L’Assemblée à Versailles

1. Contexte

La scission entre les bourgeois républicains parisiens et le nouveau gouvernement de la IIIe République, élu à la suite des élections législatives de février 1871, fut de plus en plus prononcée et attisée de part et d’autre.

À Paris, le bas peuple et les classes ouvrières, qui souffraient terriblement du siège prussien depuis près de cinq mois, attendaient avec impatience un déroulement positif à cette situation intolérable.

Par contre, ce n’était pas le cas des bourgeois républicains et de la gauche « radicale » vivement encouragés par les médias locaux. Ceux-ci étaient évidemment contre les Prussiens, mais aussi et surtout opposés aux représentants du nouveau gouvernement, dirigé par Adolphe Thiers.

Imbus de leur pouvoir jacobin, depuis la Révolution de 1789, ces Parisiens refusaient le traité préliminaire de paix, signé le 28 janvier 1871, et maintenaient leur désir, utopique, de poursuivre la guerre. Dans un profond déni de réalité, ils rejetaient en fait le résultat de ce conflit avec les Prussiens, mais aussi que la décision de l’armistice ne soit pas issue de leurs rangs.

Adolphe Thiers, élu chef du nouveau gouvernement provisoire en février 1871, fit transférer le siège du gouvernement à Versailles pour des raisons de sécurité évidentes. Sa participation active, lors des Trois glorieuses de juillet 1830, permettant l’instauration de Louis-Philippe 1ᵉʳ, l’incita à éviter une nouvelle Révolution à l’intérieur des murs de Paris.

Pour les émeutiers parisiens, l’installation du gouvernement de la IIIe République au château de Versailles fut perçue comme une insulte à la République et une défiance vis-à-vis de Paris. Pour eux, Paris était le lieu privilégié de toutes les décisions au profit du pays et devait le rester.

La nouvelle Assemblée nationale, constituante, vota, le 6 mars 1871, la suppression de la solde des gardes nationaux et le paiement immédiat des loyers échus pendant le siège des Prussiens. L’objectif de l’Assemblée était de démobiliser les gardes nationaux, plus particulièrement dans la capitale.

Évidemment, cette mesure allait être très mal perçue par certains gardes nationaux pour qui, cette solde était leur seul revenu. La majorité des gardes nationaux, dans les villes concernées, étaient issus de la bourgeoisie locale.

Les villes en France, pourvues d’une Garde nationale depuis la Révolution de 1789, étaient, depuis le 15 mars 1871, sur le point de faire sécession avec le nouveau gouvernement. Pour Thiers, il fallait réduire à néant et au plus vite leur révolte, car la Garde nationale possédait des armes et des canons.

Adolphe Thiers souhaitait trouver une solution rapide et convaincante aux yeux de Bismarck pour rétablir la paix en France.

Il envoya à Paris, le 18 mars 1871, une troupe régulière volontairement très modeste de 4.000 hommes. Ceux-ci, commandés par le général Claude-Martin Lecomte, avaient pour mission de récupérer les 227 canons de la Garde nationale, installés sur la butte Montmartre. L’objectif de Thiers était d’affaiblir la résistance armée des Parisiens et plus précisément de la Garde nationale.

L’ensemble de ces mesures vis-à-vis de la Garde nationale et plus particulièrement la récupération des canons mirent le « feu aux poudres » et déclenchèrent la révolte des Parisiens. Cette révolte est connue sous le nom de la « Commune ».

 

 

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