troupe, présente aussi sur les lieux, ouvrit le feu et fit plus de cinquante victimes.

Ces dernières seront placées sur des charrettes et promenées dans toute la capitale par les émeutiers, pour provoquer l’opinion des Parisiens. Comme en juillet 1830, les Parisiens « rejouaient » la Révolution des barricades pour provoquer une réaction.

Le gouvernement Guizot ne résista pas. Celui-ci remit sa démission de président du Conseil et Louis-Philippe 1er proposa le poste au comte Mathieu Molé qui le refusa. Louis-Philippe 1er le proposa aussi en vain à Thiers qui avait rejoint l’opposition.

Dans Paris, on rejouait la Révolution des barricades de juillet 1830. Le 24 février 1848, des centaines de barricades seront levées dans tous les quartiers, obligeant Louis-Philippe 1er à dissoudre l’Assemblée.

Ce dernier, hué par la Garde nationale du château des Tuileries, démoralisé et abandonné par les mêmes qui l’avaient porté au pouvoir, finit par abdiquer en faveur de son petit-fils, le comte de Paris.

Habillé en « bourgeois » il prit, comme Charles X avant lui, le chemin de l’exil. Il se réfugia à Dreux avant de quitter la France, pour l’Angleterre, où il décédera le 26 août 1850.

 

2. La Révolution de février 1848

Informés de l’abdication et du départ de Louis-Philippe 1er pour l’étranger, les émeutiers parisiens, échaudés par la récupération de leur révolte en juillet 1830 par les bourgeois, vont cette fois, directement saccager les demeures royales des Tuileries et du Palais-Royal.

Cette nouvelle Révolution, « favorisée » par l’existence du « mur des Fermiers généraux » (une des plus grandes enceintes de Paris), se déroulera uniquement à Paris, du 22 au 25 février 1848.

Entre les murailles de Paris, la vie était particulièrement difficile, souvent misérable et marquant une différenciation très nette entre les classes « privilégiées » et le bas-peuple ouvrier ou commerçant.

Début 1848, la crise financière et morale, ajoutée aux nombreux scandales politiques, produisait régulièrement des incidents à Paris, plus souvent qu’en province. Les barricades étaient plus facilement élevées dans les rues étroites de la capitale.

Cette révolte, essentiellement localisée à Paris, avait pour origine moins la haine du gouvernement que du roi lui-même et ses « bourgeois » du « château ». Ces derniers avaient détourné la révolte parisienne des barricades en juillet 1830, uniquement pour leur profit.

Ils étaient aussi et surtout coupables de la prolifération de la misère, qui s’est généralisée dans tout le pays. La pauvreté et la misère seront le revers de la médaille « industrialisation » que n’ont pas voulu voir ces « bourgeois » dirigeants. Voilà une « image » de la France qui sera aussi, sans nul doute, reconnue par les contemporains du 21e siècle.

Le « feu aux poudres » sera déclenché par le préfet de Paris qui interdira un banquet prévu pour le 19 février 1848. Les émeutiers alarmés et nettement influencés par la presse, notamment « Le National », le journal d’Adolphe Tiers, vont préparer les premières barricades Place de la Concorde.

 

3. Déclaration de la IIe République

Comme en 1830, deux « gouvernements » provisoires vont s’improviser, l’un à l’Hôtel de ville de Paris et l’autre au Palais-Bourbon. Ces deux gouvernements provisoires vont fusionner et choisir leurs meneurs.

En l’occurrence, ce fut derrière les 11 ex-députés, ministres et bourgeois, Alphonse de Lamartine (ministre des Affaires étrangères), Ledru-Rollin (ministre de l’Intérieur), Dupont de l’Eure (président du Conseil), Louis Blanc (membre du gouvernement provisoire et créateur des ateliers nationaux), François Arago (ministre de la Marine et des colonies), Louis-Antoine Garnier-Pagès (ministre des Finances), Adolphe Crémieux (ministre de la Justice), Pierre Marie de Saint-Georges (membre du gouvernement provisoire), Armand Marrast (membre du gouvernement provisoire), Ferdinand Flocon (membre du gouvernement provisoire) et l’ouvrier Alexandre-Albert Martin.

Ce nouveau gouvernement, entièrement composé de Parisiens, comme pour Charles X, ne tiendra aucun compte du souhait de Louis-Philippe 1er, concernant le comte de Paris.

Le 24 février 1848, la IIe République est proclamée par Alphonse de Lamartine.

Ce dernier a réussi à imposer de conserver le drapeau tricolore face au drapeau rouge, que souhaitaient imposer les émeutiers parisiens. Un gouvernement est mis en place dans la soirée du 24 février.

Cette nouvelle Révolution, encore une fois uniquement parisienne, aura coûté peu de vie et sera suivie par les « Journées de Juin 1848 » qui seront réprimées dans le sang.

Pendant ces « Journées de Juin 1848 » au cours desquelles de nombreux ouvriers parisiens vont se révolter contre la fermeture des ateliers nationaux. Ces ateliers, qui n’avaient apporté aucun travail véritable aux différents « chômeurs » du moment, devenaient en fait des foyers d’insurrection permanente.

 

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