1830-1848…Contexte
1. La nomination de Louis-Philippe 1er
Après l’annonce aux députés de l’abdication de Charles X, le duc d’Orléans, nommé deux jours juste avant Lieutenant général du royaume, représentait officiellement une forme de « régence » en l’absence du roi.
La nomination en tant que Louis-Philippe 1er roi des Français est sujette à de nombreuses tractations entre les « royalistes » modérés, les « ultras » plutôt légitimistes, les « doctrinaires », les bourgeois et les révolutionnaires des deux Chambres (des pairs et celle des députés).
Louis-Philippe 1er, n’ayant pas de légitimité de droit « divin » comme Charles X et tous les rois capétiens, ni de légitimité par « plébiscite » comme Bonaparte, est donc finalement désigné roi des Français, par un ensemble de « citoyens actifs » privilégiés, soit quelques centaines de personnes dont une majorité bourgeoise de Parisiens.
Au-delà des détails futiles, peu clairs pour le contemporain du 21e siècle, on retiendra que suite à un compromis global un peu « bancal », le duc d’Orléans, Lieutenant général du royaume, sera intronisé roi des Français, le 9 août 1830, au Palais Bourbon de Paris (siège de l’Assemblée nationale), à l’âge de 57 ans.
2. La monarchie de juillet
Cette période, « tremblante » dès le départ, puisque naît à partir d’une émeute sur quelques barricades parisiennes et « travestie » habilement en Révolution par les libéraux parisiens, mécontentera continuellement la très grande majorité du peuple. Les bourgeois libéraux et fortunés seront les seuls bénéficiaires de la situation.
Les seuls bénéficiaires et les seuls à décider de toutes les actions dans le pays grâce au suffrage censitaire, renforcé par la légère adaptation de la Charte de juin 1814. Les bourgeois libéraux vont faire naître « l’entre-soi » permanent, leur permettant de conserver le pouvoir et ainsi diriger le pays, tout en s’enrichissant sans scrupules, pendant les deux siècles suivants.
Comme l’a si bien décrit, Charles Comte de Rémusat (1797–1875), dans ses mémoires, « l’entre-soi » qu’il avait lui-même bien connu au plus haut niveau de l’État, les « bourgeois » concernés, l’appelaient « la société » ou le « monde », « comme s’il n’y en avait pas d’autre ». Seul leur « monde » importait, les autres n’existaient pas ou ne comptaient pas.
Cette attitude des « élites » ou « sachant » perdurera jusqu’au 21e siècle. Les contemporains y reconnaîtront la cause de nombreux conflits, entre le « peuple » et les « élites » déconnectées de la réalité.
Selon Jacques Bainville (1879–1936), grand historien de référence du Roman national, dans son ouvrage de 1924 « L’Histoire de France », en 1830 : « La France était en grande majorité rurale. Il semblait impossible aux libéraux de conduire une politique neuve, hardie, généreuse avec ce peuple de terriens, nécessairement attachés à leurs intérêts matériels, bornés à l’horizon de leur village. Pour comprendre et pour aimer le progrès, pour pratiquer le régime de discussion, il fallait des hommes affranchis des préoccupations vulgaires de la vie, inaccessibles aux considérations mesquines comme aux influences que subissent les ignorants et les besogneux. On ne vote selon des principes que si l’on est indépendant. Et d’où vient l’indépendance, sinon de la fortune ? « .
De mon point de vue, cette question reste ouverte : même fortunés, les bourgeois sont-ils vraiment indépendants, sont-ils véritablement libres de leur choix et de leur vote ? J’en doute pour beaucoup d’entre eux et assurément non pour les autres.
Le déroulé des événements qui vont suivre 1830 et jusqu’à la Révolution de 1848 va démontrer combien la finance et le pouvoir auront une très grande influence, souvent néfaste, pour ces bourgeois impliqués, les rendant tellement peu « indépendants ».
La « monarchie de juillet » sera conservatrice et pacifique. Elle donnera satisfaction à tous ceux qui souhaitent la tranquillité face aux quelques républicains ou bonapartistes bouillonnant de révoltes et de guerres. Cette politique conviendra à la plus grande partie du peuple, las des guerres et évidemment aux bourgeois pour des raisons financières évidentes.
Pourtant, cette « monarchie de juillet » s’obstina à ne pas modifier le mode de scrutin vers le suffrage universel ; bien au contraire, elle réduisit drastiquement le corps électoral, frustrant une large partie de la classe moyenne.
La notion d’égalité, symbole fort depuis la Révolution de 1789, qui puisait sa source dans la première Constitution, irritait de plus en plus les « électeurs potentiels » mais non « autorisés » de la classe moyenne, parce que pas suffisamment fortunés.
Le règne de Louis-Philippe 1er ne sera pas vraiment « calme » mais parcouru de révoltes, dans toute la France, généralement réprimées avec une grande violence par la troupe, aux ordres de ministres bourgeois. Parmi lesquels, les plus influents, tels Adolphe Thiers ou Casimir Perier, président du Conseil et fils d’un fondateur de la Banque de France.
Ces répressions firent parfois de nombreuses victimes dans les rangs du peuple en révolte. Il est vrai que la douleur de ce peuple besogneux aura peu d’importance, pour ces bourgeois.
Les différents gouvernements, durant le règne de Louis-Philippe 1er, seront continuellement en opposition extrême et se succéderont souvent et rapidement, donnant un pays ingouvernable. Les protagonistes, essentiellement issus de la haute bourgeoisie, ne partageaient pas du tout les mêmes idées.
Qu’ils furent royalistes « légitimistes », royalistes « orléanistes », « bonapartistes », « républicains modérés » ou « républicains de gauche », ils se « disputaient » le pouvoir pour eux, jamais au profit du peuple, ni même de la classe moyenne.
Le règne de Louis-Philippe 1er, dans le cas de sa politique « extérieure » permettra la naissance d’une Belgique indépendante, du fait des accords internationaux de non-extension, des principales cours européennes, dont la France.
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